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Aquaculture dans le monde : plus de mal que de bien ?


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La production mondiale de l’aquaculture continue de croître et fournit aujourd’hui près de la moitié du poisson destiné à la consommation humaine. C’est l’un des messages clés de l’édition 2014 du rapport sur la situation mondiale de la pêche et de l’aquaculture (SOFIA 2014). 

L’aquaculture, l’un des secteurs de la production alimentaire dont la croissance est la plus rapide

L’aquaculture, l’un des secteurs de la production alimentaire dont la croissance est la plus rapide

Cette publication phare de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) présente l’aquaculture comme étant l’un des secteurs de la production alimentaire dont la croissance est la plus rapide. Au cours des trois dernières décennies, la production de poisson d’élevage a été multipliée par 12, avec un taux de croissance annuel moyen de plus de 8%. Toujours selon ce rapport, l’aquaculture dynamise les échanges internationaux, avec des taux de croissance annuelle en matière d’exportations dépassant 50% pour certaines espèces.

C’est pourquoi la FAO pense que dans les toutes prochaines années l’aquaculture devrait jouer un rôle déterminant dans la satisfaction de la demande croissante des produits halieutiques. Il ressort clairement que la FAO fonde beaucoup d’espoir sur la contribution de l’aquaculture dans la sécurité alimentaire mondiale. Sauf que derrière les performances remarquables de l’aquaculture dans le monde se cachent des pratiques aux conséquences dévastatrices.

L’aquaculture côté obscur !

Le modèle industriel de l’aquaculture repose essentiellement sur l’élevage de poissons carnivores ou omnivores (saumons, truites, thons, crevettes et tilapias, par exemple). C’est pourquoi le développement rapide de cette pratique accroît la pression sur les stocks halieutiques dans des proportions inquiétantes : les poissons d’élevage étant nourris à partir de la farine et de l’huile de poissons sauvages.

Pour produire seulement 1 kg de poisson d’aquaculture, il faut en moyenne entre 2,5 et 4 kg de poissons sauvages. Il s’agit principalement de petits pélagiques, comme les sardinelles, base de l’alimentation des populations côtières et du commerce régional de poisson braisé, fumé, salé ou séché en Afrique de l’Ouest notamment. Cette concurrence grandissante qu’exerce la pêche pour la farine sur la pêche pour la consommation humaine pose un problème grave de sécurité alimentaire.

Au premier rand des victimes de ces pratiques, se trouvent les pêcheurs et transformatrices artisans. « Le poisson manque ces dernières années. Les hommes vont tout le temps en mer mais reviennent souvent les mains vides. Or s’il n’y a pas de poisson, ça veut dire que nous les femmes nous ne pouvons plus travailler. Cela crée beaucoup de souffrances dans nos familles », témoigne Micheline Dion, transformatrice de poisson de Côte d’Ivoire.

Depuis quelques années une industrie de transformation de petits pélagiques en farine et huile de poisson se développe en Mauritanie. La première usine a été installée en 2005. Pour alimenter cette industrie, des flottes chinoises s’adonnent à la capture de petits pélagiques. Cela est d’autant plus inquiétant que, selon la FAO, la Chine à elle seule représente 60% de la production aquacole mondiale.

La Norvège, qui s’érige souvent en donneur de leçons en matière de protection de la biodiversité marine, ne fait pourtant pas mieux. Ses entreprises installées au Chili en Amérique Latine utilisent la farine de poisson dans la production intensive de saumon destiné au marché européens.

Plus bourratifs que nutritifs

Une catastrophe écologique qui pourrait très vite se transformer en drame sanitaire à l’échelle mondiale. Car la consommation de ces poissons carnivores élevés en captivité n’est pas sans conséquences sur la santé des consommateurs.

Non seulement ces poissons apportent très peu d’éléments nutritifs, mais véhiculent une concentration non-négligeable d’antibiotiques et de particules nocifs. La raison est que éviter les épidémies au sein de la population de poissons d’élevage, les aquaculteurs intensifs intègrent systématiques des antibiotiques aux farines alimentaires destinées aux poissons.

C’est dire que de façon caricaturale, le modèle aquacole intensif consiste à affamer certaines populations en leur privant de leurs moyens de survie, afin de fournir à d’autres du poisson à des prix toujours plus bas.

Pour une aquaculture durable 

« La nécessité de nourrir une population mondiale de plus en plus nombreuse et de satisfaire une demande croissante de poisson pèse sur les ressources naturelles et menace la durabilité du développement des pêches marines et continentales et de l’aquaculture », souligne le Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans son rapport publié en juin 2014 intitulé « La durabilité de la pêche et de l’aquaculture au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition ».

Aujourd’hui, de plus en plus de pays en développement veulent aussi miser sur le développement de l’aquaculture. Car quoi qu’on dise, ce secteur est créateur d’emploi et permet de produire de grandes quantités de poissons. Mais pour que cela contribue réellement à la sécurité alimentaire des populations de ces pays, l’aquaculture doit être orientée des espèces ciblées par les pêcheurs locaux et ne doit pas être dirigée quasi-totalement à l’exportation.

C’est la seule façon de s’assurer que les productions issues de la pêche de capture servent directement à la consommation humaine, notamment des populations côtières. Pour ce faire, il est vital de garantir à la pêche artisanale l’accès exclusif aux petits pélagiques. Cela compte tenu de l’importance de ces ressources pour la sécurité alimentaire des populations, en Afrique notamment. (Googolfarmer)


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