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ITW / Les Energies renouvelables comme solution au délestage : « Passons sur l’énergie solaire, c’est la solution disponible à nous maintenant. Le soleil ne coûte rien ».


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 Le délestage, les coupures intempestives du courant électrique, font depuis quelques mois, le lot quotidien des Béninois. Il n’y a plus de jours où les consommateurs ne manquent du courant électrique. Une situation qui met l’activité économique au ralentie et crée des désagréments dans tous les secteurs d’activité. Quelles solutions adopter pour pallier à ces morosités récurrentes ? L’utilisation des panneaux solaires, les énergies renouvelables, conseille le Professeur Placide Clédjo, Enseignant à l’UAC, Directeur général Adjoint du Centre Béninoise de la Recherche Scientifique et technique (CBRST) à travers cet entretien.

Ph: DR - Professeur Placide Clédjo, Enseignant à l’UAC, Directeur général Adjoint du Centre Béninoise de la Recherche Scientifique et technique (CBRST)

Ph: DR – Professeur Placide Clédjo, Enseignant à l’UAC, Directeur général Adjoint du Centre Béninoise de la Recherche Scientifique et technique (CBRST)

L’Autre Quotidien : Professeur, selon vous, les énergies renouvelables surtout l’énergie solaire finira par s’imposer aux Béninois pour résoudre les problèmes de coupures  d’électricité et de délestages auxquels ils sont confrontés au quotidien. Pourquoi ce choix ?

Professeur Placide Clédjo : Ce choix, parce qu’il y a une consommation abusive du pétrole (Essence, Gaz-oil, etc) par les activités humaines ; ce qui est à la base de perturbations causées par le changement climatique. Le pétrole étant chargé de Co2 qui est envoyé à travers son utilisation dans l’atmosphère. Aujourd’hui, quel que soient les refus que nous obtenons, on viendra à l’énergie solaire ; parce qu’on aura tellement de contraintes pour le pétrole qu’on sera obligé de nous rabattre sur cela.

Regardez par exemple lorsque la SBEE a des problèmes pour pouvoir donner de l’énergie, elle passe sur les groupes électrogènes et dépense Deux milliards du Gaz-oil par mois. On ne pourra pas supporter cela. Le coût est tellement élevé au niveau des groupes électrogènes qu’il vaut mieux aller vers les centrales solaires désormais.

On ne peut quand-même pas parler de développement sans l’industrie, sans l’utilisation des machines !

Dans les calculs, les scientifiques savent que non seulement le pétrole tire vers sa fin mais ça nous crée trop d’ennuis. C’est pourquoi les recherches sont orientées vers les énergies renouvelables, notamment les panneaux solaires, l’énergie éolienne, la géothermique  et l’énergie de la mer obtenue à partir de la houle. Le pétrole va finir un jour et tout le monde sait. Actuellement des avions solaires fabriqués font le tour du monde. En 2013,  un avion a fait une partie du monde et fera le reste en 2014. De même des motos et des véhicules électriques sont fabriqués pour pallier à ces perturbations climatiques.

L’idéal c’est que nous laissons l’utilisation du pétrole vers les énergies renouvelables pour préserver notre planète.

Vous convenez quand-même que le biocarburant (une énergie renouvelable) obtenu à partir de certains produits agricoles, constitue un danger pour la sécurité alimentaire.

Les biocarburants, c’est une solution mais ce n’est pas l’idéal. Parce que les biocarburants peuvent entraîner la famine. Ce que nous devons utiliser est l’énergie solaire. La contrainte est que l’énergie solaire n’est pas disponible en Europe, mais en Afrique. Nous avons plus de soleil en Afrique. C’est-à-dire la durée d’éclairage du soleil est très importante. Les recherches sont menées plus en Europe qu’en Afrique. Les Européens n’ont pas fait beaucoup de recherches dans l’énergie solaire, c’est à nous Africains de le faire puisqu’il y a régulièrement le soleil chez nous.

Ph: DR - Professeur Placide Clédjo : « Il faut apprendre à cultiver le soleil »

Ph: DR – Professeur Placide Clédjo : « Il faut apprendre à cultiver le soleil »

Les Africains en sont-ils réellement conscients pour s’investir dans ces recherches ?

C’est ce que nous faisons déjà, mais timidement. C’est pourquoi la première phase, c’est d’informer les gens. A l’Université par exemple, l’EPAC doit s’occuper de ça désormais et le Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique (CBRST), l’année dernière, pour notre journée scientifique, nous avons encouragé les jeunes qui ont fabriqué des foyers solaires. Avec les panneaux solaires, vous pouvez préparer désormais, moi je l’ai acheté et je suis en train de l’expérimenter pour voir les performances. Nous devons aller vers l’énergie solaire.

L’installation des panneaux solaires est cependant chère et n’est pas à la portée de tous les Béninois.

