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Bénin / Sécurité alimentaire : La riziculture en plein essor grâce au Procad


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Le Pada garantit la maîtrise de l’eau

Le Programme cadre d’appui à la diversification agricole (Procad), initié par le gouvernement pour accompagner la révolution agricole au Bénin, force l’admiration des bénéficiaires. Grâce aux divers dispositifs mis en place à travers le Projet de productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao-Bénin) et le Projet d’appui à la diversification agricole (Pada), des facilités sont offertes pour accroître le rendement des cultures. C’est ainsi pour s’enquérir de l’avancement des réalisations du Pada à l’orée de la campagne 2014 que les responsables du programme sont allés le mercredi 25 septembre 2013 au contact des producteurs de Dangbo, dans la vallée de l’Ouémé au Sud-Est du Bénin.

 

Achille Kouton, quinquagénaire, préside le groupement « Tonafa » installé dans le village de Mono-tokpa. Un sentier bordé d’une canalisation d’eau mène au domaine de « Tonafa » établi sur une superficie de soixante hectares. Quarante personnes y travaillent. Depuis environ une quarantaine d’années, cette plaine inondable, abandonnée du fait des difficultés de labour, est devenue une savane. « Personne n’osait s’y aventurer » confient les propriétaires des lieux. Mais actuellement, l’espace est quasiment libéré et l’on attend avec impatience la période des cultures.

A plus de 10 km de Mono-Tokpa, à la descente du pont de Goutin (en allant vers Bohicon), le site de Kodé occupe également soixante hectares. Là, travaille le groupement « Finagnon » composé de 41 personnes dont 24 femmes. Hippolyte Ahossa Agossa, président du groupement explique que depuis 35 à 40 années, cette plaine inondable est jonchée de hautes herbes. Seules quelques cultures de riz sont pratiquées en bordure.

Le Pada apporte l’espoir

Grâce au Procad, 5600 ha de terres sont mises en valeur dans tout le Bénin dont 2500 ha dans la vallée de l’Ouémé pour la culture du riz et du maïs. « Nous avons cru que ce n’était pas du sérieux. Mais nous avons été désillusionnés » confient les responsables de l’organisation villageoise « Finagnon ». A en croire Achille Kouton, de « Tonafa », des projets ont été menés sur le périmètre de Mono-Tokpa par le passé, mais n’ont pas eu un impact durable du fait du mode de gestion. « Avec le Projet d’appui à la diversification agricole (Pada), les choses sont différentes » précise-t-il. Ce projet utilise la stratégie de « faire-faire » en mettant les producteurs en amont et en aval de la gestion des activités. Achille Kouton estime que l’innovation réside dans la mise en place d’un système rigoureux de suivi-évaluation assuré par les agents du Carder Ouémé.

Le contrat d’exécution prévoit que le Pada apporte 75% des ressources prévues, et les exploitants assurent les 25% restants, en nature ou en numéraire. Déjà, un appui d’environ 21 millions de F.cfa est apporté par le programme a assuré le président le groupement « Tonafa ». En outre, des formations sont offertes aux populations sur des techniques culturales à haut rendement, la gestion des ressources humaines en milieu associatif et des ressources financières. L’organisation paysanne « Finagnon » de Kodé a bénéficié, quant à elle, d’une aide estimée à plus de 27 millions de f.cfa. Ce qui a permis, l’acquisition de cinqu motopompes, de casques, de bottes, de filets, de tuyaux, d’engrais, de semences, etc. a expliqué le président de cette organisation, Hippolyte Ahossa Agossa. Jeanne Agbokannou, qui préside le groupement « Mihinmidé » de Honmè a, de son côté, indiqué qu’environ 30 millions de F.cfa ont été octroyés aux quatre groupements de sa zone.

