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Afrique 2014 / Nos pronostics pour 2014 : l’Afrique entre guerre et paix


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Entre les voeux de bonheur pour l’année nouvelle, voici  nos pronostics pour l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Ouest, le Maghreb, l’Egypte et la Libye.  La santé politique, économique et financière de ces différentes parties du continent dépendant plus ou moins de plusieurs paramètres et de trois capitales: Washington, Pékin et Paris.  Bonne et heureuse année 2014. 

 

Ph: Dr - La santé politique, économique et financière du continent

Ph: Dr – La santé politique, économique et financière du continent

Aux USA, retour des républicains dés les élections de  mi-mandat (renouvellement de la chambre des sénats et d’une partie du Congrès).  Les thèmes dominants  se joueront entre  l’Obamacare et les griefs du  Tea Party sous fond de ce qui sera vu comme l’échec du président Obama dans les relations internationales: le dialogue avec l’Iran et la crise syrienne, deux aveux de la faiblesse de l’Amérique démocrate. L’Iran négociera serré avec la communauté internationale en dépit d’une pression forte d’Israël et d’une crise majeure à Ghaza.  Sur le plan intérieur, l’échec de la réforme de la politique de l’immigration ajouté au démarrage timoré de l’Obamacare renforcent notre sentiment d’une année 2014 compliqué pour le 44e président des USA qui risque de perdre l’électorat latino et la frange conservatrice de son parti.

 

En Chine, le ralentissement prévu en 2014 (projection pessimiste de 6,9% de croissance de PIB)  risque d’affecter structurellement certains de ses gros clients comme l’Angola, les deux Soudans, la Zambie, le Mozambique et le Nigéria.  La  plupart des métaux seront affectés. 

 

En France, le président François Hollande fera face à un test grandeur nature de sa politique de relance économique  à l’occasion des locales.  L’international et notamment l’intervention au Mali et en Centrafrique ne pèseront pas beaucoup dans les débats sauf évolution imprévue de la situation à Bangui et recrudescence anormale des escarmouches à Kidal entre le dispositif Serval et les Jihadistes.  Or, il  semble que tant sur le fleuve l’Oubangui qu’ au Sud de Tamanrasset, la dynamique porte plutôt vers un apaisement de la violence sans réglement de fond.   Le président français sera forcément interpellé sur son budget de défense et le temps de déploiement de son armée en Centrafrique. Selon tous les sondages IFOP, le Front National est bien parti  pour réussir cet ancrage local qu’il cherche depuis sa création il y a quarante ans. Se dirige-t-on vers un improbable duel PS-Front National sous fond de retrait de l’UMP, affaibli par des querelles internes?

 

En Afrique du Sud, pour la première fois l’ANC est confronté au doute: va-t-il gagner les élections nationales d’avril à juin 2014?  Faudra-t-il écarter un président Jacob Zuma hué lors des obséques de Nelson Mandela?  Le scandale de la rénovation de sa résidence secondaire, qui a coûté 20 millions de dollars au contribuable sud-africain,  risque d’ébranler la popularité du parti au pouvoir. Selon une enquête du Sunday Times sud-africain, plus de 51% des interrogés souhaiteraient voir le président Zuma démissionner avant les élections générales.  En cas de désistement du président Zuma, c’est Cyril Ramphosa,  vice-président de l’ANC,  qui semble favori.  Avec l’un comme avec l’autre, l’Afrique du Sud n’aura pas renoncé aux liaisons dangeureuses entre pouvoir et business.

 

En République Démocratique du Congo, le président Joseph Kabila, en poste jusqu’en 2016, date de son dernier mandat, devrait multiplier les manoeuvres politiciennes dés 2014 pour lever les dispositifs constitutionnels l’empêchant de briguer un troisième mandat.   Si l’hypothèse se vérifiait, cela aiguiserait les appétits en interne et précipiterait la RDC en zone d’instabilité accrue.   Un éventuel affaiblissement du pouvoir central à Kinshasa donnerait des armes aux rébellions actives et dormantes dans le Kivu et le Katanga.  Cette dernière région, la plus riche du pays, hantée par des tentations sécessionnistes depuis 1960, devra élire son gouverneur en 2014.  Région natale du président Kabila, le Katanga, grand comme l’Espagne, est un réservoir mondial de cuivre qui a cette particularité d’avoir résisté à l’offensive chinoise en Afrique.   Encore bastion des entreprises occidentales à l’instar de l’américaine Freeport McMoran, le Katanga est dominé par l’actuel gouverneur, le richissime Moise Katumbi qui représente le parti au pouvoir, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et le développement).

