
Ph:DR: Mme Ngone DIOP, Directrice du Bureau Sous régional Afrique de l’Ouest de la CEA
Le Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest de la CEA (BSR-AO/CEA) a organisé ce mardi 25 Février 2025, un dialogue virtuel en préparation à la Conférence des ministres africains des Finances, du Plan et du Développement Economique, édition 2025 (CoM2025). A l’occasion, plusieurs experts sont intervenus sur les questions de développement durable pouvant entraver ou accélérer la mise en œuvre de l’accord de la ZLECAf, y compris la numérisation, la technologie, la sécurité alimentaire et la transformation énergétique ainsi que la gouvernance, la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest. Des recommandations sont formulées pour leur intégration dans les travaux de la CoM25 prévue pour se dérouler du 12 au 18 mars 2025 à Addis-Abeba en Ethiopie.
Aline ASSANKPON
» Faire progresser la mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine : proposition d’actions stratégiques transformatrices » c’est le thème de la Cinquante-septième (57e) Session de la Conférence des Ministres Africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA, édition 2025 (CoM2025) prévue du 12 au 18 mars 2025 à Addis Abeba, en Ethiopie. En prélude à ladite Conférence, le Bureau sous régional, Afrique de l’Ouest de la CEA (BSR-AO/CEA) a organisé un dialogue pré-conférence entre quelques experts représentants plusieurs pays de la région.
L’objectif de ce dialogue est de stimuler les réflexions sur le thème de la CoM2025 et d’identifier les défis et priorités spécifiques des pays d’Afrique de l’Ouest aux fins d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf. Au menu, des questions de développement durable pouvant entraver ou accélérer la mise en œuvre de l’accord de la ZLECAf, y compris la numérisation, la technologie, la sécurité alimentaire et la transformation énergétique ainsi que la gouvernance, la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est une initiative phare de l’Agenda 2063 : « L’Afrique que nous voulons, de l’Union africaine ». Son objectif principal est d’établir un marché unique africain pour les biens et services, englobant les 55 États membres de l’Union africaine et les huit Communautés économiques régionales (CER). Selon une étude de la CEA en 2022, ce marché unifié de 1,3 milliard de consommateurs devrait générer un PIB combiné d’environ 3,4 trillions de dollars et augmenter les exportations intra-africaines en Afrique de l’Ouest de 21,1% et de 5,1% respectivement à l’horizon 2045.
« Le commerce intra-africain est plus concentré sur les biens semi-transformés et transformés (61% du total contre 38% pour le reste du monde), ce qui peut être approfondi par la ZLECAf et générer des revenus plus élevés ». Les projections de la CEA montrent que la ZLECAf peut agir comme un stimulant pour le développement industriel et la diversification économique en Afrique. « En fait, près des deux tiers de l’augmentation du commerce induite par le projet continental proviendraient du commerce des produits manufacturés. Les produits agricoles représentent 21% de cette augmentation, tandis que l’énergie et les mines représentent 11%. Les services contribueraient à hauteur de 3% ».
En Afrique de l’Ouest, les exportations de produits industriels de la région vers l’Afrique, en supposant une mise en œuvre réussie de la ZLECAf, devraient augmenter de 24 % d’ici 2045. « La ZLECAf peut également catalyser une croissance inclusive et durable à travers le continent en augmentant le revenu réel agrégé de l’Afrique de 7% d’ici 2035, en tirant 30 millions de personnes supplémentaires de l’extrême pauvreté » (Banque mondiale, 2020).
La ZLECAf représente donc une opportunité transformatrice pour les économies et les sociétés africaines. Les avantages socio-économiques tels que la création d’emplois, l’industrialisation et la réduction de la pauvreté seraient substantiels, tandis que le développement lié à l’énergie devrait améliorer à la fois l’expansion et l’accès aux énergies renouvelables.
De plus, les résultats liés au climat dépendent de l’efficacité avec laquelle l’accord sera mis en œuvre, avec la durabilité au centre. En effet, alors que l’Afrique s’efforce de tirer parti du potentiel de la ZLECAf, à travers l’industrialisation, la transformation structurelle et l’augmentation du commerce, il est essentiel de le faire de manière à protéger l’écosystème naturel, à promouvoir les énergies renouvelables et à atténuer les impacts du changement climatique. Ces gains d’une mise en œuvre efficace de la ZLECAf peuvent être débloqués en abordant les défis potentiels tels que les inégalités, les déficits d’infrastructure et les risques environnementaux.
