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Plaidoyer dans les cours royales du Zou sur l’accès des femmes aux terres agricoles: «Sans la femme, pas de développement ! » dixit sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé


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Ph: DR: Têtes couronnées, dignitaires, chefs religieux et traditionnels dans un plaidoyer pour l’accès des femmes à la propriété foncière

En tournée de sensibilisation et de plaidoyer dans le département du Zou, une équipe de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) et du Centre Afrika Obota (CAO) s’est invitée ce lundi  9 novembre 2020 au palais du roi, Dègan Glèlè Gblangbé, chef canton, roi de Za-kpota à Tindji Likpin. Objectif : Sensibiliser les têtes couronnées et leurs dignitaires afin que le relais soit fait à tous les niveaux. L’information vient d’être donné au palais royal, des questions et réponses s’y mêlent, le roi donne un avis favorable et lance un appel pour la mise en application des nouveaux textes favorables aux femmes rurales en matière foncière.

Victimes d’une certaine injustice en matière de partage de l’héritage du foncier, les femmes ignorent que la loi leur permet désormais de revendiquer leur droit à la succession et d’adopter des procédures pour sécuriser leur propriété. C’est le message fondamental du téléfilm projeté au palais royal de Tindji Likpin. Ce téléfilm a suscité plusieurs questions d’éclaircissement auxquelles des réponses sont apportées par l’équipe du Centre Afrika Obota conduite par son Secrétaire national, Justin Sèmassoussi.

(De gauche à droite) M. Mounirou Tchacondoh de la KAS et M. Justin Sèmassoussi du CAO

«Je suis satisfait de la préoccupation que les gens ont exprimé sans état d’âme : les aspects pour lesquels ils ne sont pas pour et ceux pour lesquels, ils sont pour. Et le nombre d’interventions reçues témoignent de l’intérêt que les gens ont accordé à la sensibilisation. L’autre indice, les gens sont restés du début jusqu’à la fin, sans se déplacer et avec une attention accrue ; parce que chaque fois qu’on aborde un sujet, ça suscite des questions et des réactions et ça anime le débat » apprécie M. Sèmassoussi.

En fait, c’est l’objectif poursuivi : attirer l’attention des acteurs sur ce que la femme doit tirer de son accès à la terre.  Pour un accès sécurisé, les retombées économiques pour elle-même, sa famille et sa localité. Et l’objectif spécifique consiste à faire un plaidoyer pour favoriser l’accès des femmes rurales à la propriété foncière et aux autres facteurs de production.

La femme qui a un accès sécurisé à la terre peut en tirer d’énormes opportunités économiques

Le Coordonnateur national de la KAS au Bénin, Mounirou Tchacondoh, constate pour sa part, que les mentalités changent et les messages par divers canaux d’information (radios, télévisions, journaux, sensibilisation, téléfilm et de bouche à oreille passent effectivement. «Aujourd’hui dans les débats, il y a eu beaucoup de questions d’éclaircissements, moins de positions, parce que tout le monde a compris la nécessité qu’il y a, à ce que la femme ait un accès à la terre».

Selon le Coordonnateur, la femme qui a accès à la terre, a des avantages, parce qu’elle peut produire, tirer bénéfice de sa production et subvenir aux besoins de sa famille, notamment les enfants, leur scolarisation, la santé et aussi le bien-être général de la communauté.

En réalité, on retrouve la femme sur toute la chaîne de la production agricole par les activités qu’elle mène, de la production agricole à la commercialisation en passant par la transformation et autres. «On les retrouve au marché vendant les produits agricoles, payant les tickets