 

Au Rwanda, le président Paul Kagamé qui a mené l’une des plus grandes politiques de développement en zone tropicale devra choisir son dauphin.  En 2014, le pays des mille collines célèbrera le 20e anniversaire de son génocide. Du 19 au 23 mai, le Rwanda accueillira les assemblées générales de la Banque Africaine de Développement (BAD) dont le président, Donald Kaberuka, fait partie, logiquement, des successeurs probables de Paul Kagamé au même registre que l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Rentrée seulement en 2008 aprés 20 ans d’exil aux USA, cette femme à fort caractère, candidate malheureuse à l’ONU des femmes, en 2010, serait le seul obstacle à Donald Kaberuka. Rendez-vous en 2015.

 

Au Congo-Gabon-Cameroun-Guinée Equatoriale-Tchad- Centrafrique:des pays dont la santé économique reposera en grande partie sur l’évolution du cours de brut. La prochaine présidentielle à Brazaville est programmée en 2016.  Il s’agit, constitutionnellement, du dernier mandat de l’actuel président Denis Sassou Nguesso.  A la question de qui sera son successeur, posée par Paris Match,  le président a décoché un énigmatique “il n’en est pas question” qui laisse perplexes les anti troisième mandat.

 

Au Cameroun, l’épervier se posera-t-il de son long vol en 2014?  Avec une bonne partie d’ex collaborateurs en prison, le président Biya,  voit sans doute clair quant à son successeur.  Une chose est sûre, une  bonne prestation des Lions Indomptables au mondial brésilien de l’été 2014, aura plus de retombées sur la cote de popularité du locataire du Palais d’Etoudi que l’infléchissement des courbes du chômage et de la pauvreté. Le pays devra faire face aux risques provenant  du Nigeria (Boko Haram), de la Centrafrique (Séléka) et aux tensions persistantes dans la presqu’île de Bakassi. Une prise de part active du Cameroun dans le conflit centrafricain est porteur, à notre avis, de destabilisation à l’intérieur de ses frontières.

 

Au Gabon, engagé dans sa politique d’émergence, le président Ali Bongo compte sur une croissance de 6,8% selon les estimations du comité monétaire et financier du Gabon.  De telles projections reposent sur des paramètres nationaux (poursuite des investissements) et internationaux (cours du pétrole). Après la résiliation du contrat relatif au gisement de fer de Bélinga (au détriment des chinois), le Gabon, un moment tenté par l’internationalisme, semble revenir à des choix plus classiques.  Son exposition sur le marché international de la dette, qui représente une forte contrainte financière, est aussi une motivation supplémentaire à adopter des choix rationnels dans la conduite des politiques publiques;  La RCA constitue, à notre avis, un facteur de risque important sur le Gabon.

 

En Guinée Equatoriale, le président  Obiang Nguéma, réélu en 2009 avec un score de plus de 95% des voix devra faire face en 2014 au paradoxe africain: un Etat riche et une population majoritairement pauvre; Les risques de troubles ne sont pas à écarter dans ce pays relativement stable. L’investissement massif dans les infrastructures devra se poursuivre. Il en est de même de l’engagement de la Guinée Equatoriale dans le projet d’intégration de la CEMAC (Gabon, Cameroun, RCA, Tchad, Congo). Malabo a dit niet au passeport unique et à la libre circulation en considérant, sans doute, les menaces liées au contexte régional (RCA, Tchad). En misant sur des alliances fortes avec Washington au détriment de Madrid et Paris, le président Nguéma est arrivé jusque-là à s’assurer une relative marge de manoeuvre.

