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Banque mondiale / Rapport sur les perspectives économiques : Ebola perturbera fortement le commerce, le transport transfrontalier et la chaîne d’approvisionnement dans la sous-région


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Le rapport semestriel de la Banque Mondiale, intitulé Africa’s Pulse, sur les perspectives économiques de l’Afrique  table sur une augmentation de la croissance économique en Afrique subsaharienne, de 4,6% en 2014 à 5,2% en 2015-16 ; sauf que cette progression ne suffira pas à assurer le développement inclusif tant recherché par de nombreux pays de ce continent. La croissance du continent est principalement tirée par les investissements publics dans les infrastructures, la hausse de la production agricole et le dynamisme du secteur des services. L’épidémie d’Ebola pourrait avoir des répercussions économiques sur les pays touchées ;  et si elle n’est pas contenue, elle présenterait des risques de contagion économique dans la région.

 

Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale

Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale

Malgré une économie mondiale plus faible que prévu et un certain nombre de grands pays affichant des performances mitigées, les perspectives de croissance en Afrique restent positives. La croissance du PIB régional devrait atteindre 5,2% en 2015-16 et  5,3% en 2017. Telles sont les projections d’Africa’s Pulse, une publication semestrielle de la Banque mondiale, qui analyse les tendances économiques et les dernières données du continent.

Cette étude montre que la croissance régionale est stimulée par le haut niveau d’investissement public dans les infrastructures, une augmentation de la productivité agricole et un secteur des services dynamique. L’Afrique subsaharienne devrait rester l’une des régions du monde à la croissance la plus rapide

Dans toute la région, des investissements significatifs ont été réalisés dans les infrastructures, en particulier les ports, la production électrique et les réseaux de transport. Beaucoup de pays ont également connu une forte reprise du secteur agricole en 2014, tendance qui devrait se prolonger en 2015. Le développement du secteur des services, surtout les transports, les télécommunications, les services financiers et le tourisme, tire la croissance économique de nombreux pays.

Bien que la région connaisse toujours une croissance supérieure à la plupart des économies dans le monde, elle reste à la traîne pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Par exemple, l’Afrique n’a atteint que 35% de l’objectif visant à réduire de moitié le nombre de personnes vivant sous le seuil de 1,25 dollars de revenu par jour, alors que cet objectif a été atteint au niveau mondial.

Dans un chapitre consacré à la transformation économique de l’Afrique et à la réduction de la pauvreté, le rapport conclut que les économies de la région connaissent des évolutions inattendues. La région s’industrialise peu, passant à côté d’un facteur essentiel de croissance et d’emploi. En outre, les transferts d’emplois vers les secteurs non-traditionnels et à haute productivité ont été limités. Ce modèle de croissance et de transformation économique de l’Afrique a eu un impact plus important sur la réduction de la pauvreté que la croissance de l’industrie. Dans le reste du monde, on constate en revanche une plus forte contribution de l’industrie et des services à la baisse de la pauvreté.

Perspectives

Les investissements et les politiques de promotion de la croissance en zone rurale sont cruciaux pour accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique. Les échanges entre les zones rurales et les villes africaines en pleine expansion génèrent une forte augmentation de la demande intérieure,  et peut aider à élargir à un plus grand nombre les bénéfices de la croissance économique.

Mais concevoir des politiques qui génèrent des revenus plus importants pour les pauvres est un défi, car booster seulement la productivité agricole n’est pas suffisant. Davantage d’investissements en zone rurale et dans les petites villes pour développer l’offre de biens et services publics (dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des réseaux routiers et électriques, et des technologies de l’information et de la communication – TIC) permettront de stimuler la croissance et de transformer les économies rurales.

Enfin, si l’industrie manufacturière ne peut à elle seule constituer une solution, le rapport invite l’Afrique subsaharienne à développer sa base industrielle, en particulier en améliorant le climat des affaires, en diminuant le coût des transports, en fournissant un accès à une énergie fiable et bon marché, et en formant une main d’œuvre plus qualifiée.

Encadré-1 : Principale conclusions du Rapport Africa’s Pulse

Le rapport note que des décennies de croissance ininterrompue transforment les économies africaines. La croissance mondiale a été faible, avec des évolutions divergentes dans les pays à haut revenu, et en deçà du potentiel de croissance à long terme des économies en développement.

