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Bonne gouvernance : La Fondation Mo-Ibrahim sanctionne les dirigeants africains


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Ph : Dr - Le milliardaire d’origine soudanaise Mo Ibrahim dirige une fondation destinée à améliorer la gouvernance en Afrique

Ph : Dr – Le milliardaire d’origine soudanaise Mo Ibrahim dirige une fondation destinée à améliorer la gouvernance en Afrique

La Fondation Mo-Ibrahim vient d’annoncer qu’elle refusait de décerner son prix annuel de la bonne gouvernance. Pour la quatrième fois depuis sa création en 2007, le Prix Mo Ibrahim de la bonne gouvernance en Afrique ne sera pas décerné. Parmi les dirigeants qui ont quitté le pouvoir depuis trois ans, aucun n’a convaincu par sa gestion des affaires publiques.

Selon le géant des télécoms britannique, sa fondation estime qu’aucun pays africain ne l’aurait mérité cette année. La décision tombe juste quelques jours après que l’Union Africaine a décidé de lancer une procédure qui pourrait déboucher sur un retrait massif des pays africains du traité de Rome qui consacre les compétences de la Cour Pénale Internationale.

Avec une pointe d’ironie, l’homme d’affaires a ajouté que la fondation n’était pas obligée de décerner le prix chaque année. Globalement, elle dresse plutôt un portrait sombre du continent noir en matière de leadership et de bonne gouvernance. Malgré une progressive prise de conscience de la jeunesse, plusieurs pays africains sont dirigés par des présidents qui manœuvrent depuis plus d’une décennie pour rester au pouvoir. Le plus alarmant, c’est que plusieurs dirigeants sont directement ou indirectement impliqués dans des guerres meurtrières qui déciment des populations aussi bien de leurs propres pays que des pays voisins.

Le prix Mo-Ibrahim n’a été décerné que trois fois depuis sa création, il y a environ 7 ans. Malgré un taux moyen de croissance de 5,5% pour le continent africain, les juges du prix Mo-Ibrahim restent dans une logique de bonne gouvernance et non d’apparence macro-économique. Cette bonne gouvernance est considérée aussi bien sur le plan de la gestion économique que celle de la politique des pays.

Les autorités africaines n’ont pas particulièrement commenté cette déclaration. Cependant des analystes proches des régimes ont nuancé la pertinence d’une telle décision en rappelant que les inquiétudes soulevées par l’Union Africaine restent justifiables. En effet, les chefs d’Etat africains sont les plus exposés à l’action de la CPI du fait de leur faible poids sur l’échiquier international.

Créé en 2007, ce prix pour un leadership d’excellence, réservé aux anciens chefs d’Etat ou de gouvernement africains élus démocratiquement. « Après mûres réflexions, le comité a décidé de ne pas décerner le prix  Ibrahim  pour un leadership d’excellence » a déclaré le président du Comité du Prix, Salim Ahmed Salim, ancien Secrétaire général de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) et ancien Premier ministre de la Tanzanie.

Aucun lauréat pour le Prix Mo Ibrahim 2013

Le milliardaire Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim, a expliqué que son prix récompensait « l’excellence » et qu’il n’y avait « pas de place pour le compromis ». Le prix Ibrahim, prix annuel avec la récompense la plus importante au monde, s’élève à 5 millions de dollars avers sur dix ans et est complété par la suite par un versement annuel à vie de 200.000 dollars.

On compte parmi les lauréats précédents du Prix Ibrahim : Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique (2007), Festus Mogae ancien président du Bostwana (2008), Pedro Pires, ancien président du Cap-Vert 2011 et Nelson Mandela, ancien président de l’Afrique du Sud (lauréat d’honneur).

Les années 2009, 2010, 2012 et 2013 n’ont pas connu de lauréats pour des raisons dit-on, qu’aucun ancien chef d’Etat ne respect la règle primordiale selon laquelle chaque leader potentiel (anciens chefs d’Etats africains), doit avoir quitté sa fonction de président de la République dans les trois dernières années et en plus qui n’est pas allé au-delà de son mandat électif et qui a poursuivi son action au service du continent. « Aucun Africain ne remplit ces critères » a déclaré ce lundi 14 octobre  le président du comité du prix, Salim Ahmed Salim.

Voilà donc qui est clair ! L’Afrique toute entière n’a pas de président respectant ces critères. Est-ce une façon aussi d’insinuer que les chefs d’Etats du continent sont des amoureux du pouvoir ? Est-ce aussi une façon d’insinuer qu’une alternance n’a effectivement lieu dans ce continent ? Cela peut être une évidence. L’analyse contextuelle nous révèle que les présidents africains ont pour principal défaut de mourir au pouvoir. Cette obsession du pouvoir pourrait être due, selon Mo Ibrahim, au fait que ces présidents – après avoir perdu le pouvoir craignaient pour leur sécurité à cause de la corruption et le pillage des deniers publics durant leur fonction.

 

Le prix Mo Ibrahim fait donc suite au diagnostic de Mo Ibrahim sur la situation de sous-développement de l’Afrique et cette solution qu’il apporte avait été accueilli avec enthousiasme en son temps par beaucoup d’observateurs qui espéraient voir l’Afrique libérée de ces dictateurs qui, pour la plupart, sont là depuis deux à trois générations et voire plus !

Beaucoup d’eau a coulé sous le pont et on se rend bien compte de la naïveté du promoteur de ce prix sur la cupidité et le cynisme à nul autre pareil de nos Chefs d’Etat décidés à mourir coûte que coûte au pouvoir.

C’est l’occasion ici de nous poser la question de savoir si l’alternance politique est belle et bien une solution. Elle n’est même pas une panacée, mais c’est le lieu de signaler qu’une longévité est synonyme d’une personnalisation du pouvoir et ne donne aucune chance aux autres générations qui suivent de connaître leur période de gloire. C’est aussi ça la République !

(RFI + Rédaction)


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