Alors que le monde combattait encore la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine a éclaté au début de 2022. Les effets des deux chocs ont été exacerbés par la fréquence et l’intensité plus élevées des catastrophes naturelles. La Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la Commission économique pour l’Afrique, Hanan Morsy, a déclaré que les trois crises qui se chevauchent ont poussé davantage d’Africains dans l’extrême pauvreté et ont entraîné une augmentation des inégalités et des vulnérabilités sur le continent.
Hanan Morsy a déclaré à la cinquante-cinquième session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA à Addis-Abeba, qu’il y a des niveaux importants de pauvreté et d’inégalités en Afrique avant même les récentes crises mondiales, mais maintenant la pauvreté s’est aggravée et les inégalités se sont intensifiées.
« Aujourd’hui, 546 millions de personnes vivent encore dans la pauvreté, soit une augmentation de 74 % depuis 1990 », a souligné Morsy. « Les chocs mondiaux ont un effet domino sur les pauvres en Afrique à travers l’inflation qui, en 2022, s’élevait à 12,3 %, chiffre bien supérieur à la moyenne mondiale de 6,7 %.
Les pays africains avec les niveaux de pauvreté les plus élevés
La CEA estime que les ménages africains consacrent jusqu’à 40 % de leurs revenus à l’alimentation, et les effets des crises mondiales ont durement touché les ménages les plus pauvres d’Afrique. Un nombre stupéfiant de 310 millions d’Africains ont connu une forme d’insécurité alimentaire et 6 millions d’entre eux ont été confrontés à une faim extrême en 2022.
Selon des recherches récentes, les 10 pays africains ayant les niveaux de pauvreté les plus élevés en Afrique sont le Burundi, la Somalie, Madagascar, le Soudan du Sud, la République centrafricaine, le Malawi, la République démocratique du Congo, la Guinée-Bissau, le Mozambique et la Zambie, avec des taux compris en 60 % et 82 % de la population.
Le fardeau de la dépendance aux importations, le changement climatique et l’augmentation du stress de la dette
Le Commissaire au commerce et à l’industrie de la Commission de l’Union africaine, Albert M. Muchanga, a déclaré à la conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique que bien que l’Afrique soit la plus riche du monde en termes de dotations naturelles, nous sommes les plus pauvres.
La dépendance de l’Afrique vis-à-vis des importations rend le continent vulnérable aux chocs des prix des produits de base. En 2021, 39 pays africains étaient importateurs nets de produits alimentaires. De plus, en 2021, l’Afrique n’a exporté que 5,7 milliards de dollars de produits pétroliers raffinés mais en a importé pour plus de 44 milliards de dollars.
« Sortir des faibles niveaux de revenus et de richesse est d’autant plus ardu que pose la menace du changement climatique, comme en témoignent les récentes inondations à Madagascar, au Malawi et au Mozambique », a souligné Muchanga, notant qu’« il faut ajouter à cela la crise de la dette qui s’annonce et qui pourrait remettre en cause tous les acquis de croissance des 23 dernières années ».
Les experts et les ministres présents à la conférence ont noté que les pays africains continuent de faire face à des revenus en baisse, à un endettement croissant et à un espace budgétaire de plus en plus restreint.
En 2022, le ratio dette publique/PIB en Afrique était de 64,5 %, ce qui est nettement supérieur au chiffre pré-pandémique de 2019 qui était de 57,1 %.
La conférence de deux jours des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique a été organisée sous le thème, « Favoriser la reprise et la transformation en Afrique pour réduire les inégalités et les vulnérabilités ».