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Conférence africaine sur le Dette et le développement : « la Dette est un mal nécessaire…On s’endette pour améliorer les conditions de vie des populations »


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Les Osc béninoises dans la campagne « Stop the Bleeding » – « Arrêtez l’hémorragie »

PH;: DR: Le présidium à l’ouverture de la Conférence; (De gauche à droite ) M. Théophilus J. Gnonguong, M. SIMONKOUA Vincent et M. Rigobert OROU GANNI

En prélude à la Conférence africaine annuelle sur la Dette et le Développement (AfCoDD), qui se tiendra en Août 2024 à Maputo en Mozambique, la Bénin a abrité la Conférence préparatoire-pays, le vendredi 31 mai 2024 au Bénin Royal Hôtel de Cotonou. Organisée par Social Watch Bénin (Réseau d’organisation de la Société civile) en collaboration avec AFRODAD (Forum et réseau africain sur la dette et le développement), cette conférence a favorisé des discussions critiques entre les différents acteurs (Gouvernement, Parlement, Cour des Comptes et Société civile) de la gestion de la dette, tout en situant les problèmes de la dette au niveau national. A l’aune des enjeux de la dette publique, la campagne africaine « Stop the Bleeding » – « Arrêtez l’hémorragie » embarque les Osc béninoises.

Aline ASSANKPON

«Renforcement des mécanismes de responsabilité dans la gestion de la dette publique : un prérequis à la viabilité de la dette » c’est le thème retenu par le Réseau Social Watch Bénin pour cette année. Organisée annuellement depuis 2019, la conférence préparatoire-pays de la Conférence de la dette africaine, est à sa troisième édition au Bénin : 2019, 2023 et 2024. Il s’agit d’une réunion de plaidoyer en faveur de la dette avant la Conférence annuelle sur la dette et le développement (AfCoDD) prévue en Août 2024 à Maputo en Mozambique.

Il est observé que la dette publique africaine tend de plus en plus vers les obligations commerciales négociées sur les marchés commerciaux. En 2023, la dette privée représentait plus de la moitié de la dette extérieure de l’Afrique, atteignant  54,3%. « Ce chiffre dépasse celui des créanciers bilatéraux et multilatéraux, qui s’élèvent respectivement à 18,7% et 27,1%. Cette évolution vers le financement privé a considérablement augmenté les coûts d’emprunt. Rien que cette année, trois pays africains dont le Bénin, ont émis des euro-obligations à des taux d’intérêt élevés. L’euro-obligation béninoise à 14 ans, par exemple, porte un taux d’intérêt de 8,375% » a déclaré Rigobert OROU GANNI, Président du Conseil d’Administration du Social Watch Bénin, à la cérémonie d’ouverture.

Au nom du ministre d’Etat, de l’Economie et des Finances en charge de la Coopération, le Directeur général adjoint de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette (CAGD), M. Vincent SIMONKOUA dira que le thème retenu par Social Watch Bénin cette année est en cohérence avec les priorités du Gouvernement du Bénin à travers son programme 2021-2026 ; notamment en ce qui concerne la bonne gouvernance à travers le renforcement du Cadre macroéconomique et la poursuite de l’assainissement des Finances publiques.

« Au titre du cadre macroéconomique, la gestion efficace de la dette publique faire l’objet d’une attention particulière par le Gouvernement du Bénin, qui s’engage à maintenir le taux d’endettement publique, largement en dessous de la limite communautaire de 70 % traduisant ainsi la poursuite de la gestion rigoureuse de la dette publique et de l’utilisation efficiente des leviers dont dispose le pays pour le renforcement des projets et le financement des projets structurants ».

 « Ce taux enregistre une tendance baissière depuis quelques années, et cela devra se poursuivre pour se retrouver aux environs de 40% du PIB à l’horizon 2026 en lien avec la bonne perspective. La mise en œuvre de la stratégie d’endettement est rendue possible en respect des exigences nationales et internationales éditées en matière d’endettement » souligne le DGA/CAGD ajoutant que : « Le Bénin maintient la gestion à bonne date de ses échéances de remboursement vis-à-vis de tous ces créanciers. Les différentes notes du Bénin par plusieurs Agences de notation, témoignent de la qualité des fondamentaux économiques du pays, de sa résilience face aux chocs, ainsi que de solides perspectives de croissances par de réformes ambitieuses du Gouvernement, en dépit du contexte économique mondiale dégradé et empreint d’incertitudes».

PH:DR/ Une vue partielle des participants

Deux communications et un panel de discussions ont meublé cette réunion de Cotonou. La première communication porte sur : « Le mécanisme de transparence et de redevabilité pour la gestion de la dette publique au Bénin : Forces et points d’amélioration », présentée par le Macroéconomiste, Ange Marie CODO.

