« Faire en sorte que les femmes puissent avoir un accès sûr et équitable aux ressources et aux terres auxquelles elles ont droit en vertu des législations au Bénin » c’est l’objectif poursuivi par la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) en organisant un atelier de formation sur les droits fonciers et les chaînes de valeur à l’intention des femmes agricultrices. Venues des départements de l’Atlantique et du Zou, les femmes (une trentaine) sont outillées les 15 et 16 avril 2021 à l’Hôtel Terra Nostra de Ouidah. Elles pourront servir de relais dans leurs différents groupements d’intérêt économique pour une plus grande émancipation économique.
Piliers importants du secteur de production agricole, les femmes représentent en milieu rural près de 60 % des exploitants agricoles. Souvent marginalisées dans les chaînes de valeur, elles sont confrontées aux difficultés d’accès aux terres sécurisées, au manque d’informations et de conseils. Toute chose qui entraîne leur faible implication dans le processus de développement économique et leur accès aux activités de prise de décision.
Acteur économique très important, « il faut compter avec les femmes pour le renforcement du développement économique du pays » dira le Coordonnateur de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) en rappelant les objectifs de cet atelier qui veut promouvoir la participation des femmes dans les chaînes de valeur.
« Le renforcement de leurs connaissances sur les méthodes d’accès et de sécurisation des terres ; l’information sur la dynamique des principales activités économiques et les chaînes de valeur agricole ; la formation sur les mécanismes de recherche de financement des chaînes de valeur agricole et l’offre de cadre d’échange et de partage d’expériences entre les femmes des Groupements d’intérêts économiques » a ajouté Mounirou M. Tchacondoh.
En effet, cet atelier s’inscrit dans le cadre de l’Initiative spéciale «Un monde sans faim » du ministère fédéral Allemand de la Coopération et du développement économique que la Konrad Adenauer met en œuvre depuis cinq ans dans les départements de l’Atlantique et du Zou au Bénin.
La première communication relative aux méthodes d’accès au foncier et à la sécurisation des femmes, membres des Groupements d’intérêt économique est présentée par l’Expert foncier Xavier Zola. Elle porte essentiellement sur trois points à savoir : les modes d’accès au foncier tels que prévu dans le cadre juridique et légal du Bénin notamment le transfert de propriété (la vente ou l’achat, la donation, l’échange et l’héritage qui fait appelle à la succession) et le mode d’accès au foncier relative à l’exploitation du droit d’usage en occurrence des baux qui sont susceptibles d’être établis pour l’exploitation des terres appartenant à une autre personne. Dans ce cas, on a l’affermage, l’amodiation, le bail à construction, le bail à plantation et le bail emphytéotique.
« Nous avons fait ces rappels pour amener les femmes à formaliser en toute sécurité les transactions qui pourraient être faites soit pour elles-mêmes ou pour le compte de leurs groupements ou coopératives d’intérêt économique dont elles font partie. De même les démarches à mener quand il s’agit d’une transaction d’achat ou de vente, d’héritage, de donation, d’échange ou de bail. Nous avons insisté tout particulièrement sur les droits fonciers de la femme en matière de Succession, d’héritage des biens du conjoint survivant et ce qui revient aux enfants qu’ils soient filles ou garçons » a expliqué M. Zola.
Le communicateur a par ailleurs, rappelé la responsabilité qui incombe aux femmes en matière de leadership dont elles doivent faire preuve dans le domaine foncier surtout pour s’informer et informer en retour. En fait, une fois outillées, elles doivent servir de relais, faire la restitution des acquis et permettre à leur groupement de faire des transactions sécurisées.
Outre les droits fonciers des femmes, la trentaine de femmes agricultrices et transformatrices de produits agricoles, vont se familiariser également durant les deux jours sur diverses thématiques, notamment : « Les acteurs de la chaîne des valeurs ajoutées et la dynamique des activités économiques » , «Les chaînes de valeur et mécanismes de recherche de financement » et «Les procédures de création et fonctionnement des Groupements d’intérêt économique (GIE) au Bénin, cas des GIE encadré par l’APME » successivement présentées par l’Agroéconomiste, Samson Toulassi, l’Expert en Microfinance, Pascal Kounou du FNM-Bénin et par le Directeur général de l’APME-Bénin, Alexandre Houédjoklounon.
Les chaînes de valeur agro-alimentaire passent par les fonctions de production au niveau micro, la transformation au niveau méso et la commercialisation des productions agricoles au niveau macro.
Des échanges en langue fon ont permis à ces femmes de comprendre les différents acteurs qui interviennent dans le foncier, notamment les niveaux auxquels s’adresser pour un certain nombre de transactions foncières. En témoignage les questions et préoccupations pertinentes enregistrées lors des débats.
Saluant l’action de la KAS qui ne s’arrête pas seulement à ces rencontres, mais qui accompagne également les différents acteurs sur le terrain pour s’assurer que ce qui doit être fait dans le cadre juridique et légal puisse être mis en œuvre, M. Zola va déclarer que la satisfaction de ces actions sera entière et complète que lorsque les femmes pourront arriver à traduire dans leur vie quotidienne, les transactions qu’elles mènent.
Aline ASSANKPON