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Rapport 2015 sur les Pays les moins avancés (PMA) publié par la CNUCED : Une feuille de route pour transformer l’économie rurale et éliminer la pauvreté


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Intitulé « Transformer l’économie rurale », le rapport 2015 sur les Pays les moins avancés (PMA) vient d’être publié sur le plan mondial, par la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) en partenariat avec le PNUD, ce Mercredi 25 Novembre 2015. C’était dans les locaux de l’institution à Cotonou.

Ph/DR: M. Janvier Alofa, Economiste national au Pnud-Bénin

Ph/DR: M. Janvier Alofa, Economiste national au Pnud-Bénin

Publié périodiquement, ce rapport sur les Pays les moins avancés (PMA) constitue une base de données et d’analyses fiables sur le développement social et économique des pays les plus pauvres au monde. Les progrès réalisés par certains pays et des messages clés à l’endroit de ceux qui peinent à sortir de la liste noire des pays pauvres. Actuellement, ils sont au total 48 PMA sur le plan mondial, 34 en Afrique dont le Bénin, 09 en Asie, 01 en Haïti et 04 au Pacifique.

En effet, le rapport 2015 préparé par la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) sur les PMA est articulé autour de cinq (05) points. Le premier point sert d’introduction et justifie le choix de la thématique majeur de ce rapport : « Transformer l’économie rurale ». Un clin d’œil sur la transformation structurelle plus axée sur le milieu rural. En abordant les contraintes mises en exergue par les analyses, le rapport met l’accent sur trois facteurs principaux : la productivité agricole, la diversification de l’économie et l’égalité entre genre. En cinquième lieu, le rapport élabore entre les différentes politiques, les options qui s’offrent aux PMA pour essayer donc de transformer l’économie rurale, en vue d’avoir un meilleur impact sur la pauvreté.

Un recentrage sur le développement rural

Les éléments qui fondent la thématique retenue pour 2015 sont étroitement liés au contexte des Objectifs de développement durable (ODD), nouvel agenda qui sera mis en œuvre à partir de 2016. Le rapport rappelle que, lorsqu’on prend les PMA, il est avéré que près de 70% de leur population vivent et travaillent dans les zones rurales et les perspectives montrent que cette population va accroître les années à venir d’où un défi important à relever.

Selon M. Janvier Alofa, l’Economiste national au Pnud, au regard de cette croissance démographique rurale qui cohabite avec la question de l’urbanisation, il est avéré que dans les PMA, la main d’œuvre va augmenter parallèlement au phénomène d’urbanisation. «Parce qu’à priori, on pourrait croire que, comme les gens émigrent vers les zones urbaines, que la main d’œuvre devrait baisser ; mais les perspectives indiquent le contraire. Ce qui appelle que des mesures soient prises pour créer plus d’emplois afin de répondre à cette saignée » analyse-t-il.

Ph/DR-: « Plus des deux tiers de la population des PMA vivent dans des zones rurales où la pauvreté est deux fois plus répandue que dans les villes ».

Ph/DR-: « Plus des deux tiers de la population des PMA vivent dans des zones rurales où la pauvreté est deux fois plus répandue que dans les villes ».

Quelques priorités…..

Un autre défi majeur que souligne le rapport est que la pauvreté reste un phénomène beaucoup plus rural dans les Pma, en moyenne deux fois plus élevé que dans les zones urbaines ;  ce qui appelle à une conscience collective. La question de pauvreté en termes de revenu selon les différents paliers de consommation et d’autres indicateurs sociaux confirme la situation difficile en milieux ruraux dans les Pma.

Et démarches à suivre

Selon la Cnuced, pour atteindre l’objectif d’élimination de la pauvreté, il faudra que le « plancher mondial de consommation » c’est-à-dire le revenu estimé à chaque membre des ménages les plus pauvres au monde, qui stagne depuis 20 à 30 ans, soit multiplié par deux en seulement 15 ans. Des améliorations encore plus importantes sont nécessaires dans les zones rurales si l’on veut lever les obstacles à la réalisation des autres ODD, tels que l’accès universel à l’eau, à l’assainissement, à l’électricité et à l’éducation.

« Lorsque le rapport analyse les indicateurs liés aux ODD, par exemple l’accès à l’eau potable et l’accès à l’électricité ; on remarque que la proportion d’individus n’ayant pas accès à l’eau et l’électricité reste encore plus élevé. Lorsqu’on prend la base de 1,25 dollar ou d’un dollar par jour, on se rend compte que le chemin à parcourir d’ici à 2030 est très long, semé d’embuches et les défis restent importants » analyse l’Economiste national.

