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Opinions : Leçons de 89


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Les temps que nous vivons font penser au Bénin de la fin des années 80. En ces temps-là, nous étions dans une impasse sociale, économique et politique d’une gravité sans précédent. Le pays était au bord du gouffre. Avec courage et prophétisme, les évêques d’alors ont publié pour le carême 1989 une lettre pastorale intitulée « Convertissez-vous et le Bénin vivra ».

En faisant une lecture rétrospective, nous pouvons dire que si les évêques d’alors n’avaient pas discerné dans le clair-obscur de l’histoire en train de se construire et osé parler au cœur des personnes de bonne volonté, si de leurs différents positions et lieux, beaucoup d’autres acteurs dans le pays n’avaient pas joué le rôle qui était le leur, le Bénin n’aurait pas inventé la solution de la Conférence des forces vives de la Nation pour se frayer le chemin du Renouveau démocratique.

Un acteur majeur dans cet effort des Béninois pour se sortir d’impasse, c’est le président Mathieu Kérékou. Certes, celui qui a présidé aux destinées de ce pays pendant trois décennies, porte devant l’histoire l’une des plus lourdes responsabilités de nos malheurs. Et gare à nous si nous l’oublions. Pourtant, on doit reconnaître sa capacité d’écoute malgré tout. Il savait que « c’est le terrain qui commande » et il ne se voilait pas la face devant la vérité des faits.
Cela est si vrai que, à la publication de « Convertissez-vous et le Bénin vivra », Kérékou n’a pas nié l’évident et rejeté la responsabilité des problèmes sur les autres. Il n’a pas joué à la victime non plus et il ne s’est pas trompé de réponse. Toutes choses qui auraient pu le tenter de façon compréhensible. Bien au contraire ! Intelligence ou ruse, il a accueilli favorablement le message. Il l’a fait éditer aux couleurs du drapeau du PRPB, il a fait distribuer des milliers d’exemplaires. Il a tactiquement saisi la lettre comme une opportunité à exploiter pour se sortir lui-même et son entourage d’impasse. Et on connaît la suite.

Près de 25 ans après, nous allons encore très mal et les évêques actuels, après une longue patience d’écoute, d’observation, de prière et d’actions discrètes, ont adressé un message respectueux, mais vrai à toutes personnes de bonne volonté. Mais cette fois-ci, la grâce de l’écoute tarde à venir. Au fond, n’est-ce pas là le mal dont nous souffrons le plus ?

André S. QUENUM

Ph : DR - Père André S. Quenum: Rédacteur en Chef du Journal, La Croix du Bénin

Ph : DR – Père André S. Quenum: Rédacteur en Chef du Journal, La Croix du Bénin


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