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Economie / Le Bénin face aux enjeux de l’APE : Des opportunités à saisir, des atouts à exploiter pour éviter les risques de régression économique en perspective


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2015 est l’année retenue pour signer enfin l’Accord de Partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays d’Afrique de l’Ouest dès lors que le TEC/CEDEAO sera mis en vigueur. L’analyse des enjeux liés à la signature d’un accord commercial fondé sur le principe de la réciprocité tel que le préconise l’APE sera fera en termes d’avantages et de risques pour un pays comme le Bénin.

Ph:DR- Une structure de commercialisation adaptée pour le marché international de Dantokpa (Cotonou) qui attire un nombre croissant d’acheteurs venant de plusieurs pays africains.

Ph:DR- Une structure de commercialisation adaptée pour le marché international de Dantokpa (Cotonou) qui attire un nombre croissant d’acheteurs venant de plusieurs pays africains.

A l’instar des pays concernés, le Bénin doit  prendre des dispositions idoines pour aller sur ce marché de libre échange. A défaut, son marché sera inondé des produits importés. Cependant le Bénin dispose des atouts pour se tirer d’affaires, il suffit de se lever tôt.

En effet, la question préoccupante actuellement pour les pays de la région et principalement pour le Bénin, est le financement rapide et suffisant du Programme de l’APE pour le Développement (PAPED) dont l’objectif est de contribuer à transformer l’APE en opportunité de développement. Pour le cas spécifique du Bénin, « les échanges commerciaux de notre pays que ceux soient au plan régional (CEDEAO/Uemoa) ou avec le principal partenaire à l’APE (UE) demeurent chroniquement déficitaire » analyse M. Akuetey du Ministère du Commerce extérieur.

L’analyse des performances des secteurs de production au Bénin révèle que le secteur primaire emploi plus de la moitié de la main-d’œuvre et dispose d’un fort potentiel dans le domaine agricole (coton, palmier à huile et cultures vivrières), soit un PIB de 36 %. La production animale apparait un peu faible et la pêche demeure artisanale. Le secteur secondaire demeure le maillon faible de l’économie béninoise avec environ 300 unités industrielles. Il contribue faiblement au PIB, soit un taux de 15%. On y retrouve  les agro-alimentaires, les textiles (presque inexistants) les produits chimiques et matériaux de construction avec un PIB de 15%. Tandis que le secteur tertiaire très dynamique, avec une prépondérance des activités commerciales (Import et Export) dominées par l’informel (40 %) du PIB.

Qu’importe ou qu’exporte le Bénin ?

Déjà l’analyse des échanges avec l’Ue montrent que les importations du Bénin sont très diversifiées comprenant principalement des produits alimentaires, des biens d’équipement, de papeterie, des produits pharmaceutiques (55%) et d’autres produits chimiques, textiles et habillement, énergétiques, etc.  Quant aux exportations, elles sont très limitées reposant sur les produits alimentaires, notamment des tourteaux de coton (pour bétail), quelques produits de pêche (crevettes), des fruits comestibles (ananas, noix de cajou), des tubercules (racines et farines de manioc), des huiles végétales, etc.

Les avantages et risques de l’APE pour le Bénin

Au regard de ce tableau qui présente l’offre et la demande, le Conseiller national  rassure sur le fait que le Bénin gagnerait en allant vers l’APE. Puisque l’Accord de Cotonou, pris en compte par l’APE, introduit une nouvelle approche des relations économico-commerciales basées sur des innovations ; notamment : l’égalité des partenaires dans les relations de coopération avec l’Ue ; l’appropriation des stratégies respectives de développement ; l’extension du partenariat à de nouveaux acteurs tels que le secteur privé et les organisations de la société civile ; le dialogue et des engagements mutuels pour la promotion de la démocratie, l’Etat de droit, le respect des droits de l’homme, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, etc ; et une coopération qui met en exergue la différenciation et la régionalisation. Le tout corroboré par un accord global d’aide et de commerce sur une période de 20 ans avec des revues tous les cinq (5) ans assortie d’une enveloppe financière.

Par ailleurs, les secteurs identifiés comme prioritaires devraient faire l’objet d’une attention particulière en matière du développement économique, social et humain ; de l’intégration et de la coopération régionale. Avec à la clé un soutien sans faille au secteur privé pour améliorer sa compétitivité en vue de soutenir la croissance qui y découlerait.

