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Moyen-Orient : L’État islamique en Irak et au Levant, ces djihadistes qui font de l’ombre à Al-Qaïda


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Prise de contrôle de bastions sunnites en Irak, participation active dans la guerre en Syrie, attentat revendiqué au Liban : l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) mène son djihad sur tous les fronts au Moyen-Orient.

Ph: DR - L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a le vent en poupe

Ph: DR – L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a le vent en poupe

L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a le vent en poupe. Son ascension fulgurante lui permet désormais d’incarner à lui tout seul le djihadisme transnational. Créé en avril 2013 par son « émir » irakien Abou Bakr al-Bagdadi et fort de plusieurs milliers de combattants sunnites venus .

majoritairement d’Irak, d’Arabie saoudite et de Syrie, ce mouvement radical entend effacer les frontières des pays du Moyen-Orient – frontières qu’il ne reconnaît pas.

Et pour cause, Abou Bakr al-Bagdadi, un quadragénaire qui a combattu dans les rangs d’al-Qaïda dès 2003 au moment de l’invasion américaine de l’Irak dont la tête est mise à prix par Washington à hauteur de 10 millions de dollars, se dit mandaté par les voies divines pour établir un grand califat régit par la charia, la loi islamique.

 

Un groupe enraciné en Irak

 

Surnommée en arabe « Daaech » (acronyme de al-Dawlat al-eslamiyya fil Irak wal Cham, l’État islamique en Irak et au Levant), l’EIIL est en réalité formé en octobre 2006 sous la dénomination de l’État islamique en Irak (EII). Ce dernier est une coalition née de la fusion entre des groupes djihadistes et de tribus irakiennes mais aussi de l’organisation d’Al-Qaïda en Mésopotamie, qui s’est dissoute dans cette structure. « C’est par conséquent une erreur aujourd’hui de présenter l’EIIL comme la branche irakienne d’Al-Qaïda », explique Romain Caillet, spécialiste des questions islamistes à l’Institut français du Proche-Orient, interrogé par FRANCE 24.

 

Après avoir sérieusement entravé la pacification du pays par les Américains, les djihadistes implantés en Irak ont subi de sérieux revers. Toutefois le groupe a conservé une puissante capacité de nuisance, via des attentats meurtriers visant essentiellement la communauté chiite et les membres des forces de sécurité. Après le retrait total de l’armée américaine d’Irak fin 2011, le pouvoir central désormais aux mains de la communauté chiite et du Premier ministre Nouri al-Maliki tourne le dos aux sunnites qu’il écarte de la scène politique. Une aubaine pour l’organisation, sachant que « quand le rapport est rompu entre les sunnites et le pouvoir central, cela sert toujours les intérêts des djihadistes qui peuvent ainsi regonfler leurs rangs », explique à FRANCE 24 Karim Sader, politologue spécialiste des pays du Golfe et de l’Irak.

 

Ainsi « la politique de marginalisation de la communauté sunnite exercée par le Premier ministre Nouri al-Maliki, combinée au contexte syrien avec en toile de fond le renforcement du clivage sunnito-chiite, a indéniablement profité au retour en force de l’EIIL dans la région », poursuit Karim Sader.

 

Puissant mais impopulaire en Syrie

 

En effet, l’EIIL s’est surtout illustré en Syrie, ces derniers mois, où il tente de supplanter les autres groupes rebelles syriens en lutte contre le régime du président Bachar al-Assad. En particulier dans le nord-ouest et l’est du pays, où il s’est fortement implanté à la faveur de la porosité de la frontière syrienne avec l’Irak. Une ascension rapide sur le terrain syrien qui s’explique par l’expérience de ses combattants et son autonomie en matière de finance et d’armement contrairement aux autres groupes rebelles syriens, qui dépendent de l’aide internationale et régionale. Selon Romain Caillet, « le groupe a démontré sa capacité à s’autofinancer et peut compter sur une partie de la communauté sunnite irakienne qui le finance volontairement, sur des bailleurs de fonds originaires du Golfe, et ce en plus des extorsions de fonds qu’il pratique ».

 

Mais la roue semble tourner en sa défaveur en Syrie depuis que des groupes rebelles et la population locale des zones qu’il contrôle ont commencé à l’accuser de violences et de multiples abus. À l’origine, la création de l’EIIL en avril de l’année dernière était en réalité une tentative d’al-Bagdadi d’annexer sous sa bannière le Front al-Nosra, le plus important groupe djihadiste en Syrie. Une démarche rejetée par celui-ci qui a alors prêté allégeance à Ayman Al-Zawahiri, le numéro un d’Al-Qaïda, qui a adoubé le Front al-Nosra comme la « branche officielle » de la nébuleuse en Syrie. Depuis, les deux mouvements affichent une neutralité méfiante l’une envers l’autre.

 

C’est cette même volonté affichée de vouloir d’imposer sa loi sur les zones rebelles, plutôt que de concentrer ses efforts au renversement du clan Assad, qui a valu quelques mois plus tard à l’EIIL l’animosité de plusieurs groupes islamistes locaux qui ne partagent pas son agenda. D’aucuns l’ont même accusé d’être à la solde de Damas et d’agir uniquement dans le but de diviser la rébellion.

 

Une situation qui a sans surprise rapidement débouchée sur des batailles intestines au sein des rangs rebelles. Ces combats se sont intensifiés depuis le 3 janvier dans les provinces d’Alep (nord) et d’Idleb (nord-ouest), faisant près de 300 morts. Acculé et sur le point de faire l’unanimité contre lui, l’EIIL, qui estime avoir été « poignardé dans le dos », a promis mardi 7 janvier « d’anéantir » ses rivaux.

 

L’EIIL sur tous les fronts

 

Le théâtre syrien n’est pas le seul terrain de djihad de l’EIIL. De l’autre côté de la frontière, en Irak, le groupe a démontré ces derniers jours l’étendue de son influence en s’emparantde certains quartiers de Fallouja et de Ramadi, deux localités situées dans la province majoritairement sunnite d’Al-Anbar, à moins de 100 kilomètres à l’ouest de Bagdad. Les autorités irakiennes tentent depuis de reprendre par la force le contrôle de ses deux villes.

 

Dernier coup en date, l’EIIL a revendiqué la même semaine son premier attentat au Liban, perpétré le 2 janvier dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du puissant Hezbollah, le mouvement chiite allié au régime syrien. Le groupe djihadiste qui honnit le chiisme a prévenu qu’il viserait à nouveau le pays du Cèdre, qu’il entend englober dans son califat. (France24.com)


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