En prélude à l’organisation du Forum Business RDC-Afrique (DRC-Africa Business Forum) prévue pour les 24 et 25 novembre prochain à Kinshassa, le Comité d’organisation, en collaboration avec la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a organisé une conférence de presse ce jeudi 18 novembre. L’objectif étant d’expliquer aux médias, les tenants et aboutissants de ce forum africain qui consiste à développer une chaîne de valeur régionale autour des mines et minerais du pays à travers l’industrie des battéries électriques, le marché de véhicules électriques et de l’énergie propre. A l’occasion, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la CEA, Vera Songwe et le ministre de l’Industrie de la RDC, Julien Paluki, ont présenté le déroulé de l’agenda de ce grand forum.
Aline ASSANKPON
Grâce à sa dotation en ressources naturelles, notamment en minerais stratégiques (le cobalt, le lithium-ion, et autres minerais, etc) qui entrent dans la composition des batteries électriques, la République démocratique du Congo (RDC) peut jouer un rôle clé dans la transition énergétique mondiale en matière de stockage de l’énergie et de mobilité électrique.
Outre le cobalt et le lithium-ion en RDC, le continent africain est doté d’importantes réserves de manganèse, de graphite, de cuivre et d’autres minéraux qui sont des composants des batteries lithium-ion, créant ainsi la possibilité d’une solide chaîne de valeur régionale pour les batteries, les voitures électriques et les énergies renouvelables.
De la transformation énergétique à la diversification de l’économie
En effet, toutes les exportations de la RDC sont basées sur les mines et sont faites en l’état brut. Alors qu’on peut créer de la valeur ajoutée à ces mines, diversifier la production, créer de l’emploi et diversifier les chaînes de valeurs,etc. Il s’agit de réfléchir sur ce qu’on peut faire autrement. La question tourne ainsi autour du Colbat, de lithium-ion et autres minerais ; comment s’y prendre pour fabriquer des batteries électrique en RDCongo ?
A cette préoccupation, l’idée d’organiser une conférence autour de la thématique de diversification de l’économie et de la transformation énergétique a fait l’objet de toutes les discussions. D’où le Forum RDC-Afrique Business qui va se tenir les 24 et 25 novembre 2021 à Kinshassa.
«Aujourd’hui, nous sommes en train de réaliser le début d’une nouvelle étape du travail que nous faisons depuis presque un an avec la RDCongo : Voir dans quel contexte diversifier cette économie axée très souvent sur deux ou trois matières d’exportation. Pour la Sous-région de l’Afrique centrale, nous avons choisi la diversification de l’économie » a déclaré Vera Songwe, la Secrétaire exécutif de la CEA.
Le Forum RDC-Afrique Business marquera un tournant décisif pour l’économie de la RDC mais également pour l’économie africaine ; parce que cette initiative est insérée dans la problématique de la Zone de libre-échange économique continentale en Afrique (ZLECAf). «Pour nous, c’est la sortie de la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 : crise économique et crise climatique. Il va falloir passer par la ZLECAf pour y sortir. C’est notre vision pour le continent » souligne la Secrétaire exécutive de la CEA.
Saisir la démarche du Forum RDC-Afrique Business pour sortir de la crise est une interactive, une opportunité pour créer de l’emploi à travers l’augmentation de la valeur ajoutée aux matières premières du continent et augmenter les échanges inter-pays explique Vera Songwe.
«Nous allons voir ce que nous pouvons mettre sur le marché. Par exemple, pour faire les batteries électriques aujourd’hui, nous aurons besoin de l’Angola, du Burundi, du Madagascar, de l’Afrique du Sud pour quelques intrants dans le processus et c’est là, l’initiative de la Zlecaf. La Zlecaf, c’est échanger d’abord entre nous pays africains avant d’exporter une matière finale qui a une valeur ajoutée plus élevée qui aura même beaucoup plus de devises, qui va augmenter notre niveau de vie et entretenir la solidarité entre pays».
Forum RDC-Afrique Business, une volonté politique affichée
Ce rendez-vous d’affaires ne peut se faire sans le concours du Gouvernement congolais à travers le leadership éclairé du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’actuel président de l’Union africaine, qui a élaboré une feuille de route pour améliorer le climat des affaires contrairement à la mauvaise campagne jadis faite sur le pays et qui n’encourage guère les investissements étrangers.
«La volonté politique est donc affichée, nous voulons que l’Afrique à partir de la RDC, peut monter ses propres usines ainsi profité de ce marché mondial. Il y a donc un travail qui se fait au niveau du gouvernement pour rassurer tout investisseur » rassure le ministre de l’Industrie de la RDCongo, Julien Paluku, qui revient sur les tenants et aboutissants de cette révolution industrielle qui se projette pour les trois prochaines années.