: La croissance du continent est tirée par les investissements publics dans les infrastructures, la hausse de la production agricole et le dynamisme du secteur des services. Photo : Jim Yong Kim

: La croissance du continent est tirée par les investissements publics dans les infrastructures, la hausse de la production agricole et le dynamisme du secteur des services.
Photo : Jim Yong Kim

L’Afrique subsaharienne croît à un rythme modéré, reflétant pour partie le ralentissement dans certaines grandes économies de la région. Les investissements publics dans les infrastructures, la reprise dans le secteur agricole, et un secteur des services dynamique sont les principaux moteurs de croissance de la région.

Les prévisions demeurent favorables pour la région, malgré de possibles perturbations. Les risques liés à des marchés financiers mondiaux plus volatiles et à une croissance plus faible dans les pays émergents pourraient peser négativement sur les perspectives économiques de l’Afrique. Dans de nombreux pays de la région, les importants déséquilibres budgétaires constituent une source de vulnérabilité aux chocs exogènes et illustrent le besoin de reconstituer des réserves budgétaires dans ces pays.

Bien que le modèle de croissance de l’Afrique subsaharienne soit passé à côté de l’industrialisation, élargir sa base industrielle, en améliorant  les fondamentaux avec des coûts moins élevés de transport, des sources d’énergie plus fiables et bon marché et une main d’œuvre plus éduquée, profiterait à l’ensemble des secteurs.

Derrière ce tableau global, se cache cependant certaines disparités. Le rapport indique que des problèmes structurels et le manque de confiance des investisseurs ont considérablement ralenti la croissance en Afrique du Sud, deuxième économie du sous-continent. L’économie sud-africaine affichait un timide taux de croissance de 1% au deuxième trimestre 2014 en glissement annuel, son niveau le plus faible depuis la crise financière de 2009.

A contrario, constate le rapport, la croissance est restée soutenue dans beaucoup de pays à faibles revenus tels que la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Mozambique et la Tanzanie. « En Côte d’Ivoire, par exemple, l’importante augmentation de la  production de cacao et de riz a stimulé le secteur agricole et contribué à soutenir la forte croissance économique du pays. L’agriculture et les investissements publics (en particulier dans les infrastructures) continuent de booster l’économie éthiopienne » note-t-on.

Par ailleurs, les taux d’inflation ont progressivement augmenté dans un certain nombre de pays. Le rapport constate un pic d’inflation dans les pays en voie d’émergence qui ont connu aussi une forte dépréciation monétaire, en particulier le Ghana. « Pour quelques pays tels que le Ghana et la Zambie, la situation des finances publiques demeure fragile en raison de l’augmentation des dépenses courantes, tirées par une augmentation des salaires, et dans certains cas, de recettes plus faibles qu’attendues », fait savoir le communiqué.

Africa’s Pulse remet au goût du jour la contradiction entre croissance en Afrique et amélioration des niveaux de vie sur le continent, et attribue cela au fait que la région s’industrialise peu, passant à côté d’un facteur essentiel de croissance et d’emploi. « Cette étude montre que l’extraction de ressources naturelles et le secteur des services soutiennent la croissance africaine. La contribution de la production industrielle et agricole à la croissance baisse, alors même que la plupart des travailleurs et 80% des populations les plus démunies tirent l’essentiel de leurs revenus de l’agriculture vivrière », peut lire dans le document.

Le rapport souligne par conséquent, que « si l’industrie manufacturière n’est pas la panacée, il faut toutefois que l’Afrique développe sa base industrielle. L’ensemble des secteurs tireraient parti de meilleurs fondamentaux : climat des affaires favorable, stabilité macroéconomique, accès à une énergie fiable et bon marché,  transports moins coûteux et  main d’œuvre plus qualifiée ».

Encadré-2 : La propagation de l’épidémie d’Ebola est un des principaux risques internes à la région ouest-africaine.

Le rapport Africa’s Pulse souligne que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest perturbera des secteurs clés de l’activité économique en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, et ralentira la croissance de ces pays en 2014.

Ces répercussions économiques risquent de s’étendre également aux pays voisins. Sans une plus forte mobilisation, la croissance ralentira fortement dans les pays affectés mais perturbera aussi fortement le transport, le commerce transfrontalier et la chaîne d’approvisionnement dans la sous-région.

Puisque déjà on note que l’Afrique subsaharienne reste à la traîne pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Par exemple, l’Afrique n’a atteint que 35% de l’objectif visant à réduire de moitié le nombre de personnes vivant sous le seuil de 1,25 dollars de revenu par jour, alors que cet objectif a été atteint au niveau mondial. En outre, les progrès réalisés pour atteindre les OMD divergent considérablement selon les pays.

La rédaction


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