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Interview avec Mme Valérie Idossou, Directrice départementale en charge des Affaires sociales du Littoral et de l’Atlantique sur les Droits fonciers des femmes pour un accès sécurisé et un droit d’usage des terres agricoles : « L’arsenal juridique au Bénin sur la propriété foncière donne de l’espoir… »


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La terre, plus qu’un simple bien est un patrimoine ; vu sous cet angle, il se pose véritablement aux femmes béninoises un problème d’autonomisation, de sécurité alimentaire et de développement durable. Mme Valérie Idossou, Directrice départementale du Littoral et de l’Atlantique en charge des Affaires sociales, à travers cette interview, rassure de ce que l’espoir se trouve dans les instruments juridiques ratifiés par le Bénin.

(Propos recueillis : Aline ASSANKPON)

Ph: DR-: Mme Valérie Idossou, Directrice départementale en charge des Affaires sociales du Littoral et de l’Atlantique

Ph: DR-: Mme Valérie Idossou, Directrice départementale en charge des Affaires sociales du Littoral et de l’Atlantique

L-Integration.com: Mme Idossou, à travers votre communication sur les rôles et responsabilités des acteurs (…) » vous êtes restée très optimiste par rapport à l’accès des femmes à la terre en milieu rural. Qu’est-ce qui justifie cette espérance ?

Mme Valérie Idossou : Je suis intervenue sur le thème, « Rôles et Responsabilités des acteurs pour un accès sécurisé des femmes au foncier au niveau rural ». Le Bénin est composé à plus de 51 % de femmes et 61,3 % de ces femmes vivent en milieu rural et constituent 60 à 80 % de la main agricole. Malgré ces chiffres qui parlent, elles n’ont pas elles-mêmes accès à la terre. Or la terre plus qu’un simple bien est un patrimoine et vu sous cet angle, il se pose véritablement un problème d’autonomisation et de développement durable et de lutte contre la faim.

Malgré cet état de lieux qui apparait un peu frustrant, il y a quand même de l’espoir. Et cet espoir se trouve dans les textes internationaux, régionaux et nationaux auxquels le Bénin a souscrit ou élaboré par lui-même pour favoriser facilement l’accès des femmes à la terre surtout en milieu rural.

Le premier espoir, c’est qu’on peut se baser sur ces textes pour faire une réclamation légitime ; le second espoir, tous ces acteurs qui se retrouvent  sur le chemin de l’accès des femmes au foncier  peuvent prendre des responsabilités depuis le niveau central en passant par le ministère de l’agriculture, du Cadre de vie, de l’Agence nationale pour le Développement du foncier, les communes, Ong , groupement de femmes, chefs coutumiers, etc ; chacun a un rôle d’information, d’implication de tous les acteurs, de pression et de veille citoyenne à jouer. Tout cela nous donne de l’espoir.

Si ces acteurs énumérés pourraient rentrer dans ces rôles, le Bénin sortirait gagnant et tous les fils et filles d’une famille se porteront mieux, voire la famille et la nation. Le PIB du pays va certainement bouger et on pourra bouger les lignes en ce qui concerne le Bénin parmi les pays moins avancés (PMA). C’est une question de développement, nous avons besoin des collectivités locales, des hommes (père ou époux) qui doivent léguer l’héritage ou partager les ressources (terres et autres) aux femmes, et laisser de côté les préjugés parce que ce qui est important, c’est le bien-être collectif.

M. Justin Sèmassoussi de Afrika Obota, Modérateur de la formation

M. Justin Sèmassoussi de Afrika Obota, Modérateur de la formation

Malgré l’existence de cet arsenal juridique, les femmes leaders identifiées ici montrent encore une frilosité dans la transmission de l’information à leur communauté à la base. C’est la preuve que l’élément peur demeure toujours.

Justement, c’est parce que je sais que l’élément peur est là que j’ai focalisé l’attention sur l’espoir. On ne naît pas courageux ; on devient courageux par les appuis, le coaching, le soutien qu’on reçoit. Ceux qui doivent donner ces soutiens à ces élues locales, ces femmes leaders, ce sont les membres de la communauté (chefs traditionnels, chefs de famille, etc).

Le leitmotiv est : « Prend le pouvoir et je t’accompagne ». Personne ne devrait être isolé dans cette action-là. Les femmes ont besoin de prendre le courage et les autres acteurs doivent les accompagner. Les hommes peuvent mourir pour la terre, d’ailleurs, ils le disent : «Je peux mourir mais je vais te reprendre ça » ;  par contre la femme pense à ses enfants, son mari et dit : « Je ne veux pas mourir, je préfère vous laisser la terre ». Donc il revient aux chefs traditionnels de protéger par tous les moyens possibles pour permettre à la femme d’avoir l’accès à cette ressource, qu’est la terre.

Il urge donc des séances de renforcement de capacité à l’endroit des Chefs traditionnels et religieux pour assurer le rôle d’appuis-conseils et d’orientation.

Tout à fait ! Les sensibilisations doivent être basiques, aller dans les hameaux, regrouper les représentants des communautés à la base (chefs traditionnels et chefs des communautés locales) ; la communication doit être délocalisée au plus bas niveau possible pour que les gens aient accès à l’information car ces derniers restent dans leur localité et pensent continuer sur ce qui se faisait.

La Fondation peut accompagner les femmes élues locales qui sont déjà des femmes engagées mais qui se retrouvent isolées dans des groupes de Conseillers communaux composés essentiellement des hommes. Lorsque vous n’êtes plus seule, la peur diminue ou disparait.

Un dernier mot à l’endroit de toutes femmes leaders du Bénin

Nous sommes encore dans le mois de Mars, et nous leur disons bravo ! Nous savons qu’il y a de petites initiatives qui se font et qui transforment la vie des communautés. Il faut aller de l’avant et trouver les bonnes stratégies, savoir négocier et surtout éviter de faire croire qu’on veut faire bouger des lignes de confort complexes ;  mais qu’on veut juste améliorer les conditions de vie de chaque personne de la famille qu’il soit garçon ou femme.

Evitons donc les discours sexistes qui font penser aux hommes que les femmes réclament leur place ; il ne s’agit pas de ça ; mais plutôt d’une question d’accès aux  droits. Je pense que les petites initiatives des femmes doivent être louées, encouragées quel que soit le milieu où elles se situent au Bénin.


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