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Droits fonciers, Financement des chaînes de valeurs agricoles : Une trentaine de femmes entrepreneurs à l’école de la Fondation Konrad Adenauer


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Ph/DR: Une vue partielle des participants

Du 14 au 15 novembre 2022, la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) a organisé un séminaire de formation au profit d’une trentaine de femmes entrepreneures, agricultrices et transformatrices des produits agricoles à l’hôtel Nifur de Bohicon. L’objectif de cette formation est de permettre aux femmes des Groupements d’Intérêt économique (GIE) de se familiariser aux outils de financement des chaînes de valeurs agricoles, d’évaluation des cycles de production, de l’offre, et de la demande afin de développer des aptitudes de gestion économique et de résilience face aux crises économiques actuelles.

Aline ASSANKPON

«Droits fonciers, Financement des chaînes de valeurs agricoles au profit des femmes des Groupements d’Intérêt économique (GIE) », c’est le thème du séminaire de formation organisé par la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) en faveur des femmes entrepreneures qui sont dans les chaînes de valeur agricoles. L’objectif de ce séminaire est d’outiller ces femmes entrepreneures ciblées selon leur secteur d’activité.

«Notre objectif est d’offrir un cadre de discussion d’échanges et de partages aux femmes entrepreneures et membres des GIE pour leur permettre de s’informer, de se former sur les droits fonciers, de se familiariser aux outils de financement des chaînes de valeurs agricoles, d’évaluation des cycles de production, de l’offre, la demande, la budgétisation, le marketing commercial, la communication et pour enfin développer des aptitudes et compétences afin de mieux gérer économiquement leurs activités » a souligné le Coordonnateur national de la KAS, Mounirou Tchacondoh.

Ph/DR: Les participants à la formation de Bohicon

Ce séminaire de formation revêt une importance capitale pour les femmes impliquées dans les activités économiques agricoles en cette période de multiples crises (crises post-covid-19, crise d’approvisionnement alimentaires, crise énergétique). «Ces crises ont engendré de nombreux défis pour les femmes dont la situation est déjà exacerbée particulièrement par des inégalités de tout genre : un accès limité à des semences de qualité, des méthodes de cultures obsolètes, le faible accès aux marchés et la transformation insuffisante des aliments » précise le Coordonnateur de la KAS.

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Sept communications axées sur des thématiques aussi riches que variées, ont meublé les deux jours de travaux : « La problématique des droits fonciers des femmes : dispositifs juridiques et les étapes de sécurisation des terres agricoles » ; « Les chaînes de valeur agricoles et les défis des femmes agricultrices » ; « les GIE et Coopératives agricoles des femmes : Opportunités et Contraintes » et «Les techniques de financement des chaînes de valeur agricoles : Etudes de cas » pour le premier jour et « Cycle de production : Budgétisation, coût de revient et tarification des produits et services » ; « Marketing commercial : notion de besoin d’offre et de demande »  et « Gestion financière : l’importance de séparer les dépenses familiales des dépenses de l’entreprise » pour le second jour.

Des questions habituelles sont revenues sur la problématique relative aux droits d’accès des femmes à la terre et à la propriété foncière, notamment : la sécurisation des terres acquises et des terres mises en bail, avec à la clé, l’obtention de l’ADC (Attestation de Détention Coutumière) qui pose d’énormes problèmes. « Certaines femmes se plaignent du fait qu’au lieu de deux semaines (15 jours) prévues conformément aux textes pour la délivrance de l’ADC, des dossiers ont déjà fait plus de sept (07) mois à la mairie. Face à cette situation, quelle conduite à tenir ? L’Expert du Foncier, Xavier Zola a apporté des réponses et des solutions de facilitation » a témoigné le modérateur des travaux, Justin Sèmassoussi.

Dans le développement des chaînes de valeur agricoles, les femmes ont retenu qu’elles doivent évoluer en groupement ou en coopératives, ce qui leur permettra d’être plus résilientes face aux chocs exogènes et aux aléas climatiques et d’être plus crédibles chez les Systèmes financiers décentralisés (SFD) les microfinances et les banques. Constituées en groupement, elles ont également l’opportunité de gagner de gros marchés puisque la main-d’œuvre est existante ; elles peuvent répondre efficacement aux commandes et d’embrasser beaucoup d’argents.

