Le Représentant résident du Fonds monétaire international (FMI-pays) M. Zouhar Younes a présenté les Perspectives économiques régionales, édition d’octobre 2021, ce mardi 30 novembre 2021 par webinaire. «Une planète, deux mondes, trois réalités », c’est le thème du présent rapport selon lequel, sur le plan de la croissance, la région de l’Afrique subsaharienne rebondit malgré la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 durant la période 2020-2021 ; cependant la reprise est plus lente que dans le reste du monde. Les responsables du cabinet du ministre de l’Economie et des Finances, les représentants de la société civile dont Social Watch Bénin et les médias ont pris part à ce webinaire.
Agathe HOUNGBEDJI
Comme il est de la tradition, chaque six (06) mois, le Fonds monétaire international (FMI) met à jour les projections de la croissance et présente sa lecture de la situation économique au niveau mondial en général et au niveau régional en particulier, l’Afrique subsaharienne.
«Une planète, deux mondes, trois réalités »
En effet, l’édition d’octobre 2021 du rapport sur les Perspectives économiques régionales est assez complexe et porte sur une trilogie : «Une planète, deux mondes, trois réalités ». Une thématique antinomique : car la planète est unique et les chocs qui affectent une région vont vers l’ensemble des régions. Cette thématique démontre que tout le monde est concerné par la crise de la pandémie de Covid-19 qui touche toute la planète et dont les effets néfastes se ressentent sur la croissance économique sans compter avec les effets du changement climatique. Et toute solution dans ce sens doit être globale et non au cas par cas.
Deux mondes, parce que la reprise est à deux vitesses : d’un côté la reprise est rapide au niveau des pays développés et de l’autre, une reprise moins rapide au niveau des pays les moins avancés. «Sur le plan de la croissance, la région rebondit mais la reprise est plus lente que dans le reste du monde. Cela s’explique que face à la crise de la pandémie de Covid-19 qui secoue le monde, aucun pays n’est épargné et il est important de s’assurer qu’il y ait une sorte d’équité en termes de : disponibilité de vaccin, déploiement des vaccins par les Instituts concernés et d’accessibilité au vaccin par tous afin de s’assurer que la reprise économique se fasse au niveau de toutes les régions du monde » a indiqué le Représentant résident du FMI au Bénin, M. Zouhar Younes.
Pourquoi l’Afrique subsaharienne se redresse-t-elle si lentement ?
La réponse à cette préoccupation se trouve au niveau de trois points essentiels : le manque de marge de manœuvre surtout par rapport aux efforts extraordinaires consentis par les grands pays avancés ; la région reste aux prises avec la crise : la campagne de vaccination est lente ce qui mine la confiance et l’investissement et enfin le risque d’une reprises à deux vitesses souligne le rapport.
L’incidence sur les communautés dans chaque pays, s’observe au niveau des groupes les plus vulnérables qui sont les plus touchés : en termes : des services publics et privés, notamment le secteur informel et l’écart croissant noté entre les femmes et les hommes ; des inégalités géographiques croissantes, notamment les tensions sociales et l’instabilité politique observés dans certains pays ; des chocs sur les prix des denrées alimentaires et enfin d’impacts de la fermeture des écoles durant la crise de la pandémie. Il faut noter que par rapport à ces questions, les défis sont énormes. Car les pertes enregistrées pourraient être permanentes.
«Bien que la région subsaharienne soit contributive aux émissions, malheureusement les effets ne sont pas si manifestes. La présentation est très claire à ce niveau-là. Dans le cadre du Covid, l’Afrique subsaharienne est moins affectée que le reste du monde pour plusieurs raison et les vagues de la pandémie deviennent assez plus grandes comparativement à ce qu’on a observé au paravent » a indiqué le Représentant.
Le rapport souligne que la région reste en deçà du taux vaccinal espéré comparativement à certains pays de l’Europe qui ont vacciné plus de 60 % de leur population alors que la plupart des pays de l’Afrique saharienne sont en deçà de 20% à l’exception de quelques pays dont la croissance est tributaire du secteur touristique notamment, le Cap-Vert, les îles Maurice et les Seychelles.
Dans le cas d’espère, « le Bénin en termes de vaccination est autour de 4 %, ce qui en termes d’accélération est rassurante avec la diversification de l’offre des vaccins » a-t-il ajouté.
Sur le plan de la croissance, le taux de croissance projeté pour 2021, 2022 et 2023 actuellement sont des taux qui s’apparentent aux taux d’avant la crise.
Selon le Directeur de l’Economie, l’intensité du choc n’a pas été le même en 2020 ce qui fait qu’on a enregistré de faibles taux de croissances. «Cette situation est bien compréhensible lorsqu’un pays comme le Bénin soit à 3,8% tandis que les autres sont à -8 et -7 et qui rebondissent à 7% pendant que d’autres ont des taux supérieurs en tenant compte de l’intensité du choc » soutient le Directeur de l’Economie du Ministère de l’Economie et des Finances.
Un trilemme difficile
Le rapport souligne que les dirigeants font face à un trilemme difficile : le besoin de dépenses accrues ; la maîtrise de la dette publique et la difficulté à lever des impôts. La dette est élevée. « Les dirigeants sont limités par une dette élevée ; une hausse des dépenses nécessaires et la difficulté d’accroitre les recettes fiscales : les ressources fiscales non tirées des ressources naturelles s’observe dans un ensemble de régions. L’Afrique subsaharienne court ainsi le risque lié à la dette élevée pour les pays en développement à faible revenu admissibles au fonds fiduciaire RPC 2015-21 » souligne le rapport.
Le trilemme s’observe également au niveau du besoin urgent de vaccins. Le rapport souligne qu’en Afrique subsaharienne, les doses nécessaires pour vacciner 40 % de la population sont indisponibles. L’accès aux vaccins n’est pas égalitaire ; ce qui pose un problème de cohérence de façon générale.
Le Directeur de l’Economie du MEF souhaiterait qu’on parle plutôt des risques de catastrophes au lieu des changements climatiques. Selon lui, il y a une vulnérabilité par rapport au changement climatique, mais certains pays continuent de traîner d’autres formes de vulnérabilités. « On peut parler des vulnérabilités par rapport à la crise sanitaire. On est toujours dedans, on n’est pas encore sorti. Il serait donc souhaitable d’élargir un peu. La porte de sortie, c’est d’autres financements frais comme celui de la première allocation des DTS (Droits de tirage spéciaux) ».
Solidarité internationale
Enfin, la Solidarité internationale est plus vulnérable aux chocs climatiques et le financement à l’appui de la résilience apparait comme une porte de sortie. Pour s’adapter aux changements climatiques et pour participer aux efforts d’atténuation à l’échelle mondiale, de nouveaux mécanismes solides de financement de l’action climatique seront nécessaires.
La progression de la vaccination apparait aujourd’hui comme un enjeu économique puisque de plus en plus, il est fait une relation entre le rythme de progression de la vaccination et le potentiel de reprise de l’économie. Et l’enjeu sur les changements climatiques serait la porte d’entrée des prochaines allocations pour les pays en voie de développement.