Les centres urbains en plein essor alors que l’urbanisation rapide redéfinit la géographie urbaine de l’Afrique Paris, le 26 juin 2023 – L’Afrique connaît une croissance urbaine considérable et compte désormais 50 % de son territoire urbanisé, selon les dernières conclusions de la révision et de la mise à jour des données d’Africapolis 2023.
Développée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’Organisation de coopération et de développement économiques (CSAO/OCDE), Africapolis est la source d’information la plus complète sur les villes et l’urbanisation en Afrique. Les nouvelles données montrent l’importante croissance des agglomérations urbaines existantes et recensent également l’émergence de centaines de nouveaux centres urbains depuis 2015 dans des zones généralement considérées comme rurales ; cela contribue ainsi à dresser le tableau le plus complet, à ce jour, de la géographie urbaine de l’Afrique.
Les résultats préliminaires de la mise à jour 2023 indiquent qu’entre 2015 et 2020, les 54 pays d’Afrique ont gagné plus de 1 100 nouvelles agglomérations urbaines et 110 millions de nouveaux résidents urbains, soit une augmentation correspondant à plus de 150 % de la population française. L’Afrique compte désormais au moins 8 500 agglomérations urbaines de plus de 10 000 habitants. En outre, les agglomérations existantes – y compris les villes et métropoles – ont vu leur superficie augmenter de 16 % entre 2015 et 2020.
Le 21 juin, lors du lancement des données révisées et mises à jour, M. Luc Gnacadja, Fondateur et Président du groupe de réflexion et d’action GPS-Dev (Gouvernance et politiques pour le développement durable), ancien Secrétaire exécutif de la CNUCED et ancien ministre de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme (Bénin), a souligné l’importance de réussir l’urbanisation en Afrique : Pour réussir l’urbanisation en Afrique, il faut transformer les informalités urbaines en atouts. (…) Les informalités ont été des formes d’adaptation, des réponses ascendantes à des situations de fragmentation. Cela génère une grande agilité, une grande capacité d’innovation et potentiellement une aptitude à la revitalisation urbaine.
Luc Gnacadja, GPS-Dev Alors que l’Afrique sera de plus en plus urbanisée au cours des prochaines décennies, il est nécessaire de proposer aux responsables gouvernementaux, aux organisations internationales, aux ONG et aux banques de développement une compréhension plus fine de l’évolution des zones urbaines. En l’absence de planification urbaine, la croissance peut conduire à un vaste développement informel, à une mauvaise intégration des nouveaux résidents et à une augmentation des coûts liés au prolongement des services d’eau et d’électricité. Il y a un besoin de ruraliser les projets urbains et d’urbaniser les projets ruraux.
François Yatta, CGLU Afrique Pourtant, l’urbanisation améliore déjà la vie de millions de personnes sur le continent. En moyenne, les habitants des zones urbaines bénéficient d’un meilleur accès aux services essentiels, d’un nombre d’heures de travail rémunérées hebdomadaire supérieur de près de 50 % et reçoivent une éducation 2 en moyenne deux fois plus longue que dans les zones rurales.
Même les petites zones urbaines sont plus performantes comparées aux moyennes nationales dans presque tous les domaines du développement, selon le rapport 2022 du Secrétariat CSAO/OCDE, Dynamiques de l’urbanisation africaine : Le rayonnement économique des villes africaines. Mme Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly, Présidente honoraire du CSAO, a souligné l’importance du rôle transversal des questions de développement urbain : Lorsque des initiatives existent notamment concernant les questions de financement locaux, il serait intéressant d’ouvrir un dialogue pas seulement avec les ministères sectoriels, mais également avec des ministères qui jouent un rôle transversal, afin de les impliquer dans le dialogue. Investir dans ce domaine peut apporter de la valeur ajoutée de façon global au niveau du pays.
Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly, Présidente honoraire CSAO Selon Iris Wilhelm, conseillère de la GIZ pour les villes, les dirigeants peuvent répondre aux données d’Africapolis en fournissant des investissements soutenus aux petites et moyennes villes, souvent oubliées dans les statistiques officielles mais représentant pourtant plus de la moitié de la croissance totale de la population. La GIZ utilise les données d’Africapolis par le biais d’infographies pour montrer les tendances et les évolutions de l’urbanisation afin de sensibiliser à l’urbanisation rapide qui se produit sur le continent et de conseiller le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) pour promouvoir des approches politiques liées à un cadre précis.
Iris Wilhelm, GIZ De même, Lukas Lüscher, représentant de l’agence de Développement et de Coopération Suisse (DDC), a reconnu l’importance de soutenir les efforts de collecte des données : Africapolis est un outil primordial pour accompagner les dynamiques d’urbanisation en Afrique ; un de ses atouts majeurs est qu’il s’intéresse non seulement aux villes de tailles moyenne et grande mais aussi aux villes secondaires permettant de mieux anticiper les dynamiques d’urbanisation.
Lukas Lüscher, DDC Les États membres de l’UEMOA et de la CEDEAO ont connu une croissance urbaine considérable. Ils sont en plein milieu d’une transition majeure, et cela indique un besoin profond d’investissement dans le secteur urbain et nécessite un suivi constant des tendances. Patrick Lamson-Hall, Secrétariat CSAO/OCDE Les données d’Africapolis jouent également un rôle essentiel en attirant l’attention sur les villes secondaires (50 000 à 1 million d’habitants) qui servent de point d’entrée de l’exode rural et jouent un rôle vital dans l’établissement de liens ruraux-urbains. Les villes secondaires améliorent les conditions dans les zones rurales en fournissant un accès à de meilleures opportunités économiques ainsi qu’aux services et infrastructures des zones urbaines. De plus en plus de ménages ruraux comptent sur les villes comme moyen de subsistance grâce à l’accès à de nombreux biens et à des sources de main-d’œuvre salariée.
Il faut favoriser une décentralisation effective car les villes sont un projet collectif, en développant et en promouvant une gouvernance participative et responsable afin d’anticiper ces rapides transformations urbaines. Mame Marie-Bernard Camara Monteiro, UEMOA Enfin, les centres urbains sont définis par les gouvernements selon des critères juridiques et administratifs qui ne reflètent parfois pas l’étendue réelle d’une agglomération urbaine, rendant ainsi la comparaison des villes complexe. Ces critères sont difficiles à modifier, mais avec Africapolis, les décideurs politiques ont accès à une source de données objective et fiable qui fournit une représentation de la géographie urbaine de leur pays et leur permet de détecter et d’analyser les changements au fil des années. La définition des zones urbaines mise au point par Africapolis a permis de détecter d’importantes agglomérations transfrontalières et de cartographier et mesurer des zones métropolitaines jusqu’alors inconnues. La prise en compte de l’espace va de pair avec la prise en compte de l’échelle.
À l’échelle d’une agglomération, on assiste au déclin démographique des centres villes des grandes agglomérations. À l’échelle du pays, il existe cependant une concentration régionale de la population. François Moriconi-Ebrard, CNRS La révision et la mise à jour des données Africapolis 2023 alimenteront le prochain rapport Dynamiques de l’urbanisation africaine : Planifier l’expansion urbaine, dont la publication est prévue pour 2024. ***
Les données révisées et mises à jour d’Africapolis 2023 sont disponibles à l’adresse suivante : www.africapolis.org Pour toute demande médiatique, veuillez contacter Lia Beyeler, lia.beyeler@oecd.org