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FMI / Perspectives économiques régionales  (Afrique subsaharienne): Faire face à une longue pandémie en élargissant toutes les possibilités


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Ph/Dr: Malgré les séquelles de la crise, le potentiel de l’Afrique subsaharienne reste incontestable…

Le rapport sur les perspectives économique régionales pour l’Afrique subsaharienne est publié deux fois par an, en avril (au printemps) et en octobre (à l’automne) de chaque année par le Fonds monétaire international (FMI). Publié en avril 2021, le présent rapport rend compte de l’évolution économique de la région : les projections, les considérations de politique économique et recommandations à mettre en œuvre pour renforcer la résilience contre les séquelles de la pandémie de Covid-19 sur l’économie de la région. C’était lors d’un webinaire organisé par le FMI/Bénin à l’intention des médias,  le jeudi 20 mai dernier.

 Selon le dernier rapport sur les perspectives économiques régionales, l’Afrique subsaharienne est toujours en proie à une crise sanitaire et économique sans précédent. Quelques mois après la publication de l’édition d’octobre 2020, la région a encore fait face à une deuxième vague de contamina­tions au coronavirus « qui a rapidement dépassé la première en termes d’ampleur et de vitesse. Si cette deuxième vague s’est atténuée, pour le moment de nombreux pays se pré­parent à d’autres vagues, d’autant plus que l’accès aux vac­cins demeure insuffisant».

L’Afrique subsaharienne, la région du monde qui affiche la plus faible croissance en 2021

Le rapport note que la reprise mondiale en 2021 sera moins équitable. «En Afrique, où le pouvoir d’achat est faible et les options sont restreintes, de nombreux pays peineront à simplement vacciner leurs travailleurs essentiels de pre­mière ligne cette année, et rares sont ceux dans lesquels les vaccins seront largement accessibles avant 2023 ».

Dans ce contexte et malgré un environnement extérieur plus porteur, l’Afrique subsaharienne sera la région du monde qui affiche la plus faible croissance en 2021. L’économie mondiale a connu une embellie plus rapide que prévu au second semestre de 2020, avec des retombées dans la région sous forme d’une progression des échanges commerciaux, d’une hausse des cours des produits de base et d’une reprise des entrées de capitaux. Selon les estima­tions actuelles, l’Afrique subsaharienne a subi une contrac­tion de l’activité de 1,9 % en 2020, ce qui est mieux que la prévision d’octobre dernier (–3,0 %), mais reste le plus mauvais résultat jamais observé.

Le rapport prévoit qu’en 2021, la région va enregistrer une croissance de 3,4 %, contre une prévision de 3,1 % en octobre 2020 sous l’impul­sion d’une augmentation des exportations et des cours des produits de base ainsi que d’une reprise de la consomma­tion des ménages et de l’investissement privé. « Toutefois, ce n’est qu’après 2022 que la production par habitant devrait retrouver les niveaux de 2019. Dans bon nombre de pays, le revenu par habitant ne renouera pas avec les niveaux an­térieurs à la crise avant 2025 ».

Dans ce contexte, la priorité immédiate est toujours de sauver des vies et disposer des moyens de subsis­tance. Cependant, pour l’Afrique subsaharienne, les autorités devront chercher à relancer et à re­construire leur économie tout en affrontant des vagues de contaminations à répétition à mesure qu’elles déferleront.

Le rapport souligne encore que «la principale tâche pour les dirigeants sera d’élargir l’es­pace budgétaire en accroissant les recettes intérieures, en hiérarchisant les dépenses et en réalisant des gains d’effi­cience sur ces dernières, ou peut-être en gérant la dette ; optimiser l’espace budgétaire en améliorant leurs cadres budgétaire».

Concernant l’endettement, 17 pays connaissaient une si­tuation de surendettement ou présentaient un risque élevé de surendettement en 2020, soit un de plus qu’avant la crise. Ces pays englobent plusieurs pays de petite taille ou fragiles et représentent environ un quart du PIB de la ré­gion, ou 17 % de l’encours de la dette de la région. Sur ce point, l’initiative de suspension du service de la dette du G20 a apporté un précieux sou­tien à la liquidité, à savoir une aide de 1,8 milliard de dol­lars entre juin et décembre 2020 et une économie poten­tielle de 4,8 milliards de dollars entre janvier et juin 2021. Néanmoins, certains pays auront peut-être besoin d’un surcroît de soutien.

Au-delà de la politique budgétaire, les autorités monétaires de la région ont en général apporté un soutien. Cependant, dans le contexte d’une hausse des prix des denrées ali­mentaires et de l’énergie, beaucoup d’entre elles disposent aujourd’hui d’une marge de manœuvre insuffisante. Après avoir assoupli la politique monétaire en 2020, les pays optent aujourd’hui en majorité pour un statu quo sur les taux directeurs, et quelques-uns sont revenus sur certaines des baisses des taux de l’an dernier. «Les indicateurs de stabi­lité financière n’ont guère varié en 2020, mais tous les effets de la crise ne se sont pas encore fait sentir » indique le rapport.

Néanmoins le représentant résident du FMI au Bénin, M. Youness Zouhar reste optimiste. Selon lui, il y a une divergence entre les projections d’octobre 2020 entre la croissance de la région et le PIB par habitant. «Ces divergences résultent de la dernière projection qui s’aggrave dans le sens que d’ici 2024 le PIB par habitant s’améliorerait de 3,4% pour la région subsaharienne contre 14% pour le reste du monde. Ça c’est important à souligner puisqu’il s’agit des divergences pour lesquelles il faudrait tout faire pour les annuler».

