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5eme edition de l’Initiative Médias Afrodad (AfroMedi V) : Les medias outilles pour une justice reparatrice pour le continent


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* ‘’Devise d’AFRODAD : positionner l’Afrique comme un décideur et non plus comme un simple preneur de règles’’

Ph:DR: Photo de famille des medias africains participants a AFROMEDI V a Johannesburg

Johannesburg, la capitale politique de l’Afrique du Sud accueille du 25 au 27 mars 2025, la cinquieme edition de l’Initiative Médias Afrodad (AfroMedi V) a l’hotel The Capital Empire Sandton. Conjointement organise par African Forum and Network on Debt and Development (AFRODAD) et l’African Monitor, ce present forum vise a renforcer la capacite des journalistes a acceder a l’information, a comprendre les mecanismes et le fonctionnement de la dette publique afin de pouvoir influencer les politiques publiques sur la gestion de la dette.

Johannesburg, Aline ASSANKPON

Apres AFRoMedi IV a Abidjan en fevrier 2024, c’est Johannesburg qui acceuille la cinquieme edition de ce grand forum des medias africains. «Le rôle des médias dans l’avancement de la position de l’Afrique en matière de justice réparatrice», c’est le theme principal autour duquel s’articulent les reflexions des medias, parlementaires sud africains et responsables des Organisations de la Societe civile.

Les principaux objectifs de l’edition 2025 sont les suivants: Outiller les journalistes sur les moyens de lier les réparations aux processus de développement mondial, en guidant et en influençant leurs reportages; Sensibiliser à la nécessité de réformer les institutions financières mondiales et leurs modèles sur le systèmes de fonctionnement; Encourager et guider les journalistes à couvrir de manière stratégique les moments et mouvements clés, notamment les élections de 2025 et au-delà; et enfin, Offrir une plateforme pour un engagement continu au-delà d’AFROMEDI V.

AfroMedi V se deroule a un moment crucial ou l’ordre mondial international traverse une crise geopolitique sans precedent et le continent africain subit de pleins fouets ses impacts. Dans ce contexte, AFRODAD estime a juste titre que l’implication des medias ne peut etre sous-estimee, ni ecartee.

En effet, l’Afrique est confrontée à l’une de ses pires crises de la dette souveraine, qui menace d’anéantir des années de progrès en matière de développement et d’efforts historiques d’allègement de la dette. D’après la carte des risques liés à la dette en Afrique, des pays comme le Soudan, le Somaliland, la Somalie, le Ghana, Sao Tomé-et-Principe, la République du Congo, la Zambie, le Mozambique, le Malawi, le Zimbabwe, le Cameroun, l’Angola, la République centrafricaine, le Soudan du Sud, l’Éthiopie, le Tchad, l’Érythrée, Djibouti, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, la Tunisie et le Kenya sont confrontés à un lourd fardeau de dettes.

‘’Certains pays ont été contraints de mettre en œuvre des politiques drastiques et des coupes budgétaires, allant des investissements sociaux au remboursement des prêts, ce qui a entraîné des troubles, les pays étant contraints de mettre en œuvre des politiques profondément injustes et impopulaires, pouvant parfois conduire à des troubles civils, comme on l’a vu au Kenya et au Nigéria en 2024’’ a rappele le Directeur executif d’AFRODAD.

La dette publique, bien qu’essentielle de la politique budgétaire mondiale moderne, présente des complexités uniques au sein des économies africaines. Son origine est intimement liée à l’héritage colonial laissé par les puissances européennes, qui a contribué à l’accumulation d’une dette odieuse et au transfert d’un fardeau de dette oppressif aux nations africaines indépendantes, restreignant ainsi leur marge de manœuvre budgétaire. Les pratiques d’exploitation et le contrôle économique exercés par les puissances coloniales durant l’ère coloniale ont entraîné l’extraction de ressources et l’imposition de structures économiques favorables aux colonisateurs. ‘’Après leur indépendance, les nations africaines ont hérité des lourdes dettes contractées par les puissances coloniales, perpétuant ainsi leur dépendance économique et entravant leur développement.’’

‘’Le programme de réparations, inscrit au thème 2025 de l’UA, vise à remédier aux injustices historiques tout en s’attaquant aux problèmes contemporains tels que le racisme systémique, l’exclusion économique et la marginalisation de l’Afrique dans la prise de décision mondiale’’ a souligne le Conferencier.

’’En Afrique, à ce jour, plus de la moitié du continent est confrontée à une situation de détresse due à la dette ou à un risque élevé de détresse de la dette. Quatre pays ont déjà fait défaut sur leur dette : il s’agit de la Zambie, du Tchad, de l’Éthiopie et plus récemment du Ghana. Près de la moitié des pays du continent paient plus en remboursements d’intérêts sur le service de la dette que sur les investissements dans des services publics tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement’’ a declare le Directeur executif de AFRODAD, M. Jason R. BRAGANZA a la ceremonie d’ouverture des travaux.

