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Décès de Jean Pliya : Une bibliothèque vient de brûler mais l’héritage à conserver reste précieux.


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Une tête bien faite s’en est allée…. L’annoncer autrement on dirait une bibliothèque vient de brûler.  L’annonce du décès de Jean Pliya a fait rapidement le tour du monde. Un décès qui a suscité une vive émotion dans les milieux religieux, politiques et éducatifs. Jean Pliya, c’était  un écrivain, un dramaturge béninois, né en 1931 à Djougou et mort le 14 Mai 2015 dernier à Abidjan (Côte-d’Ivoire) dans sa 84ème année.

Ph/Dr- Jean Pliya, l'homme pieux, l'amoureux de Dieu, va et repose en paix!

Ph/Dr- Jean Pliya, l’homme pieux, l’amoureux de Dieu, va et repose en paix!

Une figure emblématique de la littérature béninoise et africaine. Professeur d’histoire et de Géographie, il a exercé ce métier à plusieurs Universités Abomey Calavi  (UNB au Bénin), en France, au Togo et au Niger.

Ensuite, il fût Vice-Recteur et Recteur  de l’UNB. Il occupa plusieurs fonctions publiques, Directeur de Cabinet au Ministère de l’Education nationale de 1961 à 1963 et Ministre de l’Information et du Tourisme en 1963 et même Directeur de Cabinet du Général Soglo et enfin Député.

Fondateur du Renouveau charismatique au Bénin, il publia plusieurs œuvres de prières et de piété comme « Prier comme un enfant de Roi », etc.

Ses publications

Essayiste, il écrit plusieurs textes, ouvrages, contes  relatifs à l’histoire de son pays, à la santé, à la nutrition, et à la prière et même à travers des poésies, romans, articles et j’en passe….

Au titre de ses œuvres, on peut retenir entre autres :

–          L’Arbre fétiche,

–          Kondo le requin

–          Les Chimpanzés amoureux,

–          le Rendez-vous,

–          Le Palabre de la dernière chance

–          La Secrétaire particulière

–          Les Tresseurs de corde

–          La fille têtue ;

–          Prier comme un enfant de Roi ;etc

Pour l’homme qu’il a été, nous ne pouvons que rendre grâce et prier pour le repos de son âme. Et prendre l’engagement d’honorer sa mémoire et faire comme lui. Aimer Dieu et aimer la lecture.

Témoignage de sa Fille Danielle lors de la visite du chef de l’Etat Boni Yayi au domicile du défunt.

« Papa était un béninois profondément raciné dans ses racines. Il faisait la synthèse entre le nord et le sud puisque sa mère était de Djougou (Pila-Pila) et son père de Tindji du Sud d’Abomey.  C’était un homme qui avait un grand cœur et qui croyait en Dieu. Il s’est imposé dans les domaines aussi divers que la politique, la spiritualité, la nutrition, que l’art, les êtres avec beaucoup de décoration dans les domaines de la littérature.

Papa nous disait à nous ses enfants : « Tout ce que vous devez faire, vous devez le faire en visant l’excellence. Et soyez des êtres libres entravés par aucun lien, aucune chaîne. Eu égard à tous ses domaines de compétence, le Seigneur est venu l’enlever, Jésus qui aimait tant. Il était un amoureux du Seigneur qui est venu l’enlever de parmi nous. Je crois qu’il est dans la lumière, dans la gloire.

Eu égard à tous ces domaines de compétence, il avait des projets qui lui tenait à cœur, notamment l’Education en tant qu’Enseignant ; l’alimentation, la nutrition parce qu’il a failli mourir à 36 ans et c’est grâce à son alimentation, au partie pris de changer son alimentation et de découvrir les vertus que les plantes pouvaient faire pour notre corps. Il a pu vivre jusqu’à 84 ans par la grâce de Dieu » confia sa fille Danielle Pliya.

Jean Pliya laisse derrière lui 07 enfants et 18 petits-fils et sa veuve.

La vie de l’homme racontée par lui-même

Racontant personnellement sur l’émission de Steve Facia (Archives) de Media-Production, Jean Pliya disait qu’il a cultivé le goût de la lecture grâce à son père qui l’obligeait à lire pendant que ce dernier est à table au lieu de rester debout à le regarder manger.

« …Donc l’amour du livre, c’est mon papa qui me l’a donné. J’ai donc  gardé cette habitude de lire. Maintenant le secours d’une bibliothèque, j’arrive à l’Ecole primaire supérieure Victor Ballot de Porto-Novo, la première chose que je demande : « Y a-t-il une bibliothèque ici ? » On m’a indiqué une vieille pièce poussiéreuse, les livres encore mangés par les cancrelats, je dis : « ça ne fait rien ! » J’ai couru là-bas, j’ai commencé par lire les livres qui étaient là. Je lisais tellement qu’on m’a surnommé « Bouquinophage » (qui mange des livres).

J’estimais cela. Et cela m’a donné le goût non seulement de lire mais de raconter tout ce que je lis. De lecteur, je suis devenu narrateur et ensuite, conteur. Imaginez que je fais un saut en 1949, j’ai décidé d’avoir le premier prix de français dans ma classe, avec le travail et la prière, je l’ai eu.

Au Bac déjà, je cherchais les bons écrivains. Je les ai trouvés : Albert Camus, Benson, Saint Exupéry et autre Flaubert, Guy de Maupassant, etc j’étais dans mon élément.

A l’Université, je faisais Géographie mais mon activité secondaire était la littérature ; ce qu’on appelle « Diolondeng » et mon slogan était « Un livre plutôt qu’une cravate ». Je ne vise pas du tout les porteurs de cravate, chacun a son goût. Voilà comment mon goût est né, il faut cultiver son goût, pas la paresse. J’ai acheté beaucoup de livres, ces livres-là ont été mon trésor et quand je déménage, c’est les bouquins qui me causent le plus de problèmes. C’est les plus lourds et plus encombrants.

Alors, je n’avais rien écrit vraiment. Revenu au pays en 1959 (à la veille de l’indépendance) et je me disais : « Mon Dieu, on va vivre des événements importants mais est-ce que les choses vont changer ? Y aura-t-il une mutation ? Oui !  »

Connaissant le rêve de Béhanzin, je me disais si on devenait indépendant, qu’est-ce qu’il dirait au Bénin ? Je commençai par cogiter.  » Kondo le Requin » (livre) ; entre-temps, il y avait une autre urgence, l’indépendance est acquise ; j’étais devenu le Directeur de cabinet du Ministre de l’Education. Tellement, les gens entraient dans le ministère pour demander divers services, « La Secrétaire particulière » (livre),  c’est là où j’ai eu les éléments.

Imaginez qu’en 1963, il a été proposé à toute l’Afrique littéraire, un concours de la Meilleure nouvelle africaine, alors j’étais tenté d’y participer. On demandait 15 lignes seulement d’écritures, j’ai dit, quand même j’ai fait des rédactions qui dépassaient 15 pages. Je pouvais le faire. Ce concours était présidé par les Senghor et un jury appelé Dominique Rollet avec les écrivains que j’admirais Olympe Bhêly Quenum et Joseph Zobel. Nous avons eu la surprise d’entendre nous dire que nous avons remporté le premier prix excequo avec un écrivain congolais, Sylvain Bemba. C’était à la fois une surprise pour moi mais aussi une consécration…..(….)

La bibliothèque a certes brûlé mais l’héritage à conserver est précieux.


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