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Coup de force au Burkina Faso : Le CND dissout toutes les institutions étatiques de transition et prends en mains les rênes du pouvoir.


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(Lire l’intégralité du discours du CND, l’appel du Président du CNT en encadré)

Retour à la case départ : c’est du moins  ce qu’on puisse dire par rapport à la situation qui prévaut  actuellement à Ouagadougou (Burkina Faso) où le Conseil national de la Démocratie (CND) a pris le Président de la Transition Michel Kafando, son Premier et deux autres ministres de son gouvernement en otage vers 14h (heure locale) ce mercredi 16 septembre 2015 ; alors qu’ils étaient en Conseil des ministres. La situation est restée très tendue dans la soirée, la panique a gagné tous les rangs ; des crépitements de balles sont entendus déjà à partir de 20h.

Mobilisation de la jeunesse burkinabè

Mobilisation de la jeunesse burkinabè

La jeunesse burkinabé s’est invitée à la mobilisation générale pour une restitution de l’ordre étatique comme ce fut le cas, par le passé où cette jeunesse, balai en main, a pu destituer le président Blaise Compaoré.

Et pour empêcher cette mobilisation, les militaires ont investit toute la ville et ses points névralgiques pour disperser les manifestations. Les militaires tirent en l’air pour faire fuir les jeunes et disperser toutes sortes de rassemblement, d’attroupement et autres manifestations à travers la ville.

Toute la nuit du mercredi 16 et ce jeudi 17 les tirs sont de plus en plus fréquents et réguliers dans les rues de la capitale. Les routes sont barrées et barricadées ; c’était l’instauration d’une ville morte, où on n’aperçoit que les militaires : les uns sur des motos, d’autres véhiculées et d’autres à pieds, cagoulés et très armés, tirant en l’air dans toutes les directions. Les jeunes ou personnes qui semblent résister à cette dispersion sont matés à coup de matraque et de lanière. « Il y a eu des morts et des blessés graves »  a témoigné un agent de l’hôtel qui nous abrite et dont nous taisons l’anonymat. D’autres confrères et consœurs appelés sur place ont confirmé qu’il y a une dizaine de morts et des blessées.

Pendant ce temps, la télévision nationale (RTB), aux environs de 7h a rendu public un message du CND  qui annonce la destitution du Président Michel Kandafo, de son gouvernement et du Conseil nation de Transition (CNT). « Une large concertation est engagée pour former un gouvernement qui se dévouera à la mise en ordre politique pour aboutir à des élections inclusives et apaisées » a souligné le communiqué.

Ce communiqué, diffusé dans toutes les langues nationales a justifié les raisons qui motivent ce coup de force. Et rassure par ailleurs, « la communauté internationale et régionale, les partenaires au développement de sa  détermination à respecter les accords qui engagent le Burkina Faso ».  (Ndlr : Lire l’intégralité du communiqué, ci-dessous)

Par la même voix, le CND  « appelle tous les Burkinabès à soutenir activement et massivement dans un esprit de tolérance et de solidarité, le processus de reconstruction politique engagé dans le calme, la discipline et le travail » selon le même communiqué.

Ouaga-Coup de force-2A 9h, la même chaîne a également rendu public quatre communiqués, conformément aux décisions prises par le nouveau régime de transition. Ces quatre communiqués sont relatifs à la nomination du Général de brigade, Gilbert Djendéré pour assurer  et diriger le Conseil national de la Démocratie (CND) ; à l’instauration d’un couvre-feu qui commence à partir de 19h jusqu’à 6h du matin, compte tenu des actes violentes et de vandalisme orchestrés par les manifestations ce 17 septembre ; à la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes à partir de ce 17 septembre jusqu’à nouvel ordre et invite les Secrétaires généraux des ministères à exécuter toutes les affaires courantes desdits ministères.

Retour à la case départ 

Nous qualifions cette situation de « Retour à la case départ » parce qu’après onze mois (11) mois de transition, du processus de reconstruction politique engagé, ce coup de force vient balayer du revers de la main, tout ce qui a été fait et construit pour l’organisation d’une élection transparente, libre et démocratique ; et ceci, à trois semaines des élections (présidentielle et législatives). Alors que le lancement officiel de la  campagne électorale était prévu pour démarrer ce 20 septembre 2015 ; on ne saurait dire avec exactitude à quand pourront tenir enfin ces élections et dans quelles conditions elles vont pouvoir se dérouler. Les jours suivants nous édifierons davantage.

Pour le moment, on ne peut que souhaiter que la paix gagne tous les esprits de ces dirigeants Burkinabés, pour que le consensus puisse régner et que la justice puisse être le maître mot de la démocratie tant prônée par ces peuples ouest-africains.

Ouagadougou, Aline ASSANKPON

Encadré-1 :

L’intégralité du Premier communiqué du CND rendu public ce Jeudi 17 septembre 2015

Le Conseil national de la Démocratie (CND) a décidé ce jour 17 Septembre 2015 « de mettre un terme au régime déviant de la transition. Instauré à la suite de l’insurrection victorieuse du peuple du 30 et 31 Octobre 2014 ; le régime de transition s’est progressivement écarté des objectifs de refondation d’une démocratie consensuelle.

