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Conférence ministérielle des Pays les Moins avancés (PMA) : La graduation des PMA au cœur des échanges


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Les ministres et dirigeants de gouvernement venant des 48 Pays les moins avancés (PMA) ainsi que des représentants des Nations Unies se sont rencontrés à Cotonou (Bénin) du 28  au 31 Juillet 2014. Organisée autour du thème : « Nouveaux partenariats pour le renforcement des capacités productives dans les Pays les Moins Avancés » ; cette rencontre a pour but de renforcer la coopération entre les PMA et leurs partenaires de développement, traditionnels et émergeants et voir les possibilités pour eux de sortir du piège de la pauvreté. Quelles sont les stratégies à mettre œuvre pour permettre aux PMA de graduer et de migrer vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici l’horizon 2020.

M. Alassane DRABO de la Fondation pour les Etudes et recherches sur le développement international (FERDI)

M. Alassane DRABO de la Fondation pour les Etudes et recherches sur le développement international (FERDI)

Quatre jours de travaux intenses meubler par des sessions plénières et des panels de haut niveau, pour explorer un éventail de propositions concrètes afin de renforcer la capacité des pays les moins avancés (PMA) à produire d’avantage de biens et services et échanger sur les marchés mondiaux de manière plus efficace pour ainsi accélérer leur développement durable et voir les possibilité pour eux de sortir du piège de la pauvreté : graduer et migrer vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire tout au moins.

« Si nous voulons résoudre les problèmes de croissance et de développement dans les PMA et permettre à la bonne majorité des 900 millions de résidents de sortir de la pauvreté, nous devons mettre un accent particulier sur le renforcement des capacités productives » soutient le Secrétaire général Adjoint des Nations Unies, M. Gyan Chandra Acharya.

Augmenter les capacités productives dans les PMA est considéré comme un défi décisif et une opportunité pour la réduction rapide de la pauvreté ainsi que pour le développement durable et inclusif pour la décennie à venir. La conférence ministérielle des PMA a été axée sur les cadres de politiques ainsi que les institutions, le développement des chaines de valeur, des infrastructures, l’accès à l’énergie et aux mesures d’appui international.

« Cette conférence constitue à n’en point douter la preuve de l’engagement des partenaires au développement dans la mise en œuvre du Plan d’action d’Istanbul (PAI), qui prévoit un partenariat mondial en faveur du développement des PMA afin que d’ici 2020, la moitié de ces pays puissent sortir de cet état » a déclaré le ministre béninois des Affaires étrangères M. Nassirou Arifari Bako.

Le Secrétaire général Adjoint des Nations Unies, Haut représentant des Pays les Moins Avancés, des Etats en Développement Sans Littoral et des Petits Etats Insulaires en Développement, Gyan Chandra Acharya a indiqué pour sa part que « La conférence est une opportunité inestimable pour les gouvernements, les Nations Unies, le secteur privé et la société civile pour se rassembler afin de renforcer et étendre les efforts pluripartites vers des partenariats significatifs et robustes. Cette approche est singulièrement visionnaire vu les discussions sur l’agenda pour le développement post- 2015 en cours ».

En effet, le Programme d’action  d’Istanbul (PAI) en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020 constitue un partenariat renouvelé et renforcé en faveur du développement. Il est structuré autour de huit domaines d’action prioritaires visant à surmonter les difficultés structurelles que connaissent ces pays, éliminer la pauvreté, atteindre les objectifs de développement arrêtés au niveau international et aider la moitié de ces pays à remplir les critères fixés pour sortir de cette catégorie. Son application s’appuie sur un certain nombre de mécanismes de suivi et de surveillance.

 

En Septembre dernier, un rapport publié par des Nations Unies a montré qu’après plusieurs années de stagnation économique, les PMA ont réussi des progrès encourageants avec des signes de transformations structurelles. Toutefois, le rapport affirme que la majorité des PMA continuent de faire face à des défis structurels et leurs progrès ne sont pas uniformes. Des inquiétudes ont aussi été soulevées sur les conséquences négatives du changement climatique sur beaucoup de ces nations. Dans le contexte actuel, la majorité des PMA ne réussiront pas à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement d’ici 2015. Mais il est prévu que d’ici 2020 environ 10 à 11 PMA sortiront de cette catégorie.

Dans le même temps, une autre étude réalisée par la Fondation pour les Etudes et recherches sur le développement international (FERDI) présentée par M. Alassane Drabo cible 14 pays PMA qui sont en bonne voie pour graduer.  Il s’agit des pays suivants : Guinée Equatoriale, Angola (Pays ayant un niveau élevé et disposant des ressources pétrolières) ; Cambodge, Lesotho, Sao Tomé Principes, Solomon, Island, Yemen, Bénin (parmi les pays ayant rempli les critères d’Indice de Vulnérabilité Economique -IVE) ; Bengladesh, Nepal, Laos et le Sénégal. Samoa et Vanuattu (déjà sortis de la catégorie) ; Tuvalu, Tchekerabati, Bhutan (pays éligibles).

Après la présentation de ces pays en bonne voie pour graduer, plusieurs  préoccupations s’en sont suivies qu’on peut résumer en ces termes : « Comment intégrez les risques politiques et sécuritaires dans l’évaluation des critères de la graduation  pour  une meilleure appréciation? « Quels sont les indicateurs qui prouvent  que ces 14 pays sont réellement en bonne voie et quels sont les éléments de  cette étude qui pourraient être améliorés pour faciliter l’accélération du processus de graduation au niveau des PMA ciblés? » « Quelle est la pertinence de faire une simulation pour passer du niveau absolu au niveau relatif ? » Aussi, remarque-t-on qu’un certain nombre de pays sortent et retombent après quelques années compte tenu de l’aspect sécurité, existent-ils des mesures d’accompagnement pour aider les désireux de sortir d’y rester longtemps ?

