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Banque mondiale / Lancement du Rapport régional « AFRICA’s PULSE » : La croissance de l’Afrique subsaharienne connaîtra un recul en 2015 autour de 4,0%


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Selon les dernières prévisions du rapport régional « Africa’Pulse », du Groupe de la Banque mondiale (BM), publié ce lundi 13 Avril 2015, la croissance de l’Afrique subsaharienne connaîtra un ralentissement de 4,0% en 2015, au lieu de 4,5% enregistrés en 2015. Ce recul s’explique largement par la baisse des cours du pétrole et des autres matières premières. Telles sont les conclusions du dernier rapport d’Africa’s Pulse lancée à travers une visioconférence depuis le siège de la B M à Washington hier.

 

Le rapport souligne le besoin de réformes structurelles dans toute la région afin de relever et maintenir la croissance de la productivité dans l’ensemble des secteurs.

Le rapport souligne le besoin de réformes structurelles dans toute la région afin de relever et maintenir la croissance de la productivité dans l’ensemble des secteurs.

En prélude aux Assemblées et Réunions de Printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale (BM) qui se tiendront à Washington cette semaine, la Banque mondiale Bénin a organisé hier à son siège par visioconférence, un débat autour du rapport régional dénommé « Africa’s Pulse ». Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont pris part à ce débat sur « Les progrès économique enregistré par l’Afrique et les futurs défis du continent » ; notamment : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Mali, la RDC, le Sénégal et le Tchad.

 

L’Afrique subsaharienne va enregistrer une croissance de 4% en 2015 comparée à 4.5% en 2014. Ce ralentissement est en partie dû à la chute des prix du pétrole et d’autres matières premières exportées par le continent. Et c’est la première fois que l’Afrique affiche un taux de croissance annuel en dessous de 4,4% depuis deux décennies, beaucoup moins que la moyenne de 6,4% des années 2001-2006.

Selon les projections en 2015, la croissance se situerait toutefois autour de 4,7% si l’on exclut l’Afrique du Sud. Ces chiffres sont bien loin du pic de croissance de 6,4% enregistré au cours des années 2002 à 2008. « La croissance est toujours au rendez-vous en Afrique subsaharienne malgré de nouveaux défis et des facteurs externes défavorables. Mais ces défis s’accompagnent toutefois d’opportunités nouvelles » rassure cependant Makhtar Diop, Vice-président du Groupe de la B M /Afrique.

 

PH- DR - Makhtar Diop, vice président de la Banque mondiale pour l'Afrique

PH- DR – Makhtar Diop, vice président de la Banque mondiale pour l’Afrique

Pour ce dernier, c’est l’occasion pour l’Afrique de transformer ses matières premières au lieu d’être dépendant de l’exportation de celles-ci : « la fin du super-cycle des matières premières donne en effet au continent l’occasion d’accélérer ses réformes structurelles en faveur d’une croissance susceptible de réduire la pauvreté de manière plus efficace » a déclaré M. Diop.

 

L’Afrique subsaharienne, exportateur net de matières premières

Selon le rapport, les exportations africaines sont toujours dominées par les matières premières. Le pétrole est la matière première la plus commercialisée de la région, suivi de l’or et le gaz naturel. Ces trois produits représentent plus de 90 % de l’ensemble des exportations des huit principaux pays exportateurs de pétrole et 30 % de leur PIB.  La récente baisse des cours du pétrole a dégradé les termes de l’échange de la plupart des pays de la région d’autant qu’elle s’étend à d’autres matières premières.

Africa’s Pulse souligne que les prix des autres matières premières sont désormais davantage liés à ceux du pétrole. Les 36 pays africains dont le Bénin, qui abritent 80 % de la population du continent et représentent 70 % de l’activité économique, verraient ainsi leurs termes de l’échange se dégrader.

Face à cette situation que préconise alors Africa’s Pulse ?

 Du fait de la grande diversité  économique du continent, Africa’s Pulse estime que l’impact de la baisse des cours des matières premières sera toutefois variable selon les pays, même parmi les pays producteurs de pétrole. La diversification des produits d’exportation et la promotion du secteur des services pourraient favoriser une hausse de la croissance.

« Comme nous l’avions prévu, les facteurs favorables à la croissance se sont inversés. C’est dans ce contexte difficile que la région peut et doit démontrer qu’elle a  mûri et qu’elle est capable de poursuivre par ses propres moyens les progrès économiques et sociaux déjà réalisés. Les pays qui doivent entreprendre un ajustement budgétaire ou de leur taux de change doivent avant tout protéger les Africains les plus démunis afin de ne pas effacer les gains réalisés au cours des dernières années » préconise Francisco Ferreira, Economiste en chef  du Groupe de la B M /Afrique.

