Transformer des plastiques pour en faire des bracelets, des sacs et autres accessoires est désormais une réalité. De même que recycler les déchets d’huile et de soude de la SODECOTON pour la fabrication du savon. Les artisanes venues du septentrion du Cameroun le démontrent à souhait par de simples gestes.
Par Mirabelle Enaka
Leur savoir-faire attire l’attention de nombreux invités au colloque international « Innovative Service in Difficult Environment For Recycler Artisan » ISDERA, qui se déroule depuis hier à l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics. L’art de la décoration à partir d’une corne de bœuf ou de la peau d’animaux ne laisse aucun curieux indifférent. Le ballet artisanal sur le processus de transformation de divers déchets industriels et classiques est frappant.
Par des gestes habiles, les artisans ressortent le meilleur de chaque matière première. Une combinaison de résidu d’huile de palme et de soude passée au feu pendant un certain temps permet ainsi d’obtenir du savon Garlaka qui est utilisé par les ménages. Cette pratique comme le confirme Mapre Marie-claire, est devenue la principale activité de cette dame ainsi que celle de l’ensemble des femmes du Groupement d’Initiative Commune auquel elle appartient.
Non loin de Marie-Claire ,Youmbi Mimosette tient avec dextérité le crochet qui lui sert de principal instrument pour fabriquer un accessoire de mode féminin. L’assemblage de couleur et l’esprit de créativité mis ensemble, donnent un produit final d’un éclat certain. « Travailler les déchets d’emballages plastiques est ma passion. Seulement, le plus difficile est de les collecter à partir des poubelles et autres lieux de dépôt de déchets. Très souvent je suis traitée de folle mais aussi, je fais mes collectes sans aucune mesure de protection », regrette Mimosette.
Le grattoir monté en cinq minutes par un jeune artisan à partir d’un morceau de bois et d’une boîte de conserve vide constitue également un véritable attrait pour les yeux. D’où cette affirmation du Ministre de l’Habitat et du développement Urbain, Jean-Claude Mbwentchou, à l’ouverture du colloque. «Les déchets constituent désormais une mine d’or.» Comme lui, de nombreux autres orateurs ont loué l’ingéniosité des artisans qui créent des objets de valeur à partir de rien, contribuant ainsi à la préservation du patrimoine culturel et environnemental, tout en se forgeant un métier.
Les observateurs regrettent cependant la non professionnalisation véritable de ces métiers, et d’un encadrement technique des gestes et pratiques déployés au cours des processus. Car pour eux, transformer les déchets à partir de procédés spontanés et dépourvus d’une certaine technicité et maîtrise des composantes chimiques et donc potentiellement nocives, pourraient constituer non seulement un danger pour les acteurs principaux, mais aussi une source de pollution et de détérioration de l’environnement. Beaucoup suggèrent donc de prendre en compte cet enjeu afin de donner à ces métiers innovants, des valeurs qui s’inscrivent dans la durabilité et la responsabilité vis-à-vis de l’environnement.
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