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Burkina Faso : moins pauvre, plus affamé et rien d’étonnant !


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Cela est incontestable ! Après plus de 25 ans de pouvoir, le plus gros succès de Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, dans le domaine de l’agriculture est le développement du secteur cotonnier. Entre 1996 et 2006 la production du coton au Burkina Faso a triplé. Premier producteur de coton d’Afrique en 2006, le pays occupait en 2007 la première place des pays exportateurs de coton du continent.

 

Ph: DR - "Le coton nous permet de nous enrichir, mais ne nous empêche pas de continuer à mourir de faim !"

Ph: DR – « Le coton nous permet de nous enrichir, mais ne nous empêche pas de continuer à mourir de faim ! »

Cette croissance est liée en grande partie aux efforts d’organisation des producteurs et la création de trois sociétés cotonnières pour assurer la coordination de la filière. Celles-ci fournissent aux producteurs de coton les intrants nécessaires (engrais, pesticides et semences) à crédit. Elles leur assurent l’encadrement technique sur le terrain. Les producteurs sont assurés qu’à la récolte, aucun gramme de coton ne restera dans leur main faute d’acheteur, les sociétés rachetant systématiquement toute la production.

Tout cela est rendu possible grâce à l’accroissement de l’investissement public qui, depuis 2003, se situe en moyenne autour de 17%. C’est-à-dire bien au-delà de l’engagement des 10% pris à Maputo. Des dépenses publiques qui servent largement à soutenir la filière cotonnière.

On ne mange pas le coton !

Cette politique a permis de réduire l’extrême pauvreté de -37%. La proportion de la population vivant avec moins de 1,25 dollar  US par jour est passée de 71,2% en 1994 à 44,6% en 2009.

Au même moment, la prévalence de la sous-alimentation va croissante. Elle est passée de 22,9% en 1991 à 25,9% en 2011. On est peut-être moins pauvre grâce notamment au coton, principale source de revenu d’environ 2 millions de burkinabè pour la plupart des petits agriculteurs.

Mais paradoxalement on n’a jamais été aussi sous-alimenté, on n’a jamais tant souffert de la faim. Pourquoi ? Parce que jusqu’à preuve de contraire, on ne mange pas le coton. Le coton nous permet de nous enrichir, mais ne nous empêche pas de continuer à mourir de faim !

Le soutien au secteur cotonnier est une exception politique au Burkina Faso. Les productions vivrières ne bénéficient pas du même accompagnement.

Les agriculteurs accèdent difficilement aux intrants et manquent d’encadrement, de formation et de matériel agricole adapté. Ils doivent également faire face de plus en place à des conditions climatiques rudes et incertaines.

A la récolte, la mise en marché pose problème. N’étant pas assurés de pouvoir vendre, beaucoup d’agriculteurs se contentent aujourd’hui encore de produire uniquement pour les besoins alimentaires de leurs familles.

Produire plus et mieux ce que nous mangeons !

Même si au cours de ces dernières années le secteur cotonnier burkinabè rencontre des difficultés liées notamment à la chute des prix du coton et à la vulgarisation du coton génétiquement modifié, il demeure la filière agricole la mieux organisée et de loin la plus soutenue par l’Etat.

Le développement de ce secteur nous apporte la preuve irréfutable qu’avec la volonté politique, le pays peut atteindre la sécurité et la souveraineté alimentaire au bout de quelques saisons. Cela peut se faire en orientant sur le même modèle que le coton, les investissements publics pour l’émergence de filières céréalières et animales solides. Tout en réduisant le niveau de pauvreté rurale.

Car pour un pays comme le nôtre, le soutien aux productions vivrières permet à la fois de résoudre le problème crucial de la faim et la malnutrition, de faire reculer la pauvreté rurale et de développer un marché agricole national.

Infographie : ONE, rapport « Prêt au changement. La promesse de transformation agricole de l’Afrique« , p.26 (http://one.org.s3.amazonaws.com/pdfs/ONE_Ripe_for_Change_report_FR.pdf)


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