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Projet de loi sur la Santé de la Reproduction, mesures spéciales contre les violences sexuelles et protection des femmes : L’Eglise catholique appelle au rejet


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Ph/DR: Mgr Victor Agbanou, président de la Conférence épiscopale

 La conférence épiscopale du Bénin à travers une déclaration rendue publique, le 19 octobre dernier, invite les députés à rejeter catégoriquement le projet de loi sur la santé de la reproduction qui a été examiné et voté. Malheureusement la position de l’Eglise catholique n’a pas eu d’effet sur le vote de la loi. (Voir le communiqué de presse de la Conférence épiscopale.)

 Les évêques du Bénin prennent ainsi publiquement position sur un sujet particulièrement sensible et difficile. Ne prennent-ils pas le risque, dans le contexte actuel que traverse l’Eglise catholique de ne pas être entendu ? Les rapports de force, en tout cas, ne paraissent pas pouvoir leur être favorable. Sauf si l’initiateur du projet laisse un petit champ de compromis.

Rarement, l’Eglise catholique romaine, celle du Bénin en l’occurrence, s’est affichée

de manière aussi déterminée sur une situation ou un texte de loi. Elle a souvent l’habitude adopter un ton plus modéré et bien mesuré. Mais cette fois-ci, les évêques ont

décidé d’élever le ton parce qu’ils jugent que l’heure est grave et qu’il fallait utiliser un langage direct pour s’adresser aux députés qui s’apprêtent à légiférer pour donner, dit-on, un caractère légal à l’avortement qu’ils considèrent comme une prime à la « culture de la mort. ».

Ce seul sujet suffit-il à réduire cet important arsenal juridique pour la jeunesse, en quête d’une santé reproductive équilibrée, à une question de morale qui condamnerait cette loi ?

«Les évêques du Bénin vous supplient , au nom de Dieu, au nom de notre humanité, au nom des petits innocents, de puiser dans les valeurs culturelles et spirituelles du peuple que vous représentez, les ressources nécessaires pour dire un non catégorique à la culture de la mort ; Il y a des alternatives sûres et fiables pour remédier aux maux que l’on entend solutionner par la légalisation de l’avortement», indique la déclaration de la Conférence épiscopale signée par son président, Mgr Victor Agbanou,et lue par son porte -parole, Mgr Eugène Houndékon.

La Conférence épiscopale du Bénin juge que, sous le subtil vocable de loi sur la santé de la reproduction, le gouvernement engage la représentation nationale dans la voie de la légalisation de l’avortement et invite au «respect inconditionnel du caractère sacré et inviolable de la vie en ce sens que l’avortement est un acte inhumain qui détruit la vie du foetus, mais aussi celle de la mère à plusieurs égards.»

Presqu’aucune société ne reste insensible à un sujet comme l’avortement et l’Eglise catholique, institution garante des valeurs spirituelles et morales ne peut rester sans opiner sur cette mutation qui s’opère déjà au sein de la société béninoise, dans l’illégalité et avec son cortège de drames. Oui, l’avortement au Bénin n’est pas un phénomène nouveau. Il est presque un phénomène banal et se pratique parfois dans des conditions désastreuses. Les adolescentes, les filles, les collégiennes et autres étudiantes savent comment et à qui s’adresser pour avorter. Nombre de parents ont déjà fait avorter plusieurs fois des adolescentes parfois contre leur gré. Il n’est presque plus un sujet tabou.

Quand une fille conçoit et juge qu’elle n’est pas encore prête à donner la vie , elle avorte ou quand une femme estime qu’elle a fini de faire des enfants et qu’elle conçoit «accidentellement », elle se fait avorter simplement. Mais tout cela se pratique clandestinement. Et puisque la pratique n’est pas légale, elle n’est pas encadrée et se fait parfois par des non spécialistes dans des conditions sanitaires déplorables et avec des conséquences irréversibles sur la santé reproductive et la vie des jeunes filles.

Est-il encore réaliste ou responsable aujourd’hui de laisser une pratique ayant trait à la santé humaine évoluer en dehors de toute règlementation ou de toute légalité. Doit-on toujours l’interdire catégoriquement alors que sa répression reste vaine ? En légalisant aussi l’avortement ne donnera-t-on pas aux adolescents et adolescentes le sentiment que tout est désormais permis ?

La réponse à ces interrogations n’est certainement pas simple. Toujours est-il que le gouvernement et l’Eglise ne défendent forcément pas les mêmes principes et les mêmes réalités.

Les députés d’obédience catholique seront certainement plus sensibles à l’appel de l’Eglise catholique, en premier, le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, qui a déjà annoncé les couleurs, il y a quelques jours, lors d’un séminaire qui s’est tenu sur ce projet de texte. Il ne l’approuve pas et il tentera certainement de convaincre ou d’entraîner dans son  sillage plusieurs autres députés. Mais ne risque-t-il pas devant une initiative de loi de l’exécutif qui en connaît plus que lui, sur les motivations à la base de ce projet du gouvernement, d’être rapidement isolé et de se retrouver dans une posture de parti pris pour une cause sociale et sanitaire ?  Il est peu probable que le gouvernement plie l’échine devant toutes pressions sans chercher à faire son initiative. (Source : CEB)


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