Ph/DR: Des femmes très engagées…

L’intérêt de la gestion des coopératives des femmes, est qu’elle offre également des opportunités (telles que, apprendre en travaillant avec l’autre, échanges de bonnes pratiques aussi bien au plan technique, social et relationnel) et des contraintes (la confiance, le travail, la disponibilité, l’engagement et la qualité des produits mis sur le marché).

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Quant aux types de financement abordés, le warrantage a capté plus l’attention des femmes agricultrices : « J’ai mon produit, j’ai besoin d’argent, je négocie avec un dépôt qui stocke mon produit et me délivre un certificat pour aller faire un prêt pour répondre à mes besoins, en attendant que mon produit prenne de prix, que je vende et que je rembourse ».

La communication la plus interactive est celle de la deuxième journée avec plus d’études de cas et d’exercices de cas pratiques : ce cas pratiques (ci-dessous) est bien illustratif.

«Dame Bodjrènou de Kouhoué a produit 10 bidons d’huile. Absente, sa fille va se charger de livrer à une grossiste de passage dans sa localité les 10 bidons d’huile à raison de 12.000Fcfa par bidon. Combien a-t-elle reçu ainsi ? Le soir même, elle a va rembourser le fournisseur de noix à raison de 85.000 Fcfa ; le transporteur des fruits de palme reçoit 10.000F, le propriétaire de moulin, 10.000 F, l’ouvrière qui l’a aidé pendant trois jours, 4.500F. Dame Bornou a-t-elle fait une bonne affaire ? Qu’est-ce qui risque de lui arriver lorsque la vendeuse de bois se présentera pour prendre ses 8.000F? Pourquoi Dame Bodjrènou se trouve en face ce genre de problème ? Que devra-t-elle faire pour qu’à l’avenir la vente d’huile lui soit rentable ? »

Les femmes ont apporté des réponses, des analyses. Dans la synthèse, l’on retient que leur pratique n’est pas celle enseignée. Mais elles sont emmenées à ordonner leurs connaissances à travers des éléments qu’elles n’intégraient pas dans la gestion des comptes, comme leur propre salaire, le coût de la contribution des membres de la famille, la dotation pour l’amortissement des équipements de travail, le transport et la communication.

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Selon l’agroéconomiste Alexandre Houédjoklounon, il faut nécessairement établir un budget prévisionnel détaillé, y intégrer d’éventuels projets supplémentaires, diviser le budget entre les services et les projets ; réaliser un suivi des dépenses, savoir combien il faut pour commencer, où chercher ou capter le reste du financement. «Au sein d’une entreprise, le coût de production doit prendre en compte toutes les charges employées pour toute phase de processus de production : Coûts d’approvisionnement, coûts de production proprement dit, coûts de distribution, dotations aux amortissements et les frais généraux ».

La particularité de cette rencontre de Bohicon, est que la formation a ciblé, outre les femmes des GIE du département de l’Atlantique, celles du Mono, de l’Ouémé et des Collines. « Les femmes ont accueilli les différents thèmes de la formation avec beaucoup d’engouement et ont posé des questions pointues, qui révèlent leurs préoccupations au niveau de leurs activités de production au point où, les préoccupations exprimées après chaque communication peuvent atteindre plus d’une douzaine d’intervenants. C’est la preuve qu’elles sont vraiment intéressées par les sujets et les thématiques qui sont développées » a confié Justin Sèmassoussi.

Le succès de la rencontre réside également dans les études de cas, des exercices des cas pratiques qui offrent aux participants, un cadre d’échanges, de partages d’expériences, des vécus et des bonnes pratiques.

Le renforcement de leur capacité de gestion entrepreneuriale apparait nécessaire donc pour l’amélioration de leur condition de vie durable, voire leur autonomisation et leur capacité de résilience face aux crises financières actuelles nées de la pandémie de Covid-19, de la guerre entre l’Ukraine et la Russie dont la crise d’approvisionnement alimentaire et la crise énergétique qui n’épargne aucun secteur d’activités.


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