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CEA /Une position africaine unifiée face à la crise de la dette et au retrait des donateurs


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PH:DR: M. Claver Gatete, Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Secrétaire exécutif de la CEA

« La voix de l’Afrique doit être cohérente, coordonnée et fondée sur des données probantes » a déclaré GATETE.

 Selon un communiqué de presse de la CEA (Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique), le Secrétaire exécutif a au cours d’une conférence de presse au siège de l’ONU a déclaré que l’augmentation de la dette, l’instabilité géopolitique et la baisse des flux d’aide accentuent la pression extérieure sur les économies africaines. Ces pressions économiques auxquelles sont confrontés les pays africains sont récurrentes. Monsieur GATETE a saisi l’occasion pour présenter la réponse de la CEA, allant de la stabilisation budgétaire et du renforcement des systèmes de données à la promotion des priorités régionales.

Aline ASSANKPON

La session, qui s’est tenue à la Mission permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, s’est déroulée dans un contexte d’incertitude croissante pour les économies africaines, nombre d’entre elles étant confrontées au surendettement, à l’inflation et aux perturbations commerciales, sous l’effet des changements de politique mondiale.

M. Gatete a décrit un contexte macroéconomique qui demeure fragile malgré des signes de reprise. Le PIB réel du continent devrait croître entre 2,9 % et 3,6 %. Cependant, plus de la moitié des pays africains affichent désormais une dette publique supérieure à 60 % du PIB. Sept sont officiellement en situation de surendettement, tandis que 11 autres sont considérés comme à haut risque. La forte dépréciation de la monnaie, l’inflation et le creusement des déficits courants ont accentué la pression. Au Nigéria, le naira a perdu près de 95 % de sa valeur entre 2023 et 2024. En Égypte, ce chiffre s’élève à 50 % depuis 2023.

Le déficit budgétaire moyen sur le continent a atteint 5,1 % du PIB en 2024. « Les financements extérieurs se tarissent, mais la pression sur les budgets publics ne cesse de s’accroître », a déclaré M. Gatete. « On ne saurait trop insister sur l’urgence de mobiliser les ressources intérieures. »Il a également averti que l’exposition de l’Afrique à la volatilité mondiale s’accentue. L’aide publique au développement (APD) a chuté à 2,1 % du RNB en 2023, contre 3,4 % en 2006. Les principaux donateurs, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont annoncé de nouvelles réductions.

Parallèlement, les politiques protectionnistes des économies développées commencent à impacter le commerce africain. Une étude conjointe à paraître de la CEA, de la Commission de l’Union africaine et de la Banque africaine de développement suggère que les nouveaux droits de douane américains pourraient réduire les exportations africaines vers les États-Unis jusqu’à 21,5 %.« Cela va au-delà des volumes d’échanges », a déclaré M. Gatete. « Cela affecte les emplois industriels, les chaînes d’approvisionnement régionales et la voix de l’Afrique dans l’élaboration des modalités d’engagement. »La session a souligné le soutien de la CEA en matière de fiscalité intérieure, de viabilité de la dette, de systèmes de données et de mise en œuvre de la ZLECA. Parmi les appuis récents figurent des évaluations du système de taxe foncière en Éthiopie, des audits des prix de transfert en Mauritanie et des formations douanières dans le cadre de la ZLECA en Afrique de l’Est.

La Commission agit également en tant que partenaire de la présidence sud-africaine du G20, contribuant aux recommandations pour le Sommet des dirigeants de novembre. La CEA travaille en étroite collaboration avec l’Union africaine et les banques multilatérales de développement pour faire progresser les réformes relatives aux droits de tirage spéciaux, au financement mixte et à la gouvernance de ces institutions. En matière de commerce, la CEA aide les États membres à finaliser et à mettre en œuvre leurs stratégies nationales pour la ZLECA.

Tout au long de la session, M. Gatete a souligné que les capacités techniques doivent se traduire par un effet de levier politique. « La voix de l’Afrique doit être cohérente, coordonnée et fondée sur des données probantes », a-t-il déclaré.Il a appelé à une meilleure coordination entre les missions permanentes de l’Afrique à New York et à Addis-Abeba, et les institutions régionales qui soutiennent les États membres sur le terrain. « C’est un moment qui exige unité de vue et crédibilité du message. »Tenue en marge du Forum politique de haniveau, la session a réaffirmé l’importance d’ancrer la diplomatie économique africaine dans l’expertise locale et des données probantes crédibles.

M. Gatete a été rejoint virtuellement par M. Stephen Karingi, Directeur de la Division Macroéconomie, Finances et Gouvernance de la CEA, qui a contribué aux discussions.


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