« La Dette est un mal nécessaire…On s’endette pour améliorer les conditions de vie des populations. Cependant, l’optimalité de la dette renvoie aux conditions d’emprunt, son taux d’intérêt pratiqué et son échéance (…) » analyse Dr CODO.

De ses analyses, il ressort que la transparence et la redevabilité dans la gestion de la dette publique sont des éléments cruciaux pour garantir une gouvernance économique efficace et pour maintenir la confiance des citoyens, des investisseurs et des institutions internationales. « Les institutions financières internationales comme le Fmi et la Banque mondiale encouragent fortement la transparence et la redevabilité  dans la gestion de la dette publique. Respecter ces normes peut faciliter l’accès aux financements  internationaux  et aux aides financières. Il est donc important de savoir où en est notre pays le Bénin en matière de la transparence et de Redevabilité sur la gestion de la dette publique » a souligné Dr CODO.

Pourquoi la campagne contre la dette africaine – « Stop the Bleeding »- « Arrêtez l’hémorragie ! « 

De l’avis de l’Expert d’AFRODAD, Théophilus John GNONGUONG, la campagne contre la dette africaine est un vaste mouvement de citoyens issus de la société civile, de syndicats, de défenseurs des droits des femmes et de jeunes militants ; une action citoyenne. « Les efforts déployés par l’Afrique pour consolider la mobilisation de ses ressources intérieures sont gravement compromis par le fardeau croissant de la dette. De nombreux pays africains sont pris au piège de la dette. Cette situation est encore aggravée par l’incidence élevée des flux de financements illicites (FFI), qui se traduisent par des fuites de recettes pouvant atteindre 88 milliards de dollars par an sur le continent africain » souligne M. GNONGUON. L’objectif principal de cette action citoyenne est de gagner les cœurs et les esprits de la population africaine. « Il s’agit de reprendre la conversation sur le contrat social, de démocratiser et d’humaniser la crise de la dette en la reliant aux luttes quotidiennes des citoyens africains ». Cette campagne africaine repose sur trois piliers : l’engagement ; la mobilisation et le plaidoyer juridique. (A.A.)

La deuxième porte sur la Campagne africaine contre la dette publique, « Stop the Bleeding » – « Arrêtez l’hémorragie » présentée par Théophilus John GNONGUON, l’un des experts d’AFRODAD. Axé sur le thème, « Suivi de la dette publique au Bénin : la pratique de la responsabilité par les institutions nationales », le panel de discussion animé par Aline ASSANKPON H., Coordonnatrice générale du Réseau des Journalistes Economiques du Bénin (Réseau-JEB), a réuni cinq (05) panélistes sous un format hybride, à savoir : le Représentant du Ministre d’Etat, de l’Economie et des Finances en charge de la Coopération, le Directeur général adjoint de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette (CAGD), M. SIMONKOUA Vincent ; l’He DOSSOU Codjo Louis, de la Commission des Finances à l’Assemblée nationale ; Dr BATONON Serge, Secrétaire général de la Cour des Comptes ; Dr AGUEMON Wehelmine, Me Assistant en Droit public/Directrice Adjointe du CERAF (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Administration et les Finances) et (en ligne), le Secrétaire exécutif, AFROSAI-E (INTOSAI), M. SHOKO Edmond.

PH:DR: Les panélistes au débats sur la dette publique au Bénin

Tour à tour, les panélistes ont examiné l’adéquation des mesures actuelles visant à renforcer la gestion transparente et responsable de la dette publique au Bénin ; non seulement comme mesure visant à préserver les niveaux d’endettement soutenables du pays, mais également pour garantir qu’elles répondent aux attentes de développement du Bénin, tout en servant d’exemple à d’autres pays de l’Afrique.

Les acteurs de la société civile ont également saisi l’occasion des débats pour comprendre le profil de la dette du Bénin, les risques et les préoccupations liés à son appétit croissant pour les euro-obligations, le lourd fardeau pour la génération future, la mesure de la responsabilité, de la transparence dans la gestion de la dette, l’efficacité des espaces d’engagement pour les acteurs de surveillance, y compris, les corps législatifs, les auditeurs, les Osc et les médias.

La viabilité, la soutenabilité et la redevabilité de la dette publique constituent des prérequis pour les participants à la conférence préparatoire-pays du Bénin. Ceux-ci peuvent désormais s’attaquer aux causes systémiques du fardeau de la dette laissée à la génération future au Bénin et en Afrique.


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