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Agriculture / Entretien de M. Akinwumi Ayodéji Adesina, Nouveau patron de la BAD : Surfer sur la vague des réformes


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M. Akinwumi Ayodéji Adesina a développé et géré pendant 24 abs des programmes agricoles fructueux dans toute l’Afrique. En tant que ministre de l’Agriculture et du développement rural du Nigeria, il a mis en place le porte-monnaie électronique. Il est aujourd’hui le nouveau président de la Banque africaine de Développement (BAD) qui remplacera Donald Kaberuka, le président sortant.

Le porte-monnaie électronique nigérian a suscité beaucoup d’intérêt. Quels en sont les aspects essentiels et quelles ont été les motivations pour l’instaurer ?

M. Akinwumi Ayodéji Adesina, ancien ministre nigérian de l’Agriculture et du Développement et nouveau Directeur général de la BAD.

M. Akinwumi Ayodéji Adesina, ancien ministre nigérian de l’Agriculture et du Développement et nouveau Directeur général de la BAD.

Akinwumi Ayodéji Adesina: Nous avons établi le porte-monnaie électronique pour réduire l’implication directe du gouvernement dans l’approvisionnement et la distribution d’intrants agricoles. Cette initiative comme la Banque centrale du Nigeria et du ministère fédéral de l’Agriculture et du développement rural garantit que les intrants agricoles et les messages importants de vulgarisation parviennent rapidement et dans la transparence aux agriculteurs. Les principaux modules sont l’enregistrement des agriculteurs, la gestion des transactions, les prêts aux distributeurs et les audits menés par des tiers.

Les agriculteurs gagnent en autonomie : il s reçoivent sur leurs téléphones portables – porte-monnaie électronique – des bons pour des intrants (semences et engrais) subventionnés, qu’ils utilisent pour acheter directement ces intrants aux distributeurs.

Depuis sont lancement, quels ont été les principaux avantages de ce système ? Quel sera l’impact à long terme du porte-monnaie électronique sur le secteur agricole du Nigeria ?

Depuis 2011, nous avons touché environ 20 millions de petits exploitants agricoles. Les fabricants d’engrais ont vendu pour 100 millions d’euros et les entreprises de semences pour 10 millions d’euros d’intrants.  Les banques ont prêté 20 millions d’euros aux distributeurs et il n’y a eu aucun cas de prêts non remboursés.

Nous avons maintenant un registre à jour des profils complets de plus de 15 millions d’agriculteurs. En tant que nation, nous avons 21 millions de tonnes supplémentaires d’aliments, ce qui réduit la facture des importations alimentaires.

Selon le Bureau national des statistiques, les importations alimentaires ont diminué de 6,3 milliards d’euros en 200ç à 4,11 milliards d’euros en 2013 et continuent   baisser. Notre facture d’importations de riz a diminué de 60%.  Nous avons réussi  à rendre le système nigérian de distribution d’intrants plus transparents, responsable et structuré. L’initiative a aussi permis de restaurer la confiance entre le gouvernement et les agriculteurs. Les principaux investisseurs locaux et internationaux investissent dans ce nouveau secteur agricole.

L’objectif à long terme du porte-monnaie électronique est :  l’intégration de tous les éléments  de notre système agricole national,  de la production à la consommation ; Atteindre nos objectifs de sécurité alimentaire et de développement économique, pour le pays ne parait plus impossible. L’agriculture a retrouvé  sa juste place de principal  créateur  d’emplois et de générateur de revenus. Cette « richesse de la terre » nous permet maintenant de diminuer notre dépendance à l’égard de la richesse pétrolière.

Quelles ont été les difficultés rencontrées ? L’intervention du gouvernement  doit-elle  continuer ou les agriculteurs seront-ils prêts à payer pour les futurs services ?

Il n’a pas été facile de changer de comportements enracinés  depuis plus de 40 ans mais nous avons réussi à convaincre les agriculteurs et les distributeurs d’intrants entre autres, d’adopter cette approche transparente des transactions commerciales. La seconde difficulté a trait aux infrastructures. Nos investissements sur les trois dernières années portent maintenant des fruits. Par exemple davantage agriculteurs ont adopté la technologie des téléphones portables ; nous avons réparé les grands axes routiers et amélioré l’accès au marché. Nous comptons perfectionner encore le système du porte-monnaie en le dotant d’une puce intégrée qui permettrait à son utilisation comme carte bancaire à identification électronique dans le cadre de l’initiative nigériane pour les paiements agricoles.

Quels conseils donneriez-vous aux autres gouvernements africains qui envisagent d’adopter le porte-monnaie électronique ?

Le Nigeria est le premier pays africain à instaurer un système de porte-monnaie électronique pour la fourniture d’intrants subventionnés aux agriculteurs. Notre conseil est simple : Venez au Nigeria pour tirer leçon de notre expérience si vous désirez mettre votre programme en œuvre plus rapidement. Il est inutile que vous reproduisiez nos erreurs. (Spore n° 176 page 7)


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