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NEPAD / Interview du Dr Ibrahim Assane Mayaki : Des agricultures aux hommes d’affaires


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En marge d’un atelier à Rome pour  le lancement de la plate-forme pour la gestion des risques de l’Agriculture, le Directeur exécutif du NEPAD, Dr Ibrahim Assane Mayaki a accordé un entretien  à l’Agence : « Nouvelle des aides au développement » en mettant l’accent sur ​​quelques priorités clés comme l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Dr Ibrahim Assane MAYAHI, Directeur exécutif du NEPAD

Dr Ibrahim Assane MAYAHI, Directeur exécutif du NEPAD

L’ancien Premier ministre du Niger a déclaré à Devex que les ressources financières sont essentielles, mais encore plus pour aligner les efforts de développement avec les plans nationaux de développement agricole. L’entretien a porté sur l’objectif du NEPAD  et le Programme détaillé du développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) qui consiste à transformer les petits exploitants en entrepreneurs. Il a donné un aperçu sur la façon dont le NEPAD doit relever les défis comme les flux financiers illicites et la coordination du développement. Dr Mayaki a également souligné que les pays africains doivent travailler de manière  à associer les efforts de développement avec les plans nationaux de développement agricole.

 

Transformer  les petits exploitants en entrepreneurs. C’est l’objectif ambitieux que vise Dr Ibrahim Assane Mayaki, Directeur général du Nouveau Partenariat pour le développement de la planification de l’Afrique et de coordination. Mais comment pouvons-nous y parvenir?

Mayaki a donné un aperçu sur la façon dont le NEPAD relever les défis comme les flux financiers illicites et la coordination du développement, et la façon dont sa connaissance de taekwondo – qui l’ex- politicien introduit au Niger il y a plus de trois décennies – l’aide à surmonter les obstacles. «Les arts martiaux vous enseignent une chose essentielle : un combat facile a besoin de votre pleine concentration, il ne faut pas sous-estimer aucun combat facile mentalement – mais  la plus complexe de la lutte est la plus détendue vous devez être » a-t-il déclaré.

Quelle a été la plus grande leçon que vous avez apprise en tant que président du Nepad ?

Dr Ibrahim Assane Mayaki : J’ai appris une grande leçon : le développement ne se fait pas dans un processus top-down – il arrive grâce à une combinaison de haut en bas et de bas en haut. Au cours des 50 dernières années, nous avons été concentrés sur top-down, nous n’avons pas examiné au fond. C’est vraiment les Africains ordinaires qui vont développer le continent, pas les gouvernements. Les gouvernements doivent leur venir en aide et leur donner les moyens. C’est l’essentiel de leur rôle.

Qu’en est-il du plus grand défi ? Ou du plus grand échec ?

Les échecs se produisent chaque jour. A chaque échec, on se réveille à nouveau. Le plus grand défi, ce n’est pas la question des ressources financières, ni des contraintes organisationnelles. C’est un état d’esprit.

Lorsque nous parlons de vos programmes ou les programmes d’autres organisations, nous parlons souvent de «l’innovation » ou « approche novatrice  » … Qu’est-ce que peut être considéré comme réellement novateur ? Quelles innovations envisagez-vous sera vraiment crucial pour l’avenir du développement en Afrique et pour la mise en œuvre des programmes du NEPAD ?

Je ne crois pas aux miracles. Je ne crois pas qu’il y aura un seul outil qui sera révolutionnaire … La plupart de la réflexion sur l’impact des mesures innovantes sont basées sur les systèmes de prévisibilité qui ne le sont plus souvent. Je pense que l’innovation est une entreprise au jour le jour. Dans tout ce que vous faites, vous devriez faire preuve d’innovation.

Pour les personnes impliquées dans ces programmes de développement, qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie  qu’il faut donner aux gens en termes de connaissances, le développement qui est l’accumulation du capital. Mais le développement n’est pas que l’accumulation du capital, c’est également l’accumulation des connaissances. Cela nécessite des ressources (…) mais, le bon point est que nous diffusons les connaissances afin de responsabiliser les gens. Alors qui permettra aux gens d’innover de jour en jour.

Pour vous, le secteur privé est la clé de cette transformation. Dans de nombreux forums, inclus la dernière édition des Journées européennes du développement, la discussion est maintenant sur ​​le «comment» le secteur privé devrait être impliqué dans les programmes de développement. Envisagez-vous un risque pour les petits agriculteurs ? Comment  peut-on atténuer ces risques ?

Il y a des risques évidemment. Ce que nous essayons de faire de notre mandat … est de s’assurer que tous les pays où nous intervenons disposent d’un plan national d’investissement pour l’agriculture avant de regarder la façon d’attirer les grandes entreprises. Si les gouvernements n’ont pas bien planifié le secteur agricole et ils entament une liaison contractuellement avec les entreprises, les risques qui y découlent sont très élevés. Par exemple, tout le débat est axé autour de ce que l’on appelle l’accaparement des terres qui est un problème réel. La quantité de terre qui a été saisie en Afrique, est équivalente à la superficie totale de l’Afrique du Sud et le Zimbabwe. Ce qui n’est pas négligeable. Maintenant,  le rôle du secteur privé est indispensable et les gouvernements ne devraient pas à travers la méthode de top-down afin imposer une stratégie au secteur privé.

Croyez-vous franchement qu’il est possible de parvenir à un développement et le développement de l’agriculture en Afrique, qui aussi a connu un grand niveau de corruption ? Que faites-vous pour résoudre ce problème ?

Nous avons un comité de travail sur ce que nous appelons les flux financiers illicites. Ce comité a travaillé avec la Commission économique pour l’Afrique, avec Transparency International et ce que nous avons trouvé dans les chiffres, qui sont des chiffres approximatifs, c’est que le montant est d’environ 50 milliards de dollars par année. Notre surprise a été que plus de 60 pour cent de ce montant n’a rien à voir avec la corruption ; mais il s’agit des multinationales qui ne paient pas d’impôts en raison des faiblesses institutionnelles de nos gouvernements. Si nous voulons réduire les flux financiers illicites, il est vrai que nous devons lutter contre la corruption, mais la partie la plus importante des flux financiers illicites se trouve au niveau des grandes sociétés privées qui exploitent les ressources naturelles et ne payent pas leurs impôts.

Source : Nouvelles des Aides au développement


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