 

Au Tchad, l’année 2014 sera décisive pour Idriss Déby Itno. Engagé sur deux fronts (Mali et RCA), le président se retrouve exposé face aux chaos du Sud-Soudan et de la RCA. Arrivera-t-il à contenir les groupes armés organisés et ceux hors  contrôle  qui rentreront sûrement à la maison?  L’organisation des premières départementales et sénatoriales en 2014 s’inscrit dans une volonté d’institutionnalisation du pouvoir et d’amélioration de la relation entre gouvernants et gouvernés.  Le budget de 120 milliards de FCFA prévu pour le recensement biométrique revéle une volonté de clarification et d’identification des acteurs.  Au pouvoir depuis décembre 1990, le président Idriss Deby Itno pourra-t-il compter sur la base militaire française au tchad en cas de difficultés majeures?

 

En Centrafrique: des élections en 2014 pour rétablir l’ordre constitutionnel?   La prestation de serment des 7 membres de la toute nouvelle autorité nationale des élections, le 24 décembre, installe  le pays dans une logique de référendum suivi de présidentielles législatives et municipales.  Une sortie de la crise à la malienne à cette différence près que le pays du président IBK n’avait pas basculé dans une guerre civile aux allures génocidaires selon les termes utilisés par certaines chancelleries. A noter que la feuille de transition libellée sur les accords de Libreville prévoit des élections en 2015.  Mais le président François Hollande a émis le souhait de voir ces élections en 2014. “Délais tenables” selon le président de l’ANE (Autorité nationale des élections), Dieudonné Coumboyaya. Dans tous les cas, l’actuel président centrafricain par intérim, Michel Djotodia, semble n’être plus l’homme de la situation tant pour ses concitoyens (exposés à la guerre civile) que pour les partenaires africains et internationaux.

 

 Au Sénégal-Ghana- Togo-Bénin-Côte d’Ivoire-Mali-Cap-Vert-Guinée Bissau-Nigeria-Burkina -Faso- Niger-Mali-Maroc-Algérie-Tunisie, Lybie et Egypte: Ces pays constituent un ensemble allant de la savane au sahel et au désert.

 

Au Sénégal,  le président Macky Sall se dirige, en 2014, vers des élections municipales compliquées doublées d’une réforme administrative (décentralisation avancée)  peu comprise des sénégalais.  Avec une cote de popularité largement entamée à cause de l’inadéquation des politiques de développement économiques adoptées depuis son élection en mars 2012, le président devra faire face à l’exacerbation des tensions sociales (revendication salariales, grèves) et aux conséquences médiatiques de la lenteur du traitement du dossier des “biens mal acquis”. Le cas Karim Wade (un premier rendez-vous dés le 9 janvier) semble être un dossier de crispation entre le pouvoir et l’opinion publique.

 

Au Bénin, les élections locales prévues en 2014 ne semblent pas être un enjeu de pouvoir. Par contre, le projet d’amendement de la constitution, risque de crisper le débat politique autour d’un éventuel troisième mandat du président Thomas Boni Yayi. Un débat qui occultera sûrement la parité “mécanique”, contenu d’un projet de loi concernant les fonctions électives et nominatives. Fort d’un taux de croissance de 6,5% en 2013, le Bénin  dispose à priori d’un bon ballon d’oxygène pour traverser l’année 2014 en toute inquiétude. A condition de ne pas tenter le bras de fer avec le secteur informel crédité de 95% des emplois.

 

Au Togo, l’année 2013 s’en va dominée par les conséquences juridiques et politiques des incendies des marchés de  Kara et de  Lomé en janvier.  Après des législatives crispées en juillet dernier, le pays s’apprête à vivre des locales  en 2014, ultime étape vers les présidentielles de 2015. L’enjeu de la nouvelle année réside plutôt dans le dégel annoncé des salaires de la fonction publique.

 

Au Ghana, le gouvernement du président Dramani Mahama mise sur la rigueur budgétaire pour réduire un déficit jugé alarmant. Le pays compte ramener l’inflation de 13,1% à 9,5%. En fait, le véritable risque politique du pays réside dans le leadership même du président Mahama, élu avec 50% des voix et, depuis, exposé à la défiance d’une opposition qui a fait recours et de ses supposés partisans. Dernière en date, l’appel de l’ancien président Jerry Rawlings, fondateur du parti au pouvoir, appelant le président à opérer un remaniement ministériel pour lutter contre la corruption.

