« Au Bénin, le rapport 2018 sur les Violences basées sur le Genre (VBG) dénombre que sur un total de 17.823 victimes de violences : soit 2418 filles, 712 garçons, 11.234 femmes et 3459 hommes ». Face à cette recrudescence de violences, que faire ? Agir par des solutions innovantes. C’est dans cette démarche que s’inscrit l’atelier de Bohicon les 18 et 19 décembre à l’hôtel Fifatin, organisé par WILDAF-Bénin. Avec l’appui financier et technique de l’UNFPA et du Royaume de la Belgique, environ 70 participants se sont appropriés de l’utilisation des outils numériques innovants : » Ma vie, mon choix » ; « Tro Tro Gaho » (en version e-learning sur la Santé sexuelle de la reproduction des Adolescents et jeunes et des femmes, accessibles sur les téléphones portables.
Confrontés à la problématique de l’accès aux informations sur leur droit à la Santé sexuelle et de la Reproduction (SSR), principalement due aux pesanteurs socioculturelles qui font de cette thématique, un sujet tabou, la majorité des Adolescents, jeunes et des femmes sont vulnérables aux infections sexuellement transmissibles, aux grossesses précoces et non désirées, à l’avortement à risque et ou au mariage forcé et précoce et au VIH/SIDA, etc.
Conséquence : Les jeunes ne sont pas capables de prendre en toute connaissance de cause, des décisions claires sur leur santé sexuelle, en cas du viol, de grossesses non désirées et du mariage précoce. « Ces facteurs ont des effets négatifs sur la santé et violent les droits des jeunes en particuliers des filles ; notamment les jeunes des zones rurales qui sont les plus touchées par la pauvreté » a déclaré Mme Françoise Sossou Agbaholou, Coordonnatrice nationale de WILDAF Bénin.
Face à cette situation – longtemps due aux pesanteurs socioculturelles – il urge d’adopter des attitudes développementalistes avec des stratégies efficaces dont les interventions visent la prévention des comportements à risque des jeunes et à mettre ces derniers au cœur des actions de protection contre les Violences basées sur le genre (VBG).
« C’est dans cette optique que le Bénin s’est doté d’un important arsenal juridique par l’adoption de plusieurs textes de loi, notamment celle sur la santé sexuelle et reproductive et sur les violences faites aux femmes sur le VIH/Sida, des mutilations génitales féminines, le harcèlement sexuel en milieu scolaire et de travail, le code de travail de l’enfant pour ne citer que ceux-là. De même qu’un cadre institutionnel des structures de planification familial tant public que privé et des mécanismes d’information à l’endroit des femmes, des jeunes et des adolescents » justifie Mme Agbaholou.
Malgré l’existence de cet arsenal juridique, force est de constater que les faits sus-indiqués sont perpétrés quotidiennement en milieu urbain que rural, en milieu scolaire que dans la vie active et professionnelle avec les petites filles, adolescents, jeunes et les femmes en couple.
« En Afrique du Sud, il est démontré que 3 conjoints meurent tous les jours du fait des violences conjugales. Au Bénin, le rapport 2018 sur les Violences basées sur le Genre (VBG) dénombre que sur un total de 17.823 victimes de violences : soit 2418 filles, 712 garçons, 11.234 femmes et 3459 hommes » informe Mme Anice Gambari Adam, Administrateur de l’Action sociale. « S’il y a plus de 3000 hommes victimes de violences, il y en a plus, c’est-à-dire 3000 multipliés par 4 ou 5 qui n’ont pas le courage de se plaindre ».
Trois communications ont meublé la première journée de l’atelier et s’intitulent : « Rappel sur les notions de violences conjugales » ; « Etat des lieux de la Santé sexuelle de la Reproduction des Adolescents et jeunes » et « A la découverte de la plateforme » Ma vie, mon choix » ; « TroTroGaho » de lutte contre les VBG. Ces modules sont respectivement présentés par Mme Anice Gambari Adam, M. Arsène Yaovi, spécialiste du Développement local et des questions sur les VBG et M. Loukman Aziz Tidjani, chargé de projet à One World sur les LAL (Learning About Living », en français « apprendre à vivre ».
En effet, à partir d’une planification conceptuelle de la Santé de reproduction des Adolescents et jeunes, Arsène Yaovi fait remarquer que déjà à 9 ans, des petites filles sont mères : un fait très légion dans notre société. « Une fille sur cinq a déjà commencé sa vie reproductive, la proportion d’adolescente ayant déjà commencé leur vie féconde augmente rapidement avec l’âge passant de 2% à 15, à 47% à 19 ans ; âge auquel 38% des jeunes filles ont déjà une naissance vivante ».
En énumérant les problèmes qui poussent les Adolescents et jeunes au sexe de façon précoce avec d’énormes conséquences, notamment : l’épidémie de grossesses en milieu scolaire. « Durant l’année scolaire 2018-2019, il y a eu en milieu scolaire 1122 cas de grossesses dont les auteurs sont au nombre de : 7 Enseignants, 185 Elèves et les artisans 990 » informe M. Yaovi.
Agir à travers l’utilisation des applications innovantes
Des chiffres très révélateurs auxquels il urge d’agir avec stratégie et efficacité. Pour agir l’UNFPA et la Délégation du Royaume de Belgique ont mis à la disposition de WILDAF Bénin, deux outils faciles d’accès sur les téléphones portables pour aider la jeunesse souvent connectée sur les réseaux sociaux. A cet effet, une série de formations de renforcement des capacités à l’endroit des jeunes à Lokossa, des journalistes à Grand-Popo et à Bohicon au profit des acteurs de Wildaf Bénin (membres, relais communautaires, parajuristes et artisans de la localité) se sont déroulées afin que ces derniers s’approprient de l’utilisation de ces applications pour assurer le relais de l’information sur toute l’étendue du territoire national.
En vue de renforcer ces actions, M. Loukman Aziz Tidjani conseillera l’utilisation des stratégies innovantes impliquant les technologies de l’information et de la communication (TIC) auxquelles les jeunes sont de plus en plus intéressés.
En effet, en coopération déléguée avec l’Ambassade royale de la Belgique, l’UNFPA a fait développer trois applications : » Ma vie, mon choix » pour les adolescents et jeunes (en version e-learning sur la santé sexuelle et reproductive et en version Learning about Living – LaL sur la santé sexuelle reproductive) ; une plateforme pour les Enseignants (version numérique) et « Trotrogaho » (qui veut dire, l’heure du changement sonne en langue Adja) pour tous les acteurs désirants de s’informer et de renforcer leurs capacités également (en version e-learning sur la santé sexuelle et reproductive et LaL sur la santé sexuelle reproductive.
Pour y arriver, il convient d’adopter les compétences nécessaires telles que : le respect mutuel ; la communication non violente ; l’estime de soi ; la connaissance de soi ; l’affirmation de soi et l’image de soi conclut M. Yaovi.
A Bohicon, répartis en travaux de groupes de six, les participants ont fait des suggestions en vue d’améliorer les deux applications étudiées et élaborer des Plans d’actions pour 2020 sur les thématiques abordées à cet atelier de deux jours.