Flash Infos:

Interview / Pénurie cyclique de l’essence, le DG Sonacop, M. Irenée Agossa s’explique… «Le principe, c’est la maîtrise du flux de l’informel »


1 420 Vues

La semaine écoulée, les Béninois (vivant dans la zone méridionale du pays) ont été confrontés à la pénurie de l’essence de la contrebande appelés Kpayo. Du coup, les stations services qui jadis, sont désertes ont connu une affluence de la clientèle de l’informel. Conséquence : de longues files d’attentes s’observaient au niveau de toutes les stations-services. Une situation qui n’a duré fort heureusement durant 24 heures après l’intervention du Chef de l’Etat, Boni Yayi. Reçu ce dimanche sur le journal télévisé de 20 heures de la chaine nationale (ORTB), le Directeur général de la Sonacop, Irénée Agossa expose à travers un entretien, les dispositions prises pour juguler cette crise cyclique et les nouvelles réformes au niveau de son entreprise.

Notre pays a connu cette pénurie d’essence, la plupart de vos stations n’ont pas été épargnées. Une situation cyclique que nous connaissons : dites-nous comment situez-vous cette responsabilité?

Ph/DR-: M. Irénée Agossa, DG SONACOP : «… la crédibilité de la société a commencé par avoir un effet sur les types de financement qui l’accompagnent »

Ph/DR-: M. Irénée Agossa, DG SONACOP : «… la crédibilité de la société a commencé par avoir un effet sur les types de financement qui l’accompagnent »

Irenée Agossa : Il faut préciser que la crise n’est pas issue du secteur formel. Si vous suivez, depuis six (06) mois, le coût du pétrole, de l’essence et du gas-oil, précisément à la pompe au Bénin a chuté. Parce que ce prix est fixé par rapport au coût du baril et du dollar à l’international. Le coût du baril continue de chuter à l’international ; donc nous n’avons pas eu de problème sur le plan formel.

Concernant le coût du pétrole ou de l’essence au Bénin, c’est dû au fait qu’il y a eu augmentation du prix de l’informel c’est-à-dire de l’essence que nous appelons « Kpayo » dans notre pays (Ndlr : Essence vendue aux abords des voies). Ceux qui en fait sont  habitués à s’approvisionner de l’autre côté se sont rués sur nos stations pour pouvoir s’approvisionner. Vous comprenez qu’aucune planification n’a été faite pour satisfaire l’informel sur nos stations. Du coup, le premier jour, il y a eu des queues sur les stations et nous avons pris des dispositions dans les jours suivants, c’est-à-dire en moins de 48heures, nous avons réglé le problème en approvisionnant toutes les stations sur toute l’étendue du territoire national. Il faut préciser que c’est dans la zone méridionale que le problème s’est posé.

Attendez-vous d’abord cette situation au niveau de votre entreprise pour approvisionner vos stations-services ?

Nous approvisionnons nos stations sur la base des commandes qui sont effectuées et ces commandes sont effectuées sur la base des demandes. Si le prix du formel augmente tout le monde va à l’informel donc les demandes sont faibles ; ce qui veut dire que les commandes que nous avons sont à la taille des stations. Nous n’attendons pas la crise mis nous sommes obligés de suivre l’informel.

Par ailleurs, on ne peut pas se planifier par rapport à l’informel. Je ne peux pas m’approvisionner en disant que quand est-ce que l’informel aura une crise. Vous savez que l’essence est un produit qui se volatilise très vite et que j’enregistre au niveau des tanks des pertes d’exploitation énormes. C’est un produit à gérer avec beaucoup de tact. Donc nous ne  pouvons pas nous approvisionner en attendant une crise au sein de l’informel.

Toutefois, nous faisons des provisions pour que dès que la crise intervient, nous soyons en mesure en 24 ou 48 heures au plus tard, le temps d’attendre les commandes pour répondre à la demande et approvisionner toute l’étendue du territoire national. Vous constatez donc aujourd’hui que malgré l’informel qui soit à 550 F par endroit, les stations officielles sont là et les queues sont interrompues. Désormais les Béninois peuvent se servir en toute liberté aux lieux de nos stations.

En tant que D G de la Sonacop, quel type de réforme faut-il alors faire pour gérer cette crise sur le plan national ?