Des techniques culturales novatrices

Dans le cadre du programme, des formations sont offertes aux populations sur le Système de riziculture intensive (Sri) qui permet d’accroître le rendement. Des travaux de débroussaillage, essouchage sont effectués et le sol est actuellement préparé pour la culture grâce à une technique enseignée par les agents du Carder. Le dispositif qui consiste à élever des diguettes de cloisonnement autour de plusieurs espaces de 25 mètres carrés, séparés par des drains qui conduisent les eaux vers un collecteur principale qui les déverse ensuite dans un cours d’eau.

« C’est une technique merveilleuse. Lorsque nous creusons la terre, l’eau jaillit. L’eau est ainsi filtrée de la surface du sol pour favoriser la culture. Le sourire renaît désormais sur nos lèvres » s’est ému, Achille Kouton de « Tonafa ». Pour célébrer ce bonheur retrouvé, les cultivateurs du site de Mono-tokpa travaillent tous les jours (exceptés les dimanches) au lieu des mardis et vendredis initialement retenus. En attendant le retrait des eaux, les premiers semis sont prévus entre octobre et novembre. Et le rendement prévisionnel est de cinq tonnes par hectare. Selon Emile Noukpo Houansou, secrétaire général du Conseil de concertation des riziculteurs du Bénin, l’appui global offert à Dangbo en 2012 s’élève à plus de 700 millions de F.cfa. Selon lui, « l’accompagnement du Pada induit une subvention de 80% pour le producteur. C’est une source de richesse ».

Le Projet d’appui à la diversification agricole (Pada) est l’un des embranchements du Programme cadre d’appui à la diversification agricole (Procad). Son but est de faciliter la vie aux producteurs, accroître leur revenu et assurer les besoins alimentaires nationaux ainsi que des pays voisins.

Une source d’emploi

Jacob Ishola, chef Projet d’appui à la diversification agricole a précisé que l’ambition du projet : « c’est que l’impact soit fort pour que les gens comprennent qu’il y a de l’argent dans l’agriculture et viennent s’y installer, surtout que le gouvernement est prêt à les soutenir ». Edouard Dofonsou Gbègbèlègbè, chargé d’Aménagement hydro-agricole au Carder Ouémé, constate pour sa part que « beaucoup de jeunes sont revenus au village car les terres sont libérées ». Dans le périmètre « Honmè » les quatre groupements comptent au total près de quatre cent personnes. « Maintenant, tous le monde afflue vers la riziculture, y compris des parents qui conduisaient les taxi-motos » confie Jeanne Agbokannou de « Mihinmidé ». Mais par rapport à la jeunesse, principale cible du programme, les différents acteurs constatent que des réticences subsistent encore. Pour Bulgide Zoumènou, point focal Procad Ouémé-Plateau, seul le dispositif d’accompagnement et d’encadrement mis en place pour lever les contraintes (maîtrise de l’eau, financement, etc.) contribuera à l’amélioration des revenus, et à susciter plus d’engouement. A cet effet, les regards sont tournés vers la campagne 2014 qui devrait sensibiliser davantage de personnes, surtout les jeunes, par ses résultats.

Des défis

Les besoins des producteurs concernent l’indisponibilité de tracteurs pour le labour, le manque de batteuse-vanneuses pour la récolte, l’insuffisance de filets pour protéger les plants contre l’invasion des oiseaux granivores (à défaut de solutions plus adéquates). Théodore Agbogninou, travaille aussi à « Mono-Tokpa » ; Il plaide pour l’aménagement des voies d’accès aux sites. Ils sollicitent également des appuis du Procad pour aider l’Entreprise de service et organisation de producteurs (Esop) et la Coopérative d’amélioration de la filière riz de l’Ouémé-Plateau (Cafrop) à accroître leurs capacités de production. Les responsables du Pada et du Ppaao rassurent que les solutions viendront de manière progressive mais avec l’implication de tous.

Aline Assankpon

Ph : DR - Les techniques culturales novatrices apportées par le Pada dans les plaines inondables de la vallée de l'Ouémé.

Ph : DR – Les techniques culturales novatrices apportées par le Pada dans les plaines inondables de la vallée de l’Ouémé.


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