D’abord les pays exportateurs du pétrole vont reprendre au niveau qu’ils étaient avant 2020 par contre les pays pauvres en ressources naturelles verront un retour du PIB par habitant en 2021. «Pour le cas du Bénin, le problème ne se pose pas parce que déjà avec une croissance de 3,8% en 2020, il n’y a pas eu de baisse de PIB réel par habitant donc, cela a été maintenu mais on note une légère accélération » a-t-il rassuré.

Malgré les séquelles de la crise, le potentiel de l’Afrique subsaharienne reste incontestable…

Le rapport souligne la régression de l’emploi d’environ 8½ % en 2020. « Plus de 32 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pau­vreté, et les perturbations de l’éducation ont nui aux pers­pectives d’une génération d’élèves ». Toutefois, malgré les séquelles de la crise, le potentiel de l’Afrique subsaharienne reste incontestable, et des réformes audacieuses et porteuses de transformations sont plus ur­gentes que jamais, notamment : l’accroissement des recettes, la transformation numérique, l’intégration commerciale, la concurrence, la transparence et la gouvernance et l’atténua­tion des changements climatiques.

En outre, compte tenu des faibles ressources à disposition,  le rapport invite les autorités à privilégier les réformes qui renforcent la résistance aux futurs chocs, en mettant l’accent sur les secteurs les plus prometteurs pour la croissance et l’emploi à travers la diversification de la région. Pour la communauté internationale, assurer une couver­ture vaccinale de l’Afrique subsaharienne n’est pas sim­plement une question de moyens de subsistances locaux et de croissance locale. Une vaste couverture de la région est aussi un bien public mondial. Il fau­drait éviter toute restriction en matière de diffusion de vac­cins ou de matériel médical. Des mécanismes multilatéraux comme COVAX (COVID-19 Vaccines Global Access) de­vraient être intégralement financés, et des circuits devraient être mis en place pour faire en sorte que les doses excéden­taires des pays riches soient redistribuées rapidement.

Plus globalement, pour regagner le terrain perdu pendant la crise, les pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne ont besoin de financements extérieurs supplémentaires de 245 milliards de dollars pour la période 2021–25, dans le but de renforcer les dépenses de riposte à la pandémie et d’accélérer la convergence des revenus. Pour l’en­semble de la région, ce chiffre se monte à 425 milliards de dollars. Il ressort que la région ne peut couvrir qu’une partie de ces besoins par elle-même. La communauté internationale, dont le FMI, est intervenue rapidement pour répondre aux besoins ur­gents en 2020. « La prolongation de l’initiative de suspension du service de la dette du G20 jusqu’en dé­cembre 2021 et le nouveau cadre commun seront utiles en cela. En outre, une allocation de droits de tirage spéciaux de 650 milliards de dollars procurerait environ 23 milliards de dollars aux pays d’Afrique subsaharienne dans l’optique d’accroître la liquidité et de lutter contre la pandémie ».  C’est en effet, le substrat du forum sur le financement des investissements de l’Afrique organisé récemment en France.

Les recommandations du rapport : Elargir les possibilités

 La politique macroéconomique sera fortement entravée et comportera des choix difficiles indique le rapport qui recommande d’élargir les possibilités. Il s’agit entre autres de : dégager un espace budgétaire tout en préservant la viabilité des finances publiques ; favoriser la reprise tout en préservant la stabilité des prix et de la position extérieure ; soutenir le crédit à l’économie tout en préservant la stabilité financière ; exploiter pleinement le potentiel de l’Afrique pour bâtir un avenir meilleur ; entreprendre des réformes audacieuses et porteuses de transformation pour libérer le potentiel de l’Afrique ; prendre des mesures visant à combler la fracture numérique. «Chaque jour en Afrique subsaharienne, plus de 90 000 nouveaux utilisateurs se connectent à l’Internet pour la première fois. À travers le monde, la diffusion de technologies numériques promet de créer de nouvelles perspectives de progrès et d’intégration et la pandémie a fortement accéléré cette tendance planétaire » précise le rapport.

Il faut également mettre à profit l’investissement privé dans un climat d’investissement plus favorable et prendre des mesures destinées à renforcer la résilience ; une plus grande diversification s’impose donc.

La ZLECAF, l’une des perspectives les plus prometteuses de la région

 À la suite de la désorganisation des chaînes de valeur mondiales provoquée par la pandémie, l’une des perspectives les plus prometteuses de la région tient à la nouvelle Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), marché potentiel de 1,3 milliard de personnes qui affiche un PIB cumulé de près de 3 500 milliards de dollars.

À l’avenir, tirer parti de la révolution numérique renforcerait la résilience et l’efficience de la région, élargirait l’accès aux marchés mondiaux, améliorerait l’offre de services publics, accroîtrait la transparence et la responsabilité et favoriserait la création de nouveaux emplois. Ce dernier point sera particulièrement important dans le contexte de l’intégration commerciale régionale, puisque le cadre de la ZLECAf augmentera sans doute les possibilités de développer les échanges de services et le commerce électronique.

Aline ASSANKPON

 


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