Il faut faire des propositions tout à fait claires : maîtriser  le flux de l’informel. Le principe, c’est la maîtrise du flux de l’informel et il y a plusieurs méthodes pour maîtriser le flux de l’informel. Nous l’avons proposé d’ailleurs à travers un document que nous avons mis à  disposition du gouvernement intitulé : la maîtrise du flux de l’informel. L’informel passe par un réseau pour atteindre notre territoire national, ça veut dire que nous pouvons gérer ce flux. Mais ce que cela répond à la demande sur le terrain, peut impacter bien sûr l’aspect officiel. Progressivement nous allons pouvoir étendre ceci sur le domaine informel et les amener vers le formel. On ne va pas l’interdire par la force, ça aucun gouvernement ne le fera ; mais il y a des méthodes commerciales qui vont permettre de maîtriser le flux de l’informel.

Cette méthode existe et c’est connu de tous. Il suffit seulement que nous la mettions en œuvre : le démarrage a commencé. Ce qui fait qu’une structure comme la Sonacop qui détient des dépôts soit capable de mettre au point un système de stockage adéquat ; un système d’approvisionnement adéquat et un système de distribution adéquat. Tout cela est déjà fait ! Maintenant il faut absolument aménager notre système commercial de vente ; d’où  la réforme importante de sécurisation de nos tickets-valeurs. C’est une suite de réformes que nous sommes en train de mettre en place pour aboutir à ce que nous appelons la maîtrise du flux de l’informel.

Que peut-on faire aujourd’hui sur le début d’application des mesures que vous êtes censé prendre après l’intervention du Chef de l’Etat ?

Le Chef de l’Etat nous a donné 48 heures pour qu’il n’y ait plus de queue au niveau des stations. Nous avons mis 24 heures pour le faire. Le chef d’Etat a mis en place une structure pour  suivre ces instructions. Il n’y a plus de queue ; donc cet objectif a été atteint.  Le Chef de l’Etat a donné des instructions entre nous et la Douane pour que nous puissions coordonner nos actions afin qu’il n’y ait plus de blocage des camions de la Sonacop par endroit ; ce qui est fait. Le Chef de l’Etat a demandé des facilitations au niveau de la banque pour que nous ayons une facilité des lignes de crédits ; ce qui est fait par la banque.

Donc des dispositions ont été prises et suivies au niveau de chaque structure et nous pensons qu’il n’y a pas de problème. D’autant plus que nous sommes à moins de 150 m3 par semaine quand il n’y a pas la crise. Mais aujourd’hui nous nous trouvons au-delà de 2000 m3 par semaine pour pouvoir tenir dans la crise seulement dans la zone méridionale. Les instructions du Chef de l’Etat ont été suivies et vous avez les effets directement sur le terrain.

Vous aviez hérité d’une entreprise à la gestion calamiteuse ; alors si vous devez faire un bilan à mi-parcours sur cette société, se porte-t-elle mieux aujourd’hui qu’avant?

Elle se porte mieux aujourd’hui d’autant plus que nous avons de nouvelles lignes de crédits avec de nouvelles institutions financières. Nous avons une garantie d’Etat qui va accompagner ces lignes de crédits. Nous avons des banques extérieures qui nous apportent d’autres lignes de crédits à hauteur de plusieurs milliards. Ça veut dire que la crédibilité de la société a commencé par avoir un effet sur les types de financement qui l’accompagnent.

Nous sommes aujourd’hui en phase de réformes qui évidemment permettent de fidéliser nos clients. Aujourd’hui, il est clair qu’avec les nouveaux tickets-valeurs, nous sommes en train de finir avec la rupture. Les ruptures cycliques qui interviennent au niveau de nos stations permettent à ce que l’individu qui a le ticket-valeur puisse avoir un produit au niveau de nos stations.

Nous sommes en train de discuter fermement avec la banque pour que nous puissions avoir ces lignes de crédits qui nous permettent de payer progressivement ces tickets-valeurs que nous avons enregistrés à partir du 1er Mai. Nous allons lancer ce mois, les enregistrements des consommateurs  finaux, c’est-à-dire après les clients, ceux qui détiennent des tickets en vrac,  leur donner un mois pour qu’ils viennent s’enregistrer. Nous allons commencer par un pourcentage, régler les institutions et les régler progressivement. Puisque nous ne pouvons pas rembourser les tickets si nous n’avons pas de marge sur nos ventes.

Donc c’est un taux de marge qui nous permet avec la banque d’avoir un crédit pour payer progressivement nos dettes. Avant, nous attendons les élections qui sont terminées, donc nous pensons qu’aujourd’hui la priorité serait de lancer l’administration et nous aurons de fortes commandes. Dès le mois prochain, nous allons commencer par attribuer à chaque institution ce pourcentage de remboursement. (Propos transcrits : Aline ASSANKPON)


Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*

Revenir en haut de la page