La loi électorale taillée sur mesure pour les individus est décrié par les instances et les hommes de droit, se dresse alors comme un outil de négation des valeurs de nos peuples, fondée sur l’esprit de justice, d’équité et de tolérance.

Cette loi a créé une division et une grande frustration au sein du peuple, érigeant deux catégories de citoyens. Malgré les recommandations fortes des chefs d’Etat de la Cedeao, malgré une condamnation ferme de la Cour de justice de la Cedeao en joignant au Burkina Faso de lever toutes les obstacles à la libre participation aux candidats des élections. Le Conseil constitutionnel de transition va être instrumentalisé pour violer les décisions internationales.

La démocratie, c’est le droit de tout citoyen d’être électeurs et d’être éligibles. La loi portant statut général du personnel des Forces armées et celle portant code de l’information ont été promulguée à des fins personnelles et pour museler la presse. Cette transition s’est également illustrée par des arrestations arbitraires en négation des règles de droit faisant le lit d’une justice sélective au service des vainqueurs.

Dans un contexte sécuritaire sous régional caractérisé par le terrorisme et le grand banditisme, la question militaire a été politisée et instrumentalisée. Les propositions de l’armée visant un traitement adéquat des questions en suspens, ont fait l’objet d’engagement solennel au plus haut niveau et n’ont pas été respectées. Le but ultime étant de créer une crise factice permanente au sein des Forces de défense et de sécurité. Nombres d’acteurs de cette transition se sont illustrés par des comportements aux antipodes des règles de bonne gestion de la chose publique.

Peuples du Burkina Faso, Patriotes et Démocrates et Amis du Burkina, l’intervention du CND a pour but principal, d’enclencher un processus cohérent, juste et équilibrée, devant conduire à la mise en place d’un système institutionnel robuste. Ancré sur les principes cardinaux de la Démocratie, comme l’égalité politique devant la loi, la libre expression politique et l’alternance ; ce système institutionnel sera le socle du développement socioéconomique partagé du Burkina Faso.

Pour faire place à cette exigence, les mesures immédiates suivantes sont prises : Premièrement, le président de la Transition est démis de ses fonctions ; deuxièmement, le gouvernement de transition est dissout ; troisièmement, le Conseil national de transition est dissout ; quatrièmement, une large concertation est engagée pour former un gouvernement qui se dévouera à la mise en ordre politique pour aboutir à des élections inclusives et apaisées.

Le CND voulait également rassurer la communauté internationale et régionale, les partenaires au développement de sa  détermination à respecter les accords qui engagent le Burkina Faso.

Peuple du Burkina, le Conseil national pour la Démocratie (CND) appelle tous les Burkinabès à soutenir activement et massivement dans un esprit de tolérance et de solidarité, le processus de reconstruction politique engagé dans le calme, la discipline et le travail.

Que Dieu protège le Burkina Faso

Le Conseil national pour la Démocratie »

 

Encadré-2 :

L’appel de la Patrie du Président du Conseil national de la Transition (CNT)

Cet appel a été rendu public au soir de ce mercredi 16 septembre 2015 au Centre national Norbert Zongo (CN-NZ). Le CNT étant l’Assemblée nationale de transition, instaurée depuis novembre 2014 qui vient d’être dissoute par le CND. Le sigle RSP signifie : Régiment sécuritaire présidentielle, appelé encore Garde présidentielle.

« Concitoyennes, Concitoyens

Patriotes épris de paix et de justice

Peuple du Burkina Faso

Le devoir nous appelle, car la Nation Burkinabè est en danger.

Des éléments du RSP, ont fait irruption, dans la salle du Conseil des ministres aux environs de 14h30 et ont pris en otage le Président du Faso, Chef de l’Etat, président du Conseil des Ministres, S.E. M Michel KAFANDO, le premier ministre Yacouba Izaac ZIDA, le ministre de la Fonction publique et  du Travail et de la Sécurité sociale, Pr Augustin LOADA et le Ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme René BAGORO.

Cette énième irruption d’éléments du RSP est une atteinte grave à la République et à ses institutions.

J’appelle tous les patriotes à se mobiliser pour défendre la mère patrie.
Des tentatives de dialogue sont en cours entre la Haute hiérarchie militaire et les éléments du RSP.

Le devoir de mémoire et le souvenir des fils et filles tombés pour que naisse une nation burkinabè réconciliée avec l’histoire, commande que chacun de nous se mobilise pour la libération immédiate du chef de l’Etat, du premier ministre et des ministres arrêtés.

Nous en appelons au devoir de solidarité des Forces vives, des Forces politiques et de la Société civile, et de la communauté internationale avec tout le peuple burkinabè pour faire échec à cette opération.

 

Moumina Cheriff  SY

Président du CNT

 

 

 


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