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Interview /DG BRVM, Edoh Kossi Amènouvé répond : « Le WACMIC pourrait être un levier extrêmement important de mobilisation des ressources ».


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 L-integration : La BRVM prévoit-elle des conditions souples au financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) pour leur éclosion afin de faciliter  leur introduction sur le marché boursier ?

Ph:Dr- Edoh Kossi Amènouvé, DG/BRVM : «… Nous devons aller à la deuxième phase qui est plus importante : l’octroi de passeport commun ou d’agrément unique aux courtiers… »

Ph:Dr- Edoh Kossi Amènouvé, DG/BRVM : «… Nous devons aller à la deuxième phase qui est plus importante : l’octroi de passeport commun ou d’agrément unique aux courtiers… »

M. Edoh Kossi Amènouvé : La solution au financement des PME, n’est pas seulement une solution qui doit être trouvée au niveau de la bourse. Je crois que les banques, les institutions financières travaillent au niveau de ces matières-là. L’objectif que nous visons aujourd’hui, c’est de donner un accès, en assouplissant dans une certaine mesure la règlementation pour les PME, les entreprises à la recherche d’un capital de démarrage et les entreprises à forte potentiel de croissance.

C’est le point de départ de la facilitation de l’accès des PME au marché. Mais nous avons compris également que les PME ne sont pas toujours prêtes à venir à la BRVM ou à la bourse. Pour cela, il nous faut mettre en place les mesures d’accompagnement à travers par exemple un fonds de soutien à l’introduction en bourse pour les accompagner dans tout le processus depuis le mandat donné à la société de gestion jusqu’à l’introduction en bourse.

Nous réfléchissons également à mettre en place un fonds d’accompagnement qui prépare les PME pendant un certain nombre d’années (3 à 5 ans) sur différents aspects notamment la gouvernance, la gestion et la publication des informations financières ; cela nous semble indispensables et nécessaire parce qu’on a compris au regard de l’expérience que dans d’autres pays, la question n’est pas seulement une question fiscale, mais une question d’incitation des PME.

Pour que les PME s’adressent à une bourse, il faut qu’elles soient préparées et accompagnées et il faut qu’elles se tiennent dans une démarche progressive d’accès en peu de temps. C’est ce que nous sommes en train de faire et nous espérons que la solution que nous sommes en train de proposer va effectivement répondre aux besoins des PME.

Vous venez d’être porté à la tête d’une organisation d’intégration des marchés de capitaux, le WACMIC ; Félicitation à vous. Quels sont les défis qui vous attendent par rapport à cette nouvelle mission ?

Merci ! Vous savez, la BRVM a été déjà créée sur un modèle, à mon avis, unique au niveau mondial, pour ce qui est commune. Evidemment, nous avons dans notre sous-région, la Cedeao, d’autres bourses plus ou moins développées, le Nigéria, le Ghana. Nous avons constaté que les bourses, quand elles ne sont pas suffisamment capitalisées, suffisamment alimentées en sociétés cotées, elles ont du mal à jouer leur rôle dans le financement de l’économie.

La BRVM est un modèle qui fonctionne déjà. La Cedeao est un espace en cours d’intégration sur plusieurs aspects. On a pensé que les marchés boursiers de cet espace peuvent s’intégrer pour être une plate-forme plus globale et plus importante pour le financement des entreprises.

C’est pour ça que depuis deux ans, les bourses du Nigeria, du Ghana, de la Sierra-Leone et la BRVM se sont rapprochées avec les régulateurs pour mettre en place un Conseil pour l’intégration des marchés financiers d’Afrique de l’Ouest (WACMIC).

Nous avons déjà travaillé sur les aspects techniques : comment faire pour que nos bourses soient intégrées. Quand on parle d’intégration, on a toujours pensé que c’est des avantages ça et là. L’intégration que nous envisageons au niveau de la Cedeao pour les bourses est une intégration qui permet dans un premier temps, un accès sponsorisé aux courtiers des différents pays, aux autres places financières ; c’est-à-dire qu’un courtier nigérian peut accéder à la BRVM à travers un courtier de la BRVM et vice-versa.

Cela donne l’opportunité de drainer aussi bien les ressources du Nigeria, du Ghana vers la BRVM que dans le sens inverse en termes d’épargne. Cela donne aussi aux investisseurs un éventail plus large de sociétés dans lesquelles vous pouvez investir. Par exemple, un investisseur de la BRVM peut avec cet accès sponsorisé investir dans Dangote Cement au Nigeria et un investisseur nigérian peut investir à la Sonatel ou à la BOA-Bénin. C’est le premier pas de l’intégration.

Mais nous pensons que, une fois que nous avancerons, nous devons aller à la deuxième phase qui est plus importante, c’est-à-dire l’octroi de passeport commun ou d’agrément unique aux courtiers. Là, il ne s’agira plus d’accès sponsorisé mais d’accès direct des courtiers qui seront qualifiés. C’est-à-dire que les courtiers qui ont auront l’agrément unique, pourront directement agir dans le marché ghanéen, nigérien ou à la BRVM. Là, ça sera une étape extrêmement importante pour notre marché ; parce que les régulateurs vont reconnaitre à ces courtiers qu’ils respectent certaines conditions d’intervention dans toute la zone Cedeao quelque soit leur pays de localisation.

A cette phase également, nous pensons qu’il y aura possibilité pour certaines entreprises de lever des ressources dans toute la Cedeao quelque soit le pays de la localisation. Vous imaginez la capacité que cela peut donner, pour une entreprise de lever au Ghana, au Nigéria et en Sierra-Léon et au Cap-Vert et dans tous les autres pays de la Cedeao ? Ça peut être également un levier extrêmement important de mobilisation des ressources.

La troisième phase de l’intégration sera la phase où on peut imaginer avoir une plate-forme commune pour la cotation de certaines sociétés.  Cette plate-forme commune n’entraîne pas la disparition des bourses nationales ou locales évidemment. Parce qu’il y aura certaines entreprises qui ne pourront pas y accéder. Les grandes entreprises qui ont des économies dans toute la zone économique pourraient être sur cette plate-forme et lever des ressources communes. En ce moment-là, nous espérons que les transactions sur cette plate-forme se feront dans la monnaie unique prévue à l’horizon 2020.

La Cedeao étant la zone économique la plus performante aujourd’hui sur notre continent appelé à l’avenir à être la zone plus dynamique. Je crois qu’il nous faut d’ores et déjà trouver les moyens pour que les capitaux circulent librement dans notre sous-région et que les entreprises et les épargnants puissent en tirer profit. C’est ça le WACMIC et c’est ce que nous faisons. Nous y croyons fermement et espérons qu’avec cette intégration là, la CEDEAO sera une réalité et nos populations pourront encore profiter. (Propos recueillis par : Aline ASSANKPON)


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