Le besoin de réformes structurelles

 Au-delà des politiques macroéconomiques, le rapport souligne le besoin de réformes structurelles dans toute la région afin de relever et maintenir la croissance de la productivité dans l’ensemble des secteurs. Ces réformes devraient créer un processus de transformation structurelle de l’Afrique de nature à générer des emplois et une croissance plus inclusive. Tous les secteurs de l’économie bénéficieraient d’une réduction des coûts de transport, d’énergies moins onéreuses et plus fiables ainsi que d’une main d’œuvre plus compétentes et éduquée.

Au Bénin (pays non exportateur du pétrole) n’a que comme produit de rente, le coton qui est important pour l’Afrique. Face à cette chute de la croissance, le Bénin est rassuré parce qu’il figure dans le groupe des pays intermédiaires, moins vulnérables. « Certes, certains pays sont très impliqués par la chute des cours des produits de base où on notera de petites pertes et une diminution qui peut aller jusqu’à 10 % » confie Mme Punam Chuchan–Pole, Economiste principale de la B M/Afrique et Coauteur de cette publication.

Au Nigéria, par exemple si l’économie sera affectée cette année, la croissance devrait repartir en 2016 et au-delà. La diversification de l’économie, en particulier le secteur des services, devrait en effet tirer la croissance.

En revanche, les pays exportateurs du pétrole à l’économie moins diversifiée, comme l’Angola ou la Guinée Equatoriale, devraient souffrir durablement de la faiblesse des cours du pétrole. Plusieurs pays importateurs de pétrole Plusieurs pays importateurs de pétrole tels que la Côte-d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal devraient pour leur part conserver une croissance forte.

Au Ghana, l’inflation toujours élevée et la politique de redressement budgétaire menée par le gouvernement, devraient continuer de peser sur la croissance. En Afrique du Sud, les difficultés du secteur de l’électricité ralentiront encore la croissance.

Encadré-1

Rapport Africa’s Pulse / M. Francisco Ferreira, Economiste en chef de la Région Afrique à la BM/Afrique, l’un des animateurs revient ici sur l’impact sur les Investissements direct étrangers (IDE).

 

Ph/DR- Francisco Ferreira Economiste en Chef à la Banque mondiale

Ph/DR- Francisco Ferreira Economiste en Chef à la Banque mondiale

« Mobiliser les marchés obligataires pour financer les projets d’infrastructures… » 

 Selon lui, les investissements directs étrangers (IDE) ont marqué le pas en 2014 à cause du ralentissement des marchés émergents et de la baisse des cours des matières premières. « Les pays africains ont su cependant mobiliser les marchés obligataires internationaux pour financer leurs projets d’infrastructures : la Côte-d’Ivoire est revenue sur les marchés en février 2015 et l’Ethiopie a réalisé sa première émissions en décembre 2014 » a-t-il cité en exemple. « Si le poids de la dette reste globalement maîtrisé, les ratios de dette publique par rapport au PIB ont augmenté sensiblement ces dernières années dans les pays qui disposent d’un meilleur accès au marché des obligations. Les incertitudes liées aux politiques monétaires au niveau mondiale incitent également à la prudence » analyse M. Ferreira.

 Encadré-2

 Mme Punam Chuchan-Pole, Economiste principale de la B M/Afrique, Coauteur du rapport et animatrice de cette visioconférence souligne ici quelques dispositions politiques à prendre par les pays exportateurs du pétrole.

 

Mme Punam Chuchan-Pole, Economiste principale de la B M/Afrique

Mme Punam Chuchan-Pole, Economiste principale de la B M/Afrique

« De nombreux défis politiques… »

Dans la plupart des pays exportateurs de pétrole, les politiques budgétaires devraient rester restrictives en 2015. Ces pays ont en effet pris des mesures pour limiter leurs dépenses et faire ainsi face à la baisse attendues de leurs recettes. « Si les dépenses d’investissement devraient être principalement affectées par ces mesures d’économies, les dépenses  courantes y compris les subventions pétrolières, devraient également diminuer. Malgré ces efforts d’ajustement, les déficits budgétaires devraient rester élevés, même dans les pays importateurs nets de pétrole ». « Les déficits budgétaires élevés et des dépenses publiques peu performantes constituent une sources de vulnérabilité pour de nombreux pays de la région. Il est urgent que ces pays améliorent leur situation budgétaire et accroissent leur résilience aux chocs externes » a-t-elle souligné.

 


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