245.000 emplois en trois ans, c’est la nouvelle offre du gouvernement pour atténuer la question très préoccupante de l’emploi des jeunes au Bénin. Une table ronde a été organisée à cet effet le dimanche 25 Août 2013 dernier pour discuter des avancées notables et des espaces qui restent à explorer pour relever le défi de l’emploi afin de réduire la pauvreté. Autour de cette table, on note la présence du nouveau ministre de la Communication et des Tics, Komi Kountché, le directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi, de trois cadres du service public en face de trois journalistes du service public et du privé.
Selon le rapport autour duquel s’est focalisé le débat, deux thématiques sont majeurs et constituent un défi pour tous les gouvernements éclairés : il s’agit des questions du chômage et de la pauvreté. On parle de moins en moins, de la stratégie de réduction de la pauvreté, mais de plus en plus, de la stratégie d’emplois, de la réduction du chômage. Le droit de travail étant un droit inaliénable, c’est pourquoi le gouvernement béninois s’engage dans cette dynamique et fait de l’emploi aux jeunes, une priorité.
Le chômeur étant l’individu qualifié, en situation d’inactivité, sans revenu, qui cherche quotidiennement à s’insérer dans le tissu social à travailler pour un emploi décent. Selon le Directeur général de l’Institut national de la Statistique et d’Analyse économique (INSAE), Alexandre Biaou, le taux de chômage au Bénin est de 2,6 %. Un taux qui ne prend pas en compte évidemment, le sous-emploi qui est la situation de celui qui est qualifié mais qui est employé en dessous de ses compétences, en dessous du temps de travail disponible (40h) et qui gagne en dessous des revenus dont il a besoin. Puisqu’il n’existe pas d’allocation de chômage au Bénin comme dans les pays développés, le Béninois ne peut se permettre d’être chômeu ; il se retrouve alors dans cet indicateur de sous-emplois élevé de 80 %, selon l’INSAE.
Des chiffres qui parlent…
Au plan international, le Bénin a adopté le plan pour un travail récent parmi les leviers sur lesquels il faut implémenter les droits fondamentaux pour les travailleurs, le dialogue social, la sécurité sociale, la protection sociale en général et surtout l’emploi des jeunes. L’emploi est le meilleur moyen de réduire la pauvreté. Les données en place aujourd’hui indiquent que la main-d’œuvre béninoise est occupée dans des métiers précaires qui garantissent des revenus très faibles. Evidemment cette situation s’explique par la prédominance informelle. Selon Biaou, la population active avoisine 3 millions et près de 400.000 jeunes sont actuellement au chômage.
L’Agence nationale pour la promotion de l’Emploi (ANPE), qui est une porte d’entrée aux jeunes à l’emploi, s’attèle non seulement à contribuer à l’élaboration d’une politique nationale mais aussi à sa mise en œuvre selon son Directeur général Didier M. Djego. « Si le taux du chômage est de 2,6 %, il est un peu plus élevé dans la catégorie des jeunes soit environ 6,1% et celui du sous-emploi au plan national est de 52 % et 80% chez les jeunes » a confié M. Djego.
Face à cette situation, l’Anpe s’emploie au quotidien à faire baisser le taux du chômage : 12.000 chercheurs d’emplois a été enregistrés soit 10 % du chiffre manipulé sur le marché de l’emploi parce qu’il est établi que 120.000 demandeurs ou chercheurs d’emplois viennent sur le marché chaque année. 4300 jeunes ont bénéficié de l’orientation vers l’emploi salarié à travers le contrat première expérience professionnelle qui permet de renforcer l’employabilité de ces jeunes et de les insérer in fine dans le tissu économique. 4800 ont bénéficié de formation pour l’auto-emploi et 10.000 ont été mis en contact avec les offres d’emplois dont 2200 ont été réellement insérés. Il est dit que les 4300 qui bénéficient d’un stage de pré-insertion sont pour la majorité gardés par les entreprises.
L’emploi indépendant, seule porte de sortie
La question cruciale du chômage fait également l’objet d’un séminaire gouvernemental depuis le début de cette semaine. « Les Béninois doivent comprendre que l’Etat providence est terminée, l’Etat est désormais un facilitateur de la promotion de l’Emploi » a déclaré Komi Kountché, ministre de la Communication.
L’emploi indépendant est la seule porte de sortie ce qui justifie la création du Fonds national pour la promotion de l’Emploi aux Jeunes (FNPEJ), l’une des nombreuses initiatives que l’Etat a mises en place depuis 2006 pour accompagner la promotion de l’emploi indépendant. L’emploi étant un secteur transversal, à travers ce fonds, environ 23.000 jeunes ont été installés dans le périmètre de Malanville.
Une embellie de la performance économique
Nonobstant ces chiffres qui laissent l’auditeur sur sa soif, des données économiques plaident en faveur d’une embellie de la croissance économique. Un diagnostic macroénomique rapide, révèle qu’en dépit du contexte mondial, l’Afrique se distingue par une forte croissance et le Bénin se retrouve dans cette dynamique avec un taux de 5,4 % en 2012 alors qu’il était initialement prévu une croissance de 4,5 % selon le Directeur général des Affaires économiques (DGAE) du Ministère des Finances et de l’Economie, Apollinaire Houénou.
Pour le DGAE, « l’inflation était élevée au cours de l’année 2013 et le gouvernement a pris une série de mesures qui permettent d’enregistrer une inflation de 3%. Les performances des régies se poursuivent grâce au programme d’assainissement des finances publiques. La douane a dépassé la fatidique barre de 300 milliards de recettes pour une première fois » a-t-il expliqué.
Par rapport au taux d’endettement, la norme communautaire au niveau de l’Uemoa est de 70 % et le Bénin se trouve à 22%. Ce chiffre se révèle important d’autant plus que la capacité d’absorption administrative s’accroit et offre assez d’espace pour accélérer le programme de dotation du Bénin en matière d’infrastructures. Cependant, ces performances économiques ne permettent pas de rompre avec la réalité quotidienne des Béninois en quête d’emplois.
M. Biaou renchérit en invitant les uns et les autres à observer ces performances à la lumière de celle observée au niveau régional. Au sein de l’Uemoa, le Bénin se classe 3ème par PIB par tête, régulièrement sur près de 10 ans. « Le PIB par tête a été doublé entre 2006 et 2012, soit nous sommes passés de 500 $ en 2006 à moins de 800$ par tête ». Tandis qu’au sein de la Cedeao, le Bénin occupe le 6ème rang après la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et autres pays qui disposent des mannes qui impulsent leur croissance économique.
Par rapport aux indicateurs de pauvreté, le Bénin est à un indice de 35 % alors que la moyenne régionale est de 49 %. « Lorsque vous évaluez la pauvreté que ça soit du point de vue du taux, de la sévérité (inégalités de revenus), de la profondeur (l’écart entre les revenus de la population), le Bénin occupe la première place dans l’espace Uemoa. Ce qui ne veut pas dire systématiquement que les populations ont déjà l’idéal quelles veulent pour leur condition de vie » a reconnu Komi Kountché.
Enfin, la résultante de la croissance doit se sentir sur la vie sociale. Certes, tout n’est pas linéaire ; beaucoup d’espaces d’amélioration et d’espaces d’efficiences restent à explorer. Le Bénin ambitionne d’atteindre au moins cinq Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sur les huit. Donner de l’emploi à tous, est le défi majeur du Gouvernement qui doit œuvrer pour que la population active soit réellement occupée ; ce qui à coup sûr contribuera à la réduction de la pauvreté.
Aline Assankpon