Non ! C’est à la portée des Béninois. Nous avons deux possibilités, soit nous utilisons l’énergie solaire ou l’énergie nucléaire. Sinon, normalement, comme le barrage d’Akossombo installé pour la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin ; on va installer exactement, la même chose au Niger pour  réaliser l’énergie nucléaire avec l’uranium pour la sous-région. Le Niger a beaucoup d’uranium mais, c’est accaparé par la France selon des accords qui lient les deux pays et on prétend que les Africains ne peuvent pas utiliser l’énergie nucléaire. On peut bien sûr, l’utiliser. En attendant cela, passons sur l’énergie solaire. C’est la solution disponible à nous maintenant. Le soleil ne coûte rien.

En fait le pétrole que nous utilisons est une poche du soleil : En réalité, c’est le carbone issu du soleil qui a permis à faire la photosynthèse de la végétation, ensevelie sur des milliards d’années, se transforme en pétrole. Donc c’est toujours le soleil que nous allons chercher en profondeur. Alors que nous avons le soleil à portée de mains. C’est pour            quoi les recherches sont orientées maintenant vers les panneaux solaires, les photovoltaïques pour pouvoir exploiter l’énergie directement.

Avec l’option de l’énergie solaire, qu’adviendra-t-il en période pluvieuse ? Disposera-t-on d’assez d’énergies quand on doit passer des jours sans soleil ?

Lorsqu’on veut utiliser le solaire, ce n’est pas lié seulement à la journée, il y a ce qu’on appelle les accumulateurs qui, lorsque le soleil éclaire, emmagasine l’énergie et la nuit, on l’utilise. Les faiblesses que nous avons aujourd’hui se trouvent au niveau des accumulateurs ; si l’accumulateur n’est pas performant, la nuit vous avez des problèmes. Donc nous devons poursuivre nos recherches pour améliorer les accumulateurs pour qu’ils puissent tenir pendant 24 heures ou 72 heures. Ce n’est pas nécessairement le soleil ardent qui fait travailler les panneaux solaires ; avec la lumière du jour, ça travaille.

Combien les installations des panneaux solaires peuvent coûter pour un ménage moyen  alors ?

Ça dépend de la taille du ménage. Pour la foire de l’indépendance en 2013, beaucoup de compatriotes ont exposé des possibilités d’utilisation. Avec 500.000F (Cinq cent milles francs CFA), on peut utiliser 8 ampoules, 1 Réfrigérateur, 02 brasseurs, 01 ordinateur et 02 Télévisions. Dès que vous l’installez, vous l’utilisez pendant 10 à 20 ans. Vous pouvez dépenser 10 millions pour installer le panneau solaire, c’est 10 ou 20 après que vous aurez de problème pour le renouveler. C’est la différence !

Etes-vous sûr qu’avant dix ans, ces installations ne tomberont pas en panne ?

Ça peut tomber en panne, il y a toujours des problèmes au niveau de l’énergie.

Les panneaux vendus actuellement sur nos marchés sont-ils performants ?

Actuellement sur nos marchés, c’est des batteries blindées qui accumulent l’énergie pour être utilisées la nuit. Plus vous avez d’autonomie, plus vous avez la charge. Ça fonctionne comme les onduleurs. Les chercheurs béninois doivent orienter leurs recherches pour perfectionner ces accumulateurs. Le Blanc ne s’occupe pas de ça ; ce n’est pas sa préoccupation. Par exemple, si le Blanc souffrait du paludisme, on allait avoir le vaccin depuis très longtemps. C’est parce que le paludisme est endémique en Afrique. Avec les changements climatiques les moustiques ont changé de latitude, la chaleur a augmenté et les Blancs ont commencé par voir les moustiques chez eux. Ce qui a fait qu’ils ont multiplié les campagnes de sensibilisation et de pulvérisation pour se protéger contre le paludisme. En fait, c’est pour dire qu’ils ne font rien sans intérêt ; les recherches sont orientées pour leurs besoins.

Nous, en tenant compte de nos besoins, nous devons orienter nos recherches pour perfectionner les accumulateurs, les développer davantage pour que nous puissions en bénéficier normalement.

Quels conseils donnez-vous alors aux Béninois qui sont encore réticents par rapport à l’utilisation des panneaux solaires ?

L’énergie solaire finira par s’imposer à nous pour résoudre les problèmes de délestage. Chacun doit œuvrer pour le bien-être de l’humanité. La terre aujourd’hui est une maison commune et l’atmosphère n’est pas confinée à un seul endroit. Dès que vous posez un acte sur la terre, tout le monde ressent. Dès que nous aurons les bonnes habitudes chez nous, d’autres vont en profiter.

Les bonnes habitudes sous-entendent quoi ?

Il s’agit de préserver l’environnement et de ne plus utiliser le pétrole.

A l’étape actuelle, nous ne pouvons plus nous en passer.

On peut bien se passer du pétrole de façon progressive et aller vers l’utilisation des énergies renouvelables et l’énergie solaire. Il faut apprendre à cultiver le soleil.

Propos recueillis par Aline ASSANKPON


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