Au total, il est avantageux pour le Bénin d’aller vers l’APE car celui-ci visent entre autre : la réduction et l’éradication de la pauvreté ; la contribution au développement durable ; l’intégration progressive à l’économie mondiale ; la promotion du développement de la région par l’approfondissement du processus d’intégration ; la stimulation de la croissance économique par l’amélioration de leur compétitivité à travers des renforcements de capacité et des mises à niveau et l’amélioration de l’accès au marché pour des exportations de la région.

Enfin, la mise en œuvre de l’APE pourrait entraîner pour le Bénin la chute des activités productives du fait de la faible compétitivité des secteurs de productions, de l’augmentation de la concurrence et de la détérioration de la balance commerciale. Car les importations augmenteraient plus vite que les exportations. Le désarmement tarifaire entrainera une baisse des recettes de l’Etat et affectant du coup les capacités de l’Etat à intervenir dans l’économie nationale et à résorber le chômage. Conséquences : l’exode rural et la pauvreté risquent de faire un retour en force.

Le Bénin devra donc exploiter judicieusement les opportunités offertes dans le cadre de son appartenance aux organisations communautaires (Cedeao, Uemoa) et internationale (APE) sans oublier celles nationales.

Encadré-1

Quelques risques liés à la mise en œuvre de l’APE pour le Bénin

Malgré l’avalanche d’avantages liés à la mise en œuvre de l’APE, celle-ci renfermerait des risques de régression économique non négligeable pour le Bénin. Il s’agit de l’existence des effets enchanteurs pour les secteurs de production, la balance commerciale, les recettes de l’Etat et autres.

On observera la stagnation ou la diminution de la production nationale par suite de la baisse de la protection tarifaire et une augmentation accrue des importations. En illustration, l’agriculture progresserait de + 0,7%, l’agro-industrie +2% et les autres industries pourraient voir leur production chuter de 76% ».

Durant cette même période les importations totales provenant de l’Ue augmenteraient en moyenne de 19%. Cette hausse affecterait l’importation des produits agricoles (+8,5%), des produits de l’agro-industrie (+11%) et des autres industries (+ 98%). Les importations totales (UE + le reste du monde) progresseraient de 8,5% ».

« Les exportations nationales vers l’Ue quant à elle, augmenteraient de +107% sous l’effet exclusif des produits agricoles (+154%). La part des autres secteurs dans les exportations chuteraient de 218% pour l’agro-industrie et de 99% pour les autres industries. Les exportations totales du Bénin (Ue + le reste du monde) progresseraient en moyenne de + 3% dont 0,7% pour l’agriculture, 2% pour l’agro-industrie ; tandis que les autres industries chuteraient de 76 % » note l’étude.

Des baisses sévères des recettes de l’Etat

« Le secteur des services reste le parent pauvre dans ces simulations, puisque dans tous les cas, il enregistre des baisses plus ou moins considérables. Les recettes douanières et les taxes indirectes chuteraient de 14 milliards environ par an du fait de la baisse des recettes douanières de 30% compensées par une légère hausse des taxes indirectes soit 4% » constate Akuetey Johnson. (A.A)

 

Encadré-2

Opportunités et Atouts pour le Bénin 

«Les risques liés à la mise en œuvre de l’APE pourraient être mitigés si des mesures appropriées sont prise en temps opportun pour mieux exploiter les opportunités qu’offre cet accord et l’intégration régionale » conseille M. Johnson.

Ces mesures passent par l’amélioration des débouchées pour un marché régional de 257 millions de consommateurs avec des chances des économies d’échelle et des gains importants de compétitivité, etc.

L’optimisation des atouts béninois

Le Bénin dispose d’atouts non négligeables dont l’exploitation pourrait lui octroyer des avantages certains. Une stabilité politique, un système démocratique éprouvé certes, mais reconnu dans le monde entier ; une position géographie convoitée (porte d’entrée pour les pays de l’hinterland, Niger, Burkina Faso, Mali) et de la sous-région (Togo, Nigeria (un marché de taille impressionnante), etc) en fait une plateforme commerciale et stratégique.

Il faut des réformes qui visent la relance du secteur économique et du secteur agricole avec une diversification de l’agriculture, des réformes portuaires avec l’installation des infrastructures opérationnelles,  pourraient améliorer la compétitivité du Bénin. La liste n’est pas exhaustive… (A.A.)

Aline Assankpon


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