« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». La devise du Panthéon vaut aussi pour la Cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, à Paris (VIIe), où un hommage national sera rendu à Jean-Paul Belmondo, ce jeudi à 16 h 30, avant ses obsèques vendredi matin en l’église Saint-Germain-des-Prés à 11 heures.
« J’aime beaucoup la France… » disait déjà son personnage de jeune rebelle d’ « À bout de souffle », cigarette aux lèvres, face caméra, dans le film de Jean-Luc Godard qui le révéla d’un coup au public en 1960, pour en faire le pendant masculin de Brigitte Bardot, canaille, sexy, insolent, mais immédiatement patrimonial. Beaux comme Bébel et B.B. La France oui, sa gouaille déposée comme le blason des rois.
Ce mardi, pendant que les contours de la cérémonie d’hommage national se dessinaient encore entre la famille de Jean-Paul Belmondo et l’Élysée, le domicile de l’acteur décédé a reçu une visite particulière, celle de Brigitte Macron. L’épouse du chef de l’État s’est présentée en début d’après-midi « pour adresser personnellement ses condoléances à ses proches, ainsi qu’au nom du président », confie l’entourage de la Première dame. Ces dernières semaines, elle avait eu plusieurs fois l’occasion d’échanger avec lui, début juillet encore où ils ont eu une longue conversation au téléphone. « Ils s’appréciaient beaucoup, et se donnaient de temps en temps des nouvelles », fait-on savoir.
700 invités dans la cour d’Honneur
Le président de la République était lui-même un grand fan. Dans son panthéon cinématographique, « Un singe en hiver », le chef-d’œuvre d’Henri Verneuil, où Bébel était adoubé par un autre monument, Jean Gabin. Il avait aussi eu l’occasion de déjeuner avec lui à Marseille, à l’été 2017, en présence de l’ami de toujours, l’acteur Charles Gérard. Quand ce dernier s’est éteint, le 19 septembre 2019, Emmanuel Macron a appelé Jean-Paul Belmondo pour partager sa peine.
Ce jeudi, la cérémonie organisée aux Invalides sera la dixième depuis son élection en 2017. Elle devrait avoir lieu dans l’après-midi, à 16 h 30, où 700 invités seront présents dans la cour d’Honneur (Patrick Bruel, Jean Dujardin, Albert Dupontel, Richard Anconina, Michel Boujenah, Guillaume Canet, Philippe Lellouche sont attendus), ainsi que 1 000 personnes autorisées à y assister depuis les coursives. Sur le parvis, et visible depuis l’esplanade, un grand écran retransmettra les discours, ainsi que des extraits de répliques cultes.
Si l’hommage national est réservé traditionnellement aux militaires, comme les soldats français tués au Mali en 2019, de rares personnalités culturelles y ont eu droit ces dernières années : Jean d’Ormesson en 2017, Charles Aznavour en 2018 — Belmondo y avait assisté — et la même année, Claude Lanzmann, le cinéaste de « Shoah ». En 2020, le grand résistant Daniel Cordier avait été salué aux Invalides, ainsi que Samuel Paty, le professeur assassiné par un intégriste. C’est dire la gravité et la solennité du moment.
«Les Belmondo sont des gens très sobres»
Si c’est le sourire à toute épreuve de Bébel dont se souviendront ses admirateurs, cette cérémonie marque le salut de la Nation à un fils qui a incarné à la fois le grand cinéma populaire et la modernité dans son jeu. « Quand le président a appris sa disparition, l’idée des Invalides s’est imposée comme une évidence pour lui », raconte son entourage qui admet que « la famille a d’abord hésité ». « Les Invalides, c’est tout de même un lieu très solennel et protocolaire, alors que les Belmondo sont des gens très sobres qui voulaient quelque chose de sobre. »
Qu’à cela ne tienne, « on fera simple, sans strass. Mais on rendra quand même hommage à son esprit virevoltant ». Johnny Hallyday, lui, avait reçu un « hommage populaire », le président saluant sa dépouille devant l’église de la Madeleine. Dans son discours, Emmanuel Macron célébrera d’abord l’acteur immensément aimé, en rappelant « sa filmographie et son œuvre qui font écho à nos histoires françaises », confie un membre de son cabinet. Lequel se souvient d’une anecdote mémorable.
C’était le soir du 11 novembre 2019 dans la grande salle des fêtes de l’Élysée, où Belmondo est fait Grand officier de la Légion d’honneur et Robert Hossein Grand officier de l’Ordre national du mérite : « Il y avait là Claude Lelouch, Antoine Duléry, Jean Dujardin, Jean-Loup Dabadie, toute la bande à Bébel. Une sacrée ambiance, à tel point que la soirée s’est un peu éternisée. Ça rigolait, ça chantait avec un verre de champagne à la main. À un moment, ils ont même entonné La Marseillaise. Bien sûr, le président de la République les a suivis. » Allons enfants, c’est jour d’amour et de célébration du Magnifique.
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