L’analyse d’un expert  démontre qu’un pays peut avoir un Produit national brut (PNB) par habitant assez élevé et ne pas remplir l’indice humain. Est-ce à dire que le pays, lorsqu’il peut avoir la vulnérabilité économique, comme le cas actuel de la Libye, qui était considéré comme un pays à revenu intermédiaire. Peut-on toujours continuer à dire, sur le plan économique, que le revenu par tête d’habitant est élevé. Cela paraît bien hypothétique !

Aussi, il convient de savoir si l’étude a tenu compte de la volonté plus ou moins manifeste des pays concernés eux-mêmes de ne pas sortir du groupe des PMA ; Notamment par crainte de perdre les avantages qui sont liés aux  statuts des PMA.

Selon des témoignages, certains pays qui sont sortis du groupe, ont dû batailler dure pour y rester mais qui finalement ont fini par en sortir. Il a été remarqué que les pays proposés pour sortir sont en train de se battre également pour ne pas en sortir, ces pays craignent de perdre des avantages particuliers. Est-ce qu’il y a des mesures d’accompagnement pour rassurer les uns et les autres afin qu’ils ne se retrouvent pas dans des situations délicates.

Loin d’être pessimiste, cette étude donne l’espoir qu’on peut avancer.  La question pertinente du risque et de sécurité, a été largement abordée  selon M. Alassane Drabo du FERDI. Selon lui, les Nations Unies considèrent que ces éléments sont dans un premier cas,  imprévisibles, donc plusieurs pays peuvent facilement tomber dans la crise, le cas de la Côte-d’Ivoire illustre mieux cette situation.

« En fait, être un PMA, c’est être un pays qui rencontre des difficultés structurelles, des difficultés qui nécessite l’intervention de la communauté internationale pour aider le pays à sortir totalement de cette situation et mettre le pays à un niveau où tout seul, il peut se développer. D’ailleurs, on suppose que les PMA sont dans un piège, il faut les faire sortir de ces pièges et ils pourront mieux se développer tout seul » a justifié M. Drabo.

Il ne doit pas avoir trop d’inquiétudes à ce sujet d’autant plus que cette question n’est pas très structurelle puisqu’on veut mettre ces pays ciblés dans une autre catégorie autre que les PMA qu’on appelle les Etats fragiles. Selon le communicateur, les Etats fragiles représente une catégorie plus vendable que la catégorie PMA. « Lorsqu’on a un document, une conférence à présenter sur un Etat fragile, généralement, ce travail intéresse plus de monde que les PMA » a-t-il.

« Les 14 pays ne sont pas forcément sur la bonne voie pour sortir en 2020 ; mais sont sur la bonne voie en ce qui concerne l’évolution vers le seuil de graduation » ajoutera-t-il.   En effet, cette étude a statué sur l’évolution relative des performances de ces pays dans les trois critères, relatifs par rapport  au seuil de graduation. Et tous les pays qui ont une amélioration dans deux critères sur trois sont au moins sur la bonne voie. Lorsqu’on atteint une amélioration dans deux critères sur trois, on peut sortir de la catégorie des PMA. Ces critères s’observent au niveau des performances réalisées au niveau de l’Indice de vulnérabilité économique (IVE) et de l’Indice de capital humain (ICH). Il se révèle par ailleurs que ces critères sont liés et dépendants.

Selon les Nations Unies, le seuil de graduation est choisi en tenant compte de la performance, par rapport à l’ensemble du groupe des PMA et d’autres pays en développement qui sont proches des PMA d’où le critère de relativité. Mais M. Drabo fustige ce dernier critère et le trouve très arbitraire. « Quand on prend la catégorie des pays faibles, c’est à un seuil fixe,  la Banque mondiale, depuis qu’elle a instauré le seuil, ce seuil ne change pas de façon réelle ; puisque en termes nominales, le seuil change. Chaque année, des pays sortent du groupe et on ne fera que réduire le nombre de pays relatifs, cela posera des difficultés plus tard ».

Par rapport à la volonté manifeste des pays pour sortir de la catégorie, à chaque réunion aux Nations Unies, les petites îles s’opposent à une éventuelle sortie : « Pour nous, sortir de la catégorie, c’est revenir à des années en arrière,  c’est retomber dans la pauvreté » justifient-ils.

Ils utilisent comme argument, la dépendance entre les deux premiers critères qui ne représente qu’un seul critère en fait : Plus la croissance économique est bonne, plus on a la chance d’améliorer l’éducation et la santé des populations. « Mais cela est insuffisant ! disent-ils ; nous sommes de très petites iles et nous sommes exposés à la question de changement climatique. Nous remplissons certes les conditions dans les deux critères mais le dernier élément, critère, lui seul peut nous amener à très court termes à retomber à un niveau encore plus bas qu’on avait avant même de rentrer dans la catégorie ».

Selon Drabo, il a été mis en place une transition douce, qui permettra aux pays de remplir doivent remplir les critères sur plusieurs années avant de sortir de la catégorie PMA. Par ailleurs, ils doivent bénéficier des mesures d’accompagnement même après leur sortie. Nonobstant que le cas du Cap-Vert montre qu’un pays peut sortir de la catégorie et améliorer ses performances.

Au finish, l’on retient que les 14 pays retrouvés sur une voie optimiste sont ciblés sur des critères calculés de façon relative selon l’évolution de ces pays par rapport au seuil de graduation « puisque ces pays avancent de façon positive vers la ligne de graduation, C’est vraiment une question de tendance positive que nous abordons ainsi »

Un autre couac observé est que cette liste quatre pays posent problème dont le Bengladesh, le Mayamar, le Bénin.


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