 

En Côte d’Ivoire: l’année 2014 est une période charnière pour le président Alassane Ouattara, candidat déclaré à sa propre succession en 2015.  La mère des batailles réside pour l’ancien haut fonctionnaire international dans la capacité de son pays à réussir le pari du retour de la Banque Africaine de Développement. En dépit des nombreux efforts entrepris par le gouvernement ivoirien, le clivage Nord-Sud persiste.  La popularité de l’ancien président, Laurent Gbagbo,  restant un paramètre troublant pour son successeur.  Le deuxième mandat du président Ouattara dépendra non seulement des succès économiques (acquis sur le plan macroéconomique) mais aussi de sa capacité à maintenir le pacte entre ses deux alliés, à savoir Guillaume Soro (président de l’assemblée nationale, symbole de l’avenir) et le président Henri Konan Bedié,  toujours incontournable;

 

En Mauritanie, le président Mohamed Abdel Aziz se dirige vers des présidentielles à priori gagnées d’avance pour le mois de juillet 2014.  La profonde division de l’opposition ajoutée à une administration peu indépendante sont autant de gages d’une réélection assurée, dont l’enjeu sera de se dédouaner des accusations de fraude ou d’un éventuel boycott (peu probable selon les informations) de l’opposition. En dépit d’un fort taux de croissance (6,3%), le pays reste exposé à une explosion de pauvreté sans précédent ajoutée à des tensions ethniques latentes.

 

Au Maroc, la question du Sahara sera l’un des axes majeurs de la diplomatie pour l’année 2014.  Les enjeux autour du mandat de la Minurso constituaient le point nodal de ce dossier au courant du deuxième semestre 2013. L’enjeu du PJD, parti islamiste modéré à la tête de la coalition au pouvoir sera la réforme de la retraite (équilibre, largement entamé, devant s’estomper en 2021  selon les projections). Le taux élevé du chômage parmi  les diplômés reste à notre avis l’un des principaux points de crispation du royaume en 2014. Egalement parmi les paramètres à surveiller: la réforme de la caisse de  compensation (mécanisme d’indexation et de subvention des prix)  et son incidence sur les prix de certaines denrées.

 

En Algérie, l’enjeu de 2014 résidera dans l’éventualité ou non d’un quatrième mandat pour le président Boutflika en avril prochain; Les choses sont loin d’être réglées. “Si Bouteflika veut se porter candidat, il va l’annoncer lui-même”, déclarait récemment le premier ministre Abdelmalek Sellal.   Autre déclaration, celle de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra: «La question de la présidence de la République est une relation personnelle qui lie le président aux Algériens». Parmi les enjeux de 2014, l’évolution des réserves de change, la facture des importations et la revitalisation économique par la révision de la règle des 49/51.

 

En Tunisie, seul pays du printemps arabe à résister, partiellement, à la montée de l’obscurantisme, l’année 2014 devra marquer la fin d’une longue transition; Les différents processus arriveront-ils à terme au 14  janvier, date anniversaire de la révolution? Le premier ministre, Mehdi Joôma a promis de “favoriser les conditions appropriées pour des élections transparentes et crédibles, à assurer la sécurité des Tunisiens, et à promouvoir l’économie afin de sortir de la crise”. La stabilité du pays repose grandement sur une reprise en zone euro, annonciatrice de plus d’arrivées de touristes à Djerba et à Monastir.

 

En Egypte, le risque d’une explosion de violences est toujours aussi  élevé. Le gouvernement mis en place par l’armée à la suite de la destitution le 3 juillet du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, dit mener une “guerre contre le terrorisme”, alors qu’il a engagé le processus qui doit permettre la tenue d’un réferendum constitutionnel en janvier, avant des élections présidentielle et législatives. Les autorités militaires qui  ont inscrit  la confrérie islamiste des Frères musulmans  sur la liste des organisations terroristes parviendront-ils à sauver le pays du Chaos?

 

En Libye, les élections pour la constituante sont fixées à la fin février.  La question berbère (amazigh) et, accessoirement, noire, fait partie des enjeux. La commission constitutionnelle doit être composée de 60 membres représentant à égalité les trois régions historiques de la Libye – la Cyrénaïque (est), le Fezzan (sud) et la Tripolitaine (ouest). Sur les 60 sièges, six sont réservés aux minorités (Toubou, Amazigh et Touareg), et six autres aux femmes. Reste à savir si le premier ministre Ali Zeidan parviendra entre temps à conserver son poste. (Financialafrik)


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