Les Bureaux sous régionaux pour l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) ont lancé mardi les 39ème et 27ème sessions des Comités intergouvernementaux de hauts fonctionnaires et d’experts pour l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest (CIHFE). Cette rencontre conjointe se tient cette année sous le thème : « Accélérer la mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest par la transformation numérique et la diversification économique ».
Parallèlement au CIHFE, les deux bureaux sous régionaux de la CEA organisent une réunion d’experts (EGM) sous le même thème. Selon la Coordonnatrice Résidente des Nations Unies au Maroc, Nathalie Fustier, la transformation numérique peut avoir un impact positif significatif sur la croissance économique et le développement durable en contribuant à l’accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf et en favorisant le commerce entre pays membres : La transformation numérique peut permettre aux entreprises d’atteindre leurs clients et partenaires commerciaux à l’intérieur des pays et au-delà de leurs frontières, de manière plus rapide et plus rentable. Cela contribue à la révolution du commerce électronique actuellement en cours dans des pays tels que le Nigeria, l’Égypte, le Ghana ou le Maroc, a-t-elle déclaré.
« L’intégration économique en Afrique du Nord nécessite des efforts coordonnés pour améliorer la mobilité, aligner les politiques macroéconomiques et sectorielles, harmoniser les cadres réglementaires et mettre en œuvre des programmes communs. Ces interventions peuvent renforcer les interventions conjointes et le pouvoir de négociation de la sous-région, stimuler l’attrait des investissements et rehausser les performances économiques, favorisant ainsi une croissance durable et la création d’emplois ainsi que la résilience aux chocs extérieurs » a ajouté Adam Elhiraika, Directeur du Bureau de la CEA en Afrique du Nord.
« La ZLECAf est un projet structurant et ambitieux. Il constitue un réel levier de développement pour notre Continent. La CEA, qui a d’ailleurs initié les discussions sur ce projet, doit continuer à jouer un rôle important en matière d’accompagnement de nos pays pour relever les défis de mise en œuvre de la ZLECAf, » a appelé Abdellah Ben Mellouk, Président sortant du CIHFE pour l’Afrique du Nord, qui a souligné l’importance d’une forte volonté politique pour la mise en œuvre de l’accord, guidée par une vision commune d’intégration, de croissance inclusive et de développement durable,qui privilégierait les gains économiques partagés au détriment de gains économiques de courte durée.
Quant au Président sortant du CIHFE pour l’Afrique de l’Ouest, Ali Bamba a affirmé que « Le contexte dans lequel le Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest de la CEA a déployé son programme de travail a été complexe, marqué par de multiples défis : les répercussions encore perceptibles de la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques mondiales, la crise climatique et la crise sécuritaire persistante en Afrique de l’Ouest et au Sahel, qui a entraîné une dégradation des indicateurs socioéconomiques ».
« Malgré ces circonstances, le Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest de la CEA a pu obtenir des résultats notables dans trois domaines clés, en l’occurrence la mise en œuvre de la ZLECAf, la promotion de l’atteinte du dividende démographique et la production de connaissances », a expliqué Monsieur Ali Bamba.
Dans son allocution, Amadou Diouf, responsable des initiatives sous-régionales au Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest de la CEA a expliqué que les exportations de produits industriels de la CEDEAO vers l’Afrique, dans l’hypothèse d’une mise en œuvre réussie de la ZLECAf, vont s’accroitre à l’horizon 2045 de 24%, tandis qu’elles devraient augmenter de 40% et 23% respectivement pour les services et les produits agro-alimentaires.
« Deux points majeurs méritent toute notre attention, en l’occurrence la nécessité de donner un nouvel élan aux Objectifs de développement durable (ODD) et promouvoir les sciences, la technologie et l’innovation et la coopération numérique, tout en s’engageant à mettre en œuvre le compact numérique mondial », a-t-il ajouté.
Les Comités intergouvernementaux de hauts fonctionnaires et d’experts sont des réunions statutaires annuelles convoquées par les bureaux sous-régionaux de la CEA en vue d’examiner les problématiques socio-économiques affectant les pays membres, évaluer les avancées enregistrées par les bureaux au cours de l’année écoulée et établir les priorités stratégiques pour l’année à venir.
La présente rencontre permettra d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la ZLECAf en Afrique du Nord et de l’Ouest et d’identifier des solutions pour accélérer sa mise en œuvre grâce à la diversification économique et à la transformation numérique.
Cette réunion se tient dans un contexte de stagnation ou de ralentissement de la croissance. En effet, cette dernière s’est établie à 3% en Afrique du Nord en 2024 contre 3,1 % en 2023, et à 3.4% en Afrique de l’Ouest en 2024 contre 3,8 % en 2023. Les taux de croissance des deux sous-régions restent inférieurs à leurs moyennes de 2010-2019, qui s’élevaient à 3,6 % pour l’Afrique du Nord et 4,5 % pour l’Afrique de l’Ouest.
Cette rencontre sera l’occasion de se pencher sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la ZLECAf, l’importance de la transformation numérique et du commerce intra-africain, le rôle du commerce dans la diversification économique et l’industrialisation, et la question des chaînes de valeur régionales.
Le CIHFE et l’EGM se tiennent avec la participation de représentants de 22 pays – dont :
l’Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone, le Soudan, le Togo et la Tunisie. Parmi eux figurent des hauts fonctionnaires, décideurs politiques, représentants des communautés économiques régionales, experts, universitaires, partenaires au développement, des représentants de la société civile et du secteur privé.
A l’issue des deux rencontres, les recommandations émises guideront les programmes à venir des Bureaux de la CEA en Afrique du Nord et de l’Ouest. Les rapports des réunions seront par ailleurs soumis à la 57ème Session de la Commission Economique pour l’Afrique en 2025 (COM2025).
À propos de la CEA
Créée en 1958 par le Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies, la CEA est l’une des cinq commissions régionales de l’Institution et a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses États membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.
Composée de 54 États membres, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) joue un double rôle en tant qu’organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et en tant que partie intégrante du paysage institutionnel régional en Afrique.