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Relance du secteur agricole durant période 2006-2015 / Décryptage de l’entretien du Ministre de l’Agriculture. Pour une mise en échelle d’une agriculture intelligente en 2016


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De 2006 à nos jours, l’on peut parler de la naissance d’une révolution agricole  qui s’est traduite par d’importantes allocations de ressources au secteur agricole. Au total, plus de 400 milliards de Fcfa ont été injectés dans ce secteur pourvoyeur d’emplois. Ce qui a permis d’atteindre le taux d’allocation des ressources dans le secteur, de l’ordre de 11%. Dépassant ainsi les 10% imposés par la déclaration de Maputo (Mozambique) en 2003. Des efforts récompensés aujourd’hui par la communauté internationale à travers deux prix dans le secteur de la sécuritaire alimentaire au Bénin. C’est le décryptage d’un entretien avec M. Rufin Orou Nan Nansounon, Ministre de l’Agriculture, d’Elevage et de la Pêche sur le thème « Secteur agricole 2006-2015 : quel est le bilan ? »

Ph/DR-:  M. Rufin Orou Nan Nansounon, ministre béninois de l'Agriculture, d’élevage et de la Pêche

Ph/DR-: M. Rufin Orou Nan Nansounon, ministre béninois de l’Agriculture, d’élevage et de la Pêche

La relance du secteur agricole est l’une des actions prioritaires du gouvernement béninois engagées pour réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Et pour ce faire, il a fallu élaborer un Plan stratégique de la Relance du Secteur agricole (PSRSA) d’où est issu le Plan national d’investissement agricole (PNIA) imposé par le Nepad au plan continental.

Boussole du secteur agricole, la mise en œuvre du PSRSA a dégagé un taux de réalisation de 70,87% au plan physique. «En revanche, sur le plan financier, on enregistre un taux de 47% lié à la lourdeur administrative notamment les procédures de passation des marchés » a déclaré Félix Nan Nansounon, Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP).

Aussi, faut-il reconnaitre que des efforts louables sont fournis par le gouvernement en vue de la simplification desdites procédures. Selon le ministre, les délais ont été compressés au niveau des étapes de passation ce qui permettra d’améliorer le taux de consommation des crédits alloués à chaque département.

A la question de savoir quelles sont les actions prévues dans la mise en œuvre du PSRSA et qui n’ont pu être réalisées à ce jour? D’autant plus que l’installation du Conseil national d’orientation du secteur agricole (Cnos) intervient justement pour la mise en œuvre et le suivi évaluation de ce plan.

Le ministre Nan Nansounon reconnait à cet effet, que l’installation des membres du Cnos (un cadre de concertation au niveau du secteur agricole) a réellement ralenti l’exécution du plan ; ce qui justifie le taux de 70% réalisé à ce jour. « Ce Cnos a été installé en vue de booster les réformes et les actions prioritaires qui ont été engagées au niveau du plan et qui n’ont pas encore connu une amélioration ou un début d’exécution ».

Ph/DR: Le gouvernement béninois à travers le président Boni Yayi a  mis à la disposition des producteurs, un lot important de matériels agricoles

Ph/DR: Le gouvernement béninois à travers le président Boni Yayi a mis à la disposition des producteurs, un lot important de matériels agricoles

La mécanisation pour booster l’agriculture béninoise

La mécanisation agricole a effectivement permis aux producteurs béninois d’emblaver d’énormes superficies cultivables. Pour ce faire, le gouvernement a acquis et mis à la disposition des producteurs, un lot important de matériels agricoles, composés de 450 tracteurs munis des équipements et accessoires. De même, l’usine de Ouidah (Bénin-Tracteurs) a pour sa part, mis à la disposition d’autres producteurs 100 tracteurs. Par rapport à la qualité de ces tracteurs, le Ministre indique qu’ils sont de très bonne qualité, adaptés au sol béninois.

«Aujourd’hui, pour impulser l’amorce de la mécanisation agricole, le gouvernement a consenti 50% des subventions d’équipements agricoles notamment les tracteurs sur la base du prix de vente unitaire. Ce qui permettra d’encourager la production et d’augmenter la superficie à emblaver qui jusque-là est largement inférieure à 20% des superficies cultivables. Et de réduire la pénibilité du travail des producteurs » a souligné le ministre de l’agriculture.

Ph/DR-: Plus de 500 tracteurs sortis de l’Usine de Bénin-Tracteurs, munis des équipements et accessoires sont distribués à travers tout le pays aux producteurs...

Ph/DR-: Plus de 500 tracteurs sortis de l’Usine de Bénin-Tracteurs, munis des équipements et accessoires sont distribués à travers tout le pays aux producteurs…

Fonctionnalité des usines de transformation installées à travers le pays

En effet, des mois déjà que des usines de transformation agricoles sont installées à grande pompe et à grand frais à travers le pays ; mais depuis, ces usines apparaissent comme des « Eléphants blancs » et n’abritent que des rats et souris. A la question de savoir la fonctionnalité effective de ces usines, le Ministre du MAEP, explique que deux (02) rizeries installées (l’une à Malanville et l’autre à Glazoué) sont actuellement fonctionnelles et six (06) usines de transformation des fruits de saison sont installées à travers le pays.

«Actuellement le gouvernement est en train de prendre des dispositions pour assurer la mise en service et l’exploitation des six usines à travers un contrat d’assistance avec la Société Angélique qui a installé lesdites usines » a-t-il expliqué.

