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Protection des enfants en déplacement : Les acteurs de la Société civile à l’école de l’approche « Mobilité »


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Une quinzaine d’acteurs de la protection de l’enfance en provenance des organisations de la société civile était du 15 au 17 avril dernier à l’école de l’approche mobilité. Venus des différents départements, ils ont eu trois jours pour s’informer sur l’approche mobilité tout en renforçant leurs capacités en matière de protection des enfants mineurs. Organisé par l’Ong ESAM et la Fondation Terre des Hommes, la formation vise à développer au niveau national un lobby d’acteurs de la société civile capables de porter des messages forts susceptibles d’influencer les arsenaux politique et juridique des pays en matière de protection des enfants en mobilité…

 Kenya 2012

Ils sont des éducateurs spécialisés, psychologues, assistants sociaux, techniciens de projets, directeurs d’ONG et juristes à prendre part à cette formation de haut niveau dédié aux acteurs de la société civile sur l’approche mobilité.

Selon Norbert Fanou-Ako, Directeur de l’Ong « Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde », ‘’il ne sert plus à rien aujourd’hui de vouloir forcément retenir l’enfant au village, d’inventer des solutions qui ne sont pas conformes à ses besoins ou encore de lui proposer des solutions qu’on n’a pas’’. Car ajoute-il, ‘’il ne faut pas briser le rêve de l’enfant mais le protéger ainsi que ses droits’’.

En effet, à travers l’approche mobilité, il est question de reconsidérer la protection de l’enfant en tenant compte de la dimension humaine et surtout psychologique de l’enfant. Car, souvent on pense que l’enfant souffre alors qu’il ne se plaint aucunement de sa situation. Les enfants partent et expriment toujours le désir de se déplacer pour construire leur avenir et concrétiser leur rêve.

Pour Aristide Domingo, responsable en charge du plaidoyer et à la communication à Terre des Hommes, « les textes en vigueur relatifs à la protection de l’enfant interdisent de façon formelle tout déplacement de mineurs non accompagné. Mais il convient maintenant d’être plus raisonnable et flexible pour éviter de bloquer l’avenir des jeunes. Le monde est en perpétuel mouvement et il importe de tenir compte des conclusions des différentes études pour regarder autrement les déplacements des mineurs en Afrique notamment ». Il était donc utile que les acteurs de la société civile s’approprient les notions pratiques, fassent connaître et accepter la nouvelle approche en vue d’une prise en compte plus globale et juste des questions liées à la mobilité des enfants.

Le Bénin devra devenir un leader dans ce domaine, a déclaré Monsieur Bruno Gbèhinto, Directeur adjoint de la Famille, de l’Enfance et de l’Adolescence. Pour lui, l’Etat n’a pas encore suffisamment intégré cette approche nouvelle qui est actuellement en partage au sein des organisations de la société civile. « L’enfant est aujourd’hui au cœur des exigences de son temps, et il appartient aux acteurs de terrain, de par leurs prestations quotidiennes, de donner du contenu à cette approche ». Les perspectives sont heureuses, dit-il, quant à l’intégration et la mise en œuvre des conclusions des études de cas qui sont faites. La feuille de route, élaborée à l’issue de la rencontre, permettra l’implication des acteurs de la société civile à l’élaboration et à la mise en œuvre de certains outils comme l’accord Bénin-Gabon, l’accord tripartite Togo-Burkina Faso-Bénin sans oublier plan national de protection de l’enfant dont la finalisation et la validation tiendra compte des aspects spécifiques liés à la mobilité des enfants.

Satisfait des résultats de l’atelier, Paul Yassegoungbé, Technicien de projet à Intervida, a apprécie le contenu et l’organisation de cette formation qui fera des acteurs de la société civile des messagers de l’approche mobilité. « Ils sauront désormais faire la différence d’avec la traite », ajoute-t-il.

Madame Irmine Kpadé, membre de l’Association des Femmes Juristes du Bénin, avoue avoir mieux compris la notion de mobilité qui était jusque-là floue dans sa tête ; elle prend l’engagement de la partager au sein de son association professionnelle pour son appropriation collective.

Amadou Moussa, Directeur de l’Ong « Pied » saura désormais mieux réagir face aux cas d’enfants en situation de mobilité qui, a-t-il reconnu, ont besoin d’une autre forme de protection. « Ce n’est plus retourner l’enfant dans sa famille biologique qui va forcément l’aider à réaliser son rêve ; au contraire ce dernier peut retomber dans la vulnérabilité ». Il envisage déjà de travailler avec ses collaborateurs et les autres acteurs de sa localité dont la radio locale, la communauté et les forces de l’ordre pour mieux analyser la situation des enfants en mobilité qui sont souvent interceptés à Djougou et dans les communes avoisinantes.

Cette nouvelle approche qui vise surtout l’intérêt supérieur de l’enfant n’est pas à confondre avec la traite qui est une conséquence négative du déplacement des mineurs. Autrement dit, plusieurs opportunités et avantages sont rattachés au déplacement des enfants et il convient aujourd’hui de faire la part des choses pour ne pas compromettre son avenir en prétextant de le protéger. Il s’agit pour les acteurs de la société civile de s’approprier les nouvelles méthodes de prise en compte des préoccupations des enfants migrants non accompagnés en Afrique.

Par Charles Dossou LIGAN


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