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Médias : Dans les Etats arabes, les médias francophones sont souvent plus libres que les médias arabophones


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La situation des médias arabes a fait l’objet de réflexions lors du colloque international organisé au Sénégal les 25 et 26 novembre 2014, à l’initiative du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar et du Réseau Théophraste qui regroupe des écoles de journalisme de l’espace francophone.

ph:DR-  Tidiane Dioh, Responsable des programmes médias de l'Organisation internationale de la francophonie (Oif)

ph:DR- Tidiane Dioh, Responsable des programmes médias de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif)

« Le politique détermine l’évolution et la trajectoire des médias arabes », constate le responsable des programmes médias de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), Tidiane Dioh (photo). Cet ancien du magazine parisien Jeune Afrique explique que ce média est né en Tunisie. « Deux ans après, le président Bourguiba et le fondateur (Béchir Ben Yahmed) ont eu des problèmes (…) M. Ben Yahmed a été obligé de déplacer le journal en Italie, puis en France », raconte Tidiane Dioh.

« Toute l’histoire des médias dans les pays arabes prend cette trajectoire », affirme Tidiane Dioh. Non pas qu’il n’y ait pas de médias dans les pays arabes maisprécise-t-il, « les médias internationaux sont obligés de diffuser du dehors pour avoir une influence ». Selon lui, cette influence a grandi et produit les« bouleversements d’aujourd’hui ». A l’image des dirigeants de l’heure, en Egypte et en Tunisie, les grands médias arabes qui arrivent viennent de l’étranger. Tidiane Dioh cite l’exemple de MBC qui a lancé depuis Londres au début des années 1990, par des journalistes qui ont quitté le Liban lors de la guerre.

Poursuivant son analyse, Tidiane Dioh explique que seuls les médias francophones sont tolérés dans les Etats arabes.« Lorsqu’on émet aujourd’hui en français, on a une certaine liberté, parce que la population ne suit pas régulièrement. Mais, en revanche, si vous transgressez les lois médiatiques dans la langue arabe, là, les pouvoirs politiques commencent à vous surveiller », dit-il. « Un confrère égyptien d’Al Akhram me disait: Moi, je peux tout écrire, alors même que dans le même groupe, si on écrit les mêmes choses sur le titre arabe, on est censuré », raconte M. Dioh. « Dans le cas de l’Egypte, il faut savoir que ce pays a une presse francophone depuis 1798. Il en reste deux ou trois, alors qu’à un moment, on avait 60 titres de presse », regrette-t-il.

L’Oif a recensé environ 880 titres de presse dans le monde arabe, de la Tunisie jusqu’à la péninsule arabique. « Il n’y a que 150 titres en français qui restent sur ces 880 et qui jouissent d’une relative liberté, y compris à l’intérieur et dans les pays où les islamistes sont au pouvoir », avance Tidiane Dioh.

Le contenu des médias est largement influencé par le politique, confirme Mme Hasna Hussein, professeur associé à l’Institut des sciences politiques, juridiques et sociales (Ispjs), à l’université Mundiapolis à Casablanca au Maroc. L’universitaire explique que pendant longtemps, les femmes étaient rares sur les plateaux de télévision. Et lorsque celles-ci apparaissaient, elles étaient voilées et cantonnées à des émissions relevant de la « vie domestique et familiale ».

En réponse à l’islamisme, les dirigeants arabes veulent donner à leur Etat une image moderne. Ainsi, on a vu une femme à l’écran, voilée ou non, présentant le journal ou une émission politique. C’est le cas en Arabie Saoudite, sur la chaîne d’information en continue, Al Ikhbaria, qui a été créée en 2004, dans le but de concurrencer Al-Jazeera, rappelle Hasna Hussein. (Agence Ecofin)


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