A cet, le rapport propose quelques approches de solutions ; notamment : Opérer un saut quantitatif en matière d’investissements dans les infrastructures ; multiplier par plus de deux, le taux d’accès à l’eau, par quatre le taux d’accès à l’électricité et par six le taux d’accès à l’assainissement.

La remarque est que, ce processus peine à prendre véritablement corps au vu des politiques actuelles de certains PMA. Le rapporte schématise la démarche à suivre  en ces termes : « Il importe de séquencer les investissements d’infrastructures et les interventions afin que les producteurs puissent s’adapter à l’évolution des conditions de marché. Au cours de la première phase, il s’agit d’élargir le potentiel d’offre en couplant les investissements d’infrastructure qui ont principalement un impact sur la productivité (électrification, par exemple), avec des mesures qui améliorent la réactivité de l’offre. Cette phase préparera les producteurs à la deuxième phase, qui vise à accroître la demande et la productivité, via des investissements d’infrastructures à fore intensité de main-d’œuvre. Parallèlement à un soutien à l’amélioration de l’agriculture et au développement d’entreprises non agricoles dynamiques, cette deuxième phase prépare le terrain pour la troisième phase qui est l’ouverture, qui consiste entre autres à renforcer les liaisons de transport entre les zones rurales et zones urbaines. Les producteurs pourront ainsi faire face à l’intensification de la concurrence qui en résultat et ils auront accès à des marchés plus vastes » estime le rapport 2015.

Ce n’est qu’à ce prix et à ce prix seulement que la pauvreté pourra être éliminée ; en offrant bien sûr à tous, des opportunités d’emplois et des opportunités économiques. Ce qui porterait la productivité à un niveau suffisant pour générer un niveau de revenu supérieur au seuil de pauvreté. Ce qui implique également d’opérer une  réelle « transformation structurelle axée sur la lutte contre la pauvreté.

Un clin d’œil aux partenaires au développement

Le rapport exhorte les donateurs à honorer leurs engagements sur la qualité et le volume de l’aide. Il propose de porter l’aide aux Pma à un niveau reflétant les besoins de ces pays pour la réalisation des ODD, à savoir 0,35 % du revenu national brut des donateurs. Si les donateurs acceptent d’accroître cette aide tout en relevant le total de l’aide publique au développement (APD) à 0,7%  (l’objectif fixé), l’aide aux Pma se chiffrerait à environ 250 milliards de dollars US en 2030, contre 40 milliards de dollars actuellement et l’aide aux autres pays en développement s’étofferait de 150%.

Encadré : Des recommandations et messages forts à l’endroit des dirigeants des PMA

Le rapport 2015 de la CNUCED sur les PMA souligne  qu’il est important de :

  • De renforcer la recherche-développement (R-D) agricole et les services de vulgarisation agricole, et de faire en sorte qu’ils répondent aux besoins des producteurs désavantagés ;
  • De favoriser l’expansion des entreprises dynamiques qui créent des emplois productifs et bien rémunérés, et d’éviter la prolifération de micro-entreprises peu productives ;
  • De veiller à que le financement des investissements productifs soit non seulement disponible mais également d’un coût abordable  et de cherche des alternatives pro-pauvres au microcrédit ;
  • D’améliorer la formation professionnelle des adultes, ainsi que la scolarité des enfants notamment l’éducation financière et les compétences professionnelles et commerciales ;
  • D’estimer l’évolution de la demande sous l’effet du recul de la pauvreté et en tenir compte dans l’élaboration des politiques publiques et des interventions, et communiquer ces informations aux producteurs de façon à accroître la réactivité de l’offre ;
  • De prendre des mesures pour lutter contre les inégalités entre les sexes qui résultent directement des normes sociales, parallèlement à des mesures plus inclusives qui intègrent la question du genre, afin de remédier aux effets de ces inégalités sur la pauvreté ;
  • D’adapter les politiques au contexte local, en prenant en considération les plus fortes disparités entre les zones rurales et les zones proches des villes et de coordonner efficacement les politiques de développement rural au niveau national, et de renforcer les coopératives, les associations de producteurs et les réseaux de femmes en tant qu’agents du changement à l’échelon local.

 

 

Aline ASSANKPON


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