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7ème Edition du Festival international de la Liberté d’Expression et de la Presse (FILEP-k2017) de Ouagadougou : Quelques participants et autorités se prononcent ici sur la responsabilité et le rôle du journaliste face au phénomène du terrorisme.


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Moumina Cheriff Sy : « Nous sommes des combattants de la liberté pour la liberté »

Journaliste engagé depuis plus de 30 ans, Moumina Cheriff Sy est le Directeur de Publication du journal Le Bendré ; Ancien président du CNP/NZ, Président du TAEF (Forum des Editeurs africains) ; Président du Conseil National de la Transition et actuellement, Haut Représentant du Président du Faso.

Moumina Cheriff Sy, Haut Représentant du Président du Faso

Moumina Cheriff Sy, Haut Représentant du Président du Faso

« Pour moi, le journalisme consiste à livrer une bataille quotidienne et permanente contre toutes les formes d’inégalité et d’aliénation qui empêchent l’homme de vivre véritablement  sa liberté. Nous sommes des combattants de la liberté pour la liberté. En cela, notre métier devrait conduire partout où nous sommes, quelques soient la fonction que nous occupons, quelques soient nos positions, nous devrons combattre, combattre et combattre. Notre engagement n’a de sens que lorsqu’il nous met en face de grands défis ou lorsqu’il est capable de nous accompagner le mouvement social de masse, mais aussi de responsabilisation de nos dirigeants. C’est à cela que nos médias pas seulement pour la transcription d’information, mais doivent être des catalyseurs de l’émergence d’une conscience agissante et transformatrice de nos sociétés ». (Propos recueillis : A.A.)

 

Maurice Chabi, journaliste Béninois

Maurice Chabi, journaliste Béninois

Maurice Chabi, journaliste béninois : « Les journalistes doivent éviter de se faire manipuler… »

« Nous les journalistes, nous avons un rôle très délicat dans la mesure où nous sommes au milieu de deux intérêts. D’abord les intérêts du pouvoir public, de ceux qui nous défendent  et ensuite, les intérêts des terroristes. Parce que finalement, le combat c’est de se faire entendre. Or les journalistes que nous sommes, nous n’avons pas les moyens d’atteindre directement les Djihadistes pour connaître leurs préoccupations. Donc, ils utilisent tous les moyens nécessaires pour nous manipuler. Et c’est là-dessus que je voudrais attirer l’attention des confrères pour leur dire que, autant nous devons être ouverts à toutes les sources d’informations ; mais il nous faut privilégier les sources officielles c’est-à-dire celles du gouvernement pour ne pas se faire influencer certaines sources peu crédibles, où on colporte les informations n’importe comment « Il parait qu’on est en contact avec tel Djihadistes, etc » on se laisse aller et généralement ça se termine par une manipulation. (Propos recueillis : A.A.)

 

Mahamadé Savadogo, Directeur de l’Ecole doctorale des Sciences Humaines et sociales et Communication.

Mahamadé Savadogo, Directeur de l’Ecole doctorale des Sciences Humaines et sociales et Communication.

Mahamadé Savadogo : « Les médias sont soumis à une double pression : celle des attaques physique et celle de la censure par les gouvernants… »

« Dans un contexte de défis sécuritaires, le rôle des médias paradoxalement devient encore plus important ; alors qu’ils sont eux-mêmes soumis à une double pression qui menace leur propre indépendance et même l’existence visible des médias. Effectivement, il y a la menace de la liquidation physique à travers des attaques et aussi la menace de la censure à travers l’action même des représentants de l’Etat. Dans ce contexte le journaliste a besoin beaucoup plus de soutien. Un soutien qui doit commencer d’abord par la solidarité entre les hommes des médias eux-mêmes ; et entre les médias et la population pour que ces journalistes puissent jouer pleinement leur rôle de sensibilisation et de formation des citoyens ». (Propos recueillis : A.A.)

Serge Daniel, journaliste et écrivain Malien

Serge Daniel, journaliste et écrivain Malien

Serge Daniel, journaliste et écrivain Malien  expliquant le cas du Mali : « La corruption a joué un rôle très important dans le terrorisme… »

« (…) La corruption a joué un rôle très important dans le terrorisme car scientifiquement quand on mène l’enquête il faut trouver les traces de l’objet ou du moyen de corruption. Le nord du Mali a pu être occupé par les Djihadistes facilement parce qu’il n’y a pas de vie dans le désert, il faut faire environ 200 à 300 mètres et vous ne voyez absolument rien. Donc cette situation au Mali, parce que, aujourd’hui, nous avons une situation qui est inadaptée à la réalité de ce que nous vivons ; nous avons des milliers de force de casques bleus ; des Français ; le G5 donc au total, 20.000 militaires à droite et à peine 300 Djihadistes à gauche. Voyez ce qui s’est passé ce lundi 7 Novembre, on a eu 08 attaques en une journée ;  c’est la journée la plus noire depuis l’accord de signature. Donc on ne peut pas s’en sortir avec le dispositif que nous avons. L’Etat malien est aussi responsable parce que, en termes de gouvernance, si on veut s’en sortir, on n’a jamais fait la réunification d’un pays avec le diamant ; les dessous de table ; soit par la force, les armes ;  soit par l’effondrement du mur de Berlin. Il faut s’en sortir par une nouvelle gouvernance : revoir les systèmes de stratégiques de défenses en tenant compte uniquement de son territoire. (…) ». (Propos recueillis : A.A.)

 

Zine Cherfaoui, Directeur de El Watan et de la Maison de la presse Tahar Djaout Albert

Zine Cherfaoui, Directeur de El Watan et de la Maison de la presse Tahar Djaout Albert

Zine Cherfaoui, Directeur de El Watan et de la Maison de la presse Tahar Djaout Albert qui évoque ici le cas de l’Algérie. « En Islam, la notion de Djihad est une notion très noble… »

 

Les journalistes algériens ont payé un très lourd tribut pour la liberté de la presse ; leur résistance à l’obscurantisme et au terrorisme intégriste. De 93 à 99 pas moins de 124 journalistes ont été froidement assassinés par les terroristes ou criminels. En Islam, la notion de Djihad – que je n’utilise pas comme tout le monde – est une notion très noble qui ne renvoie pas forcément à l’usage des armes. Le grand djihad, c’est tout le travail qu’on fait sur soi pour devenir meilleur et le petit djihad consiste à faire la guerre. Donc pour moi, associer le Djihad à quelque chose qui est impropre est incorrect. Il faut reconnaitre que toute une terminologie est mise en place par les criminels (terroristes) pour mettre en minorité les journalistes dans la société. Et ces derniers, dès lors qu’ils ont compris que c’est une guerre médiatique, ont aussi mis en place leur propre lexique.

Les terroristes sont des gens qui utilisent la démocratie pour accéder au pouvoir et pour enfin éliminer la démocratie. Ils sont clairs dans leur menace : « Les journalistes qui combattent l’Islam par la plume, périront par la lame ». Et là, il n’y a pas que les journalistes qui sont assassinés, mais également les correcteurs, les infographes, les monteurs, il suffisait d’être un employé de la presse pour être une cible pour les terroristes. C’est le cas par exemple de Charlie Hebdo. Cependant, des années plus tard, les gens ont pris conscience du danger du terrorisme. (…)


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