«Depuis plus de 60 ans après l’indépendance, le scandale géologique qui caractérise notre pays n’a pas profité à notre population. Si bien que la pauvreté va croissante, alors que nous devions bénéficier des retombées de toutes nos ressources naturelles. Il faut que nous cessions d’être appelés scandales géologiques, mais que nos mines et minerais puissent profiter au peuple congolais et à l’ensemble du peuple africain» déplore-t-il.
Scandales géologiques ? Réserves mondiales ?
En fait, les riches ressources en cobalt, cuivre et lithium de la RDC offrent à
l’Afrique la possibilité d’être au cœur de la chaîne de valeur dynamique des batteries,
de la révolution des véhicules électriques et du déploiement des énergies
renouvelables. Cependant, en tant qu’exportateur de matières premières toujours
bloqué au stade de l’exploitation minière et du traitement des minerais, la RDC se situe au bas de la chaîne de valeur mondiale des batteries et des véhicules électriques, ne captant actuellement que 3 % d’une valeur mondiale totale qui devrait atteindre 8,8 mille milliards de dollars d’ici 2025. La RDC représente près de 70% de la production mondiale de cobalt, avec une production annuelle estimée à environ 100 000 tonnes. (source : BloombergNEF).
Le pays dispose de plus de 25 millions de tonnes de réserves de cobalt identifiées dans son sous-sol, soit 2/3 des réserves mondiales identifiées. «Les cobalts, nous en avons suffisamment, 50% des réserves mondiales, estimés à près de 25 millions de tonnes ; nous avons actuellement la plus grande réserve de le lithium-ion au monde. Alors que les réserves en minerais que nous avons peuvent permettre de rehausser notre budget en centaine de milliards de dollars » précise le ministre Paluku.
Pendant ce temps, le PIB du pays s’élève à 0,4 milliards de dollars US en 2019 et ne représente que 6,15 % de la capitalisation boursière de Tesla, estimée à 820 milliards de dollars US au 8 janvier 2021. Et comme beaucoupd’autres économies africaines riches en ressources naturelles, l’économie de la RDC est volatile et constamment exposée à des chocs de prix dus à des dynamiques mondiales qu’elle ne peut contrôler.
Serrer les liens pour plus de productivité
Pour briser ce cercle vicieux et gravir les échelons des chaînes de valeur mondiales, la RDC ainsi que les autres producteurs africains de minerais pour batteries devraient : améliorer les liens entre le secteur extractif et les autres secteurs de l’économie locale ; localiser la chaîne de valeur de l’approvisionnement et promouvoir une industrialisation axée sur les ressources naturelles, y compris la production de précurseurs de batteries (271 milliards de dollars US d’ici 2025), de cellules de batteries (387 milliards de dollars US d’ici 2025), l’assemblage de cellules (1,18 trillion de dollars US d’ici 2025) et les véhicules électriques (7 trillions de dollars US d’ici 2025) (source: BloombergNEF).Dans l’attente de ce rêve industrielle, une meilleure intégration des producteurs africains de minerais pour batteries, dans les chaînes de valeur mondiales contribuera non seulement à la réalisation des ODD et à l’augmentation de la part de la richesse conservée localement ; ce qui renforcera également la compétitivité des PME locales et permettra la création d’emplois décents pour la jeunesse africaine.
L’objectif principal du Forum RDC-Afrique Business est de développer une chaine de valeur régionale autour de l’industrie des batteries électriques, du marché des véhicules électriques et des énergies renouvelables.
Les discussions autour de la diversification de l’économie de la RDC a déjà fédéré beaucoup d’acteurs et d’investisseurs financiers qui se bousculent au portillon. Il s’agit notamment de : la BAD, la BADEA, les Fonds d’investissements saoudiens, Africa Finance Corporation, AfreximBank, Banque mondiale, etc et d’autres institutions financières privées et banques panafricaines.
Cette première édition envisage de rassembler les chefs d’Etat et membres des gouvernements africains, le secteur privé, les entrepreneurs africains, les partenaires au développement, les investisseurs institutionnels, les négociants, les industriels africains et étrangers en vue de dialoguer, d’échanger et d’identifier les opportunités et de faciliter les investissements afin d’augmenter la part de l’Afrique dans le développement des chaînes de valeurs. A termes,iIl s’agira d’offrir aux Etats et acteurs africains, des opportunités de capitalisation sur les marchés comme celui des voitures électriques qui représentent 8,8 Trillions de dollars d’ici 2025.