Seul le Bénin traine encore le pas en Afrique de l’Ouest…
Rappelons qu’en janvier 2025, 54 des 55 États membres de l’Union africaine (UA) ont signé l’accord et 49 pays des 54 l’ont ratifié. En Afrique de l’Ouest, à l’exception du Bénin, tous les États membres ont ratifié l’accord. Un total de 41 stratégies nationales de mise en œuvre de la ZLECAf ont été développées au niveau continental (37 avec le soutien de la CEA, dont 13 pour les pays de l’Afrique de l’Ouest) et 3 stratégies régionales ont été développées, y compris celle de la CEDEAO.
L’Initiative de commerce guidé (GTI) a également été lancée en 2022 pour tester la préparation des pays et du secteur privé à commercer dans le cadre de la ZLECAf. Le nombre de pays participants est passé de 7 au moment de son lancement à 31 en octobre 2024. Parmi les 31 pays participants, sept sont de l’Afrique de l’Ouest, à savoir : Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo et Cap-Vert.
La plupart de nouveaux pays participant à la GTI, y compris le Sénégal et la Côte d’Ivoire, n’ont pas encore rempli certaines exigences et n’ont pas encore commencé à commercer effectivement dans le cadre de la ZLECAf.
Outre le développement de treize (13) stratégies nationales de mise en œuvre de la ZLECAf en Afrique de l’Ouest, la CEA a également soutenu le développement de stratégies sectorielles (exportations, compétitivité, commerce des services, etc.), de chaînes de valeur régionales et d’outils d’accès au marché, y compris des manuels pour les exportateurs, des lignes directrices couvrant les questions d’origine des règles, les barrières non tarifaires et les plateformes numériques.
Quelques recommandations
Somme toute, accélérer la mise en œuvre de l’accord de la ZLECAf en Afrique de l’Ouest offre une opportunité unique pour la croissance économique, favoriser l’intégration régionale, construire des économies résilientes, inclusives et transformatrices.
Toutefois, libérer pleinement la promesse de la ZLECAf en Afrique de l’Ouest nécessite la mise en œuvre d’actions stratégiques transformatrices, pour relever de multiples défis structurels tout en se positionnant comme un acteur clé du commerce intra-africain, en tant que moteur clé du développement régional.
C’est dans ce contexte que la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) consacrera sa cinquante-septième (57e) session de la Conférence des Ministres Africains des finances, de la planification et du développement économique (CoM2025) afin de consolider le Momentum et proposer des actions stratégiques transformatrices pour faire avancer la mise en œuvre de la ZLECAf. Ces actions viseraient à améliorer notamment la sécurité alimentaire du continent, à stimuler la transformation énergétique, à favoriser des économies vertes inclusives et à accélérer la réalisation de l’Agenda 2030 pour le développement durable et de l’Agenda 2063 : L’Afrique que nous voulons, tel qu’envisagé par l’Union africaine.
Le dialogue pré-Conférence a permis aux intervenants d’examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de la ZLECAf et le début des échanges commerciaux selon les règles de l’Accord en Afrique de l’Ouest surtout au Ghana avec la mise en œuvre de la ZLECAf est intégré désormais dans l’Education en milieu universitaire et son importance dans le monde des affaires. D’où les expériences pays, les défis ainsi que les meilleures pratiques et les réussites dans la mise en œuvre de la ZLECAf sont partagés, discutés et capitalisés.
Ensuite, les cadres institutionnels, les mesures d’accompagnement et les initiatives que les pays de l’Afrique de l’Ouest devraient mettre en place pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord sont mis en exergue entre autres, par le Directeur de l’Economie et de la Planification du Burkina Faso, M. Larba Issa KOBYAGDA. Le Coordonnateur du CILLS est aussi intervenu sur les stratégies à mettre en œuvre pour garantir la sécurité alimentaire dans la région. Et Macktha Seck de la Division numérique de la CEA a insisté sur l’harmonisation de toutes les politiques mises en œuvre pour promouvoir l’inclusion financière.
A l’instar de M. Sérigne Modou Thiam qui a assuré avec brio la modération des différents intervenants, Mme Ngoné Diop, la Directrice du Bureau Sous Régional Afrique de l’Ouest de la CEA (BSR-AO/CEA) a pour sa part, clôturé le dialogue pré-conférence en rappelant les principales options de politiques à mettre en œuvre et les pistes de solutions définies pour accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf ainsi que les actions stratégiques transformatrices proposées sur les questions de développement durable, y compris celles liées à l’énergie et au climat, à la numérisation, à la sécurité alimentaire et à la souveraineté, ainsi qu’aux implications pour la paix et la sécurité qui perturbent la quiétude dans la région ouest africaine.
Rappelons que le Dialogue a réuni des décideurs de haut niveau, des experts en finance et en développement, des représentants des Communautés Economiques Régionales (CER), des Coordinateurs Résidents des Nations Unies, de l’équipe de pays des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, des Directeurs Régionaux, des représentant(e)s du secteur privé, des institutions financières, des représentants des médias et d’autres acteurs du développement.