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Chronique : Ainsi va le Burkina !


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Aujourd’hui, une observation, même superficielle, du pouvoir de la IVe République montre clairement qu’une monocratie s’est installée et que se faisant, dans la gestion des affaires de la cité,  la passion l’emporte toujours sur la raison.

PH : DR -Aujourd'hui, une observation, même superficielle, du pouvoir de la IVe République montre clairement qu'une monocratie s'est installée...

PH : DR -Aujourd’hui, une observation, même superficielle, du pouvoir de la IVe République montre clairement qu’une monocratie s’est installée…

Et rien ne va plus !

On a passé des années à s’occuper plus du destin d’un homme que de celui du peuple. D’énormes sacrifices ont été consentis pour que cet homme ait un destin « exceptionnel ». Des thuriféraires et autres dinosaures en bonne conscience ont préparé la situation économique, politique et sociale actuelle du pays.

On s’étonne aujourd’hui, que l’incivisme soit devenu l’expression légitime de la fracture profonde entre gouvernants et gouvernés, que la société gronde, que la vie est chère, que la turbulence politique comme une tempête de sable s’apprête à couvrir le Burkina Faso.

En cela c’est l’ordre normal des choses tant que certains ne comprendront pas qu’on ne peut être au-dessus du peuple et de la loi.

En cela c’est l’ordre normal des choses que le parti du pouvoir se déchire car il y a des moments dans l’histoire des peuples et des nations où il faut que chacun se détermine clairement. C’est ainsi qu’il faut comprendre la grande vague de démission qu’enregistre aujourd’hui le CDP.

Encadrés

« Sauver leur nez»

La démission massive d’anciens caciques du CDP se justifie peu par l’explication qu’ils donnent dans leur lettre ouverte au Secrétaire général du parti dans laquelle  ils disent que « Le CDP, faut-il le rappeler, a été fondé en février 1996, sur une plate-forme minimale démocratique. Par les violations répétées de ses textes fondamentaux, la caporalisation de ses organes et instances, les méthodes de gestion fondées sur l’exclusion, la délation, les intrigues, l’hypocrisie, la coterie, vous êtes parvenus, en si peu de temps, à vider cette plate-forme fondatrice de son contenu initial et à liquider les nombreux acquis chèrement conquis par un travail inlassable de ses militants. Le parti est ainsi devenu une affaire de copains. Les démocrates et les progressistes qui l’ont fondé dans le but d’en faire un instrument de conquête démocratique et sociale ne s’y reconnaissent plus. Il en est de même des nombreux militants des villes et campagnes. »

En vérité, les méthodes de gestion « fondées sur l’exclusion, les intrigues, la coterie, etc. » ne sont pas de nouveaux maux dans la gouvernance du CDP. Le CDP a toujours ainsi fonctionné. Et il est de notoriété publique que les grands ténors de la démission en ont été pendant longtemps les maîtres incontestés. On peut leur accorder le fait qu’ils estiment qu’aujourd’hui les conditions objectives et subjectives sont réunies et ont permis leur démission. Mais la synergie de ces conditions objectives et subjectives n’est pas engendrée dans le parti ou par le parti. Ces conditions sont la rencontre frontale de la souveraineté populaire qui veut le changement coûte que coûte, vaille que vaille, et est prête à payer le prix qu’il faut, et la monocratie règnante qui entend se pérenniser au pouvoir. Si fait que les démissionnaires qui étaient déjà marginalisés par leur parti mais ayant le flair politique suffisant et l’animalité politique très aiguisée ont vite compris que l’année 2014 sera l’année de la Vérité politique qui se traduira par des bourrasques et des turbulences à même de remettre totalement en cause la gouvernante règnant depuis un quart de siècle. Ce faisant, le choix s’imposait de lui-même : être dans le camp du mouvement démocratique qui rêve et qui pense un autre Burkina ou rester dans le camp de ceux qui ont patrimonialisé l’Etat au risque de se faire emporter par la bourrasque socio-politique qui ne manquera pas d’être au rendez-vous. C’est dire qu’ils ont choisi de ‘’sauver leur nez’’ et qui plus est, de se donner une nouvelle vie politique en s’inscrivant dans la dynamique de transformation politique en cours.

Le risque…

Les démissionnaires actuels du CDP avec leurs auto-critiques mitigés et savamment distillés peuvent croire que facilement le peuple oubliera qu’ils ont été les artisans du régime Compaoré, qu’ils sont aussi comptables à bien des égards de ce que ce régime a eu de positifs comme de négatifs. Et certainement, cela se voit déjà, beaucoup leur seront pardonnés par les populations des villes et campagnes. Par contre, il sera fort étonnant que leur maître d’hier le leur pardonne. Et il ne sera point surprenant que des actions à leur endroit soient diligentées pour les mettre hors d’état de ‘’nuire’’.  Certes, l’époque où à l’encablure d’une rue sombre on pouvait te «faire et il n’y a rien » semble lointaine. Mais des méthodes plus raffinées existent. Du reste, quand un régime est aux abois, il a une propension à la violence pour résoudre les contradictions qui le font paniquer. Certainement, les démissionnaires le savent aussi mieux que quiconque et prendront en conséquence les précautions qu’ils peuvent. Le temps et les événements à venir nous situeront.

Le détonateur

Quoi qu’on dise, les démissionnaires au sein du CDP ne sauraient être considérés comme un non-événement encore moins comme un complot organisé par le régime contre les luttes du peuple burkinabè. Ces démissions-là, quel que soit ce que l’on peut penser des acteurs, impactent et impacteront fortement sur la rédispositon des forces politiques, de la stratégie des luttes émancipatrices, de la question de l’alternance. En effet, le premier gain d’une telle démission pour le mouvement démocratique burkinabè et l’ensemble des forces patriotiques qui adhèrent et qui s’activent pour le changement, c’est l’affaiblissement du parti au pouvoir, le déclin de son hégémonie politique et bien entendu, l’affaiblissement du président Compaoré lui-même. Le deuxième gain, c’est le renforcement du camp de tous ceux qui ne peuvent plus et ne veulent plus accepter la pérennisation d’un régime clanique et patrimonialiste. Enfin, le troisième gain, c’est l’accélération de la résolution de la question du pouvoir au Burkina Faso.

Dans ses velléités de mieux maintenir les rennes du pouvoir, le régime en place n’aura d’autre choix que l’utilisation de l’argument de la force pour freiner la montée des mouvements sociaux et populaires à venir. Et c’est l’utilisation de cette force comme méthode de gouvernance ponctuelle qui allumera la mèche, ouvrira des brèches pour les lendemains possibles.

Pabeba (Bendré 13 janvier)

 


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