De l’avis du ministre, le projet de contrat de ces fameuses usines inexploitées est actuellement transmis à la Direction nationale de Contrôle des marchés publics dont l’avis est attendu pour la finalisation et la signature de ce dossier pour une mise en exploitation effective. «Ce qui permettra de créer beaucoup d’emplois au niveau de la jeunesse» souligna le ministre qui estime que le démarrage effectif de ces usines est imminent et ne saurait durer pour longtemps.

Ph/DR-: Ils sont  plus de 2000 jeunes recrutés en 2007 au titre d’Agents contractuels de l’Etat dans les exploitations agricoles

Ph/DR-: Ils sont plus de 2000 jeunes recrutés en 2007 au titre d’Agents contractuels de l’Etat dans les exploitations agricoles

L’agriculture, un secteur pourvoyeur d’emplois

Dans l’optique de booster l’agriculture et d’initier les jeunes chômeurs à l’agriculture et à l’entreprenariat, le Gouvernement béninois a installés dans des exploitations agricoles (à l’instar du centre Songhaï de Porto-Novo) à travers différentes communes du Bénin. Invité à faire le bilan sur le niveau d’exploitation et d’expérimentation de ces jeunes exploitants, Félix Nan Nansounon estime que le bilan est globalement positif.

En effet, ils sont 2000 jeunes recrutés en 2007 au titre d’Agents contractuels de l’Etat (ACE) et reversés comme APE (Agent permanent de l’Etat) au profit du secteur agricole. En 2012, ils sont également 1045 jeunes recrutés sous forme de contractuels locaux et reversés en contractuels d’Etat. Et 70.000 jeunes recrutés sont installés dans les différents périmètres rizicoles à Malanville et dans les fermes d’Etat installées à travers le pays. « Aujourd’hui, ces jeunes pour la plupart sont des entrepreneurs agricoles ; c’est un bilan positif» affirme le ministre.

Ph/DR-: La maîtrise de l’eau pour laquelle, il faut prendre des dispositions pour mobiliser des ressources au financement de grands projets structurants pour le secteur agricole est l'une des préoccupation de l'actuel gouvernement

Ph/DR-: La maîtrise de l’eau pour laquelle, il faut prendre des dispositions pour mobiliser des ressources au financement de grands projets structurants pour le secteur agricole est l’une des préoccupation de l’actuel gouvernement

Aussi, dans le cadre d’un mémorandum signé entre la Société ADS Global Corporation et le Gouvernement du Bénin, il est prévu la formulation et la mise en œuvre d’un vaste programme dénommé : Programme d’appui à la transformation des filières agricoles et des filières porteuses au niveau du Bénin. «Ce programme, d’un coût global de 10 milliards de Fcfa, envisage la création de 10.000 emplois au profit de notre jeunesse » a précisé Nan Nansounon.

Des défis et perspectives pour 2016

Natif de Banikoara, localité désignée comme le bassin du coton béninois ; le ministre de l’Agriculture, d’Elevage et de la Pêche énumère au total, six (06) défis majeurs à relever  pour  l’épanouissement  de ce secteur en 2016. Il s’agit notamment de : la levée des contraintes liées aux effets pervers des effets climatiques (par exemple, la sécheresse vécue en 2015, a eu un impact négatif sur la production agricole) ; la maîtrise de l’eau pour laquelle, il faut prendre des dispositions pour mobiliser des ressources au financement de grands projets structurants pour le secteur agricole ; l’opérationnalisation des agences mises en place dans le cadre de la mise en œuvre du PSRS ; l’amélioration des rendements et de la productivité agricole ; la professionnalisation des exploitations agricoles de type familiale et enfin la promotion de l’entreprenariat agricole.

Ph/DR-: "...l’orientation des projets du secteur agricole et la transformation des produits agricoles s'avèrent nécessaire..."

Ph/DR-: « …l’orientation des projets du secteur agricole et la transformation des produits agricoles s’avèrent nécessaire… »

«Il s’agit de prendre toutes les dispositions en 2016 pour lever ces contraintes liées au changement climatique à travers la mise en échelle d’une agriculture intelligente face au changement climatique et la sécurité alimentaire face à l’adaptation du changement climatique».

Selon le ministre de l’Agriculture, en termes perspectives majeures, on peut également retenir l’orientation des projets du secteur agricole et la transformation des produits agricoles. Ce qui induira à coup sûr, la création d’emploi et une meilleure utilisation de la mécanisation agricole en vue d’augmenter la superficie qui jusque-là est inférieure à 20% de la superficie cultivable au Bénin.

 

Agriculture familiale-2L’atteinte des objectifs de Maputo

Au total, le secteur agricole béninois a atteint un taux de croissance de 6%. Des réformes et actions prioritaires ont été engagées par le chef de l’Etat à travers le secteur agricole. Des résultats très appréciables ont permis d’atteindre la cible de réduction de la faim des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Evidemment, ces efforts ont été récompensés à travers deux (02) prix décernés par la communauté internationale au Dr Boni Yayi, dans le domaine de la sécurité alimentaire. « Globalement nous pouvons dire que le bilan est positif et que le secteur agricole au Bénin se porte bien » affirme Rufin Orou Nan Nansounon.

Aline ASSANKPON


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