Face a ces defis economiques tres graves, les medias peinent a jouer le role d’influenceur sur les politiques publiques et a denoncer la mauvaise gestion de la dette publique au niveau de leurs pays. Il faut reconnaitre que le manque d’informations, accompagné de statistiques sur la dette inaccessible et d’un rapport public, compromet la capacité des medias, de la societe civile et du public à interagir et à jouer leur rôle dans la reddition de comptes du gouvernement.

‘’Cette situation sape la souveraineté de l’Afrique, l’émancipation de l’Afrique d’un ordre mondial néolibéral basé sur le profit privé, nous laissant dans un état perpétuel de pauvreté, d’inégalité et d’endettement. Il est donc juste que le thème de l’Union Africaine de 2025 soit sur les réparations et la justice réparatrice pour le continent. C’est cela que nous devrions garder constamment à l’esprit au cours des prochains jours apres cette séance de renforcement de capacite ‘’ a souligne M. BRAGANZA.

Pour rencherir sur la question de la justice reparatrice, Dr Christian AYIKU, membre du Conseil d’administration d’AFRODAD reviendra sur les tenants et aboutissants de cette revendication en etablissant un lien entre la crise croissante de la dette africaine et les siècles d’exploitation, de l’extraction des ressources depuis l’époque coloniale à la marginalisation financière actuelle.

Pour Dr AYIKU, «le fardeau de la dette africaine n’est pas un accident; c’est l’héritage d’un système mondial fondé sur l’extraction». «Nos nations ont hérité des économies manipulées pour favoriser les puissances étrangères, et aujourd’hui, on nous demande de rembourser les dettes qui découlent de notre oppression’’ souligne-t-il en poursuivant: «Les mêmes puissances qui ont pillé nos ressources imposent désormais des conditions de prêt qui privilégient les profits des créanciers au détriment des vies africaines. Il ne s’agit pas de développement, mais de dépossession sous un autre nom» indique Dr AYIKU.

Notons que 22 pays africains, dont le Ghana, la Zambie, le Soudan et le Kenya, sont aujourd’hui confrontés à des ratios dette/recettes dépassant 40 %, selon la carte des risques de la dette africaine 2025.

PH:DR: une vue partielle des participants

Quant aux roles des medias, le Conferencier dira que dans la révélation des obstacles systémiques, les journalistes africains sont confrontes aux quatre defis majeurs ci-apres : l’accès limité à des données fiables sur la dette, l’intimidation lors de l’examen des institutions puissantes, la complexité de la traduction du jargon fiscal et les restrictions imposées à la couverture médiatique pendant les élections.

Il est donc essentiel de relever ces defis qui apparaissent comme des obstacles a surmonter en democratisant le discours sur la dette. «La couverture médiatique de la dette ne peut rester l’apanage des technocrates. Elle doit se concentrer sur le coût humain: les familles qui doivent choisir entre nourriture et médicaments, les élèves qui étudient dans des salles de classe sans toit», a déclaré Ayiku.

Apres le temoignage de quelques journalistes sur l’importance de cette rencontre d’echanges tres riche depuis la premiere edition en 2021 en ligne pour raison de la pandemie de Covid19, l’initiative Media d’AFRODAD poursuit son petit bonhomme de chemin et se trouve a sa cinquieme edition.

Et pourquoi le choix de la ville de Johannesburg en Afrique du Sud, le Directeur executif AFRODAD M. Jason BRAGANZA va presenter en Session 1, «La situation actuelle de la dette et les solutions potentielles, y compris la restructuration de l’architecture financière mondiale: Le thème de l’UA 2025 sur la justice réparatrice et la decomposition des engagements dans le processus de financement pour le développement’’. (Ndlr: Nous y reviendrons plus en detail dans les prochaines publications).

Durant les trois jours de travaux les participants vont se familiariser a une dizaine de sessions suivant l’agenda concu a cet effet, faites de communications, de panels de discussions et des travaux de groupes. Il est egalement prevu, une soiree culturelle pour humaniser la dette à travers un prisme féministe fait de poesies, de chants et de danses a la fin de la deuxieme journee.

AFRODAD en question…

AFRODAD (par l’intermédiaire d’AFROMEDI et de ses partenaires) travaille avec les médias pour que la dette publique et les questions connexes soient une priorité. Cela a également joué un rôle clé dans la démocratisation du discours sur la dette, donnant ainsi aux citoyens le pouvoir d’influencer la politique de la dette par leurs choix électoraux.

De plus, la campagne « Stop The Bleeding » et divers partenaires aux niveaux national, continental et mondial ont fait progresser le mouvement pour la justice en matière de dette, avec pour devise de positionner l’Afrique comme un décideur et non plus comme un simple preneur de règles. Le rôle des médias dans cette campagne est crucial, car ils sont habilités à définir un programme qui répond aux besoins des populations du continent.

L’initiative Media d’AFRODAD (AFROMEDI) est lancee en 2021. AFROMEDI V a reunit a Johannesburg 45 journalistes participants venus de 29 pays. Les organisateurs esperent bien que ce nombre augmentera au cours des années suivantes pour couvrir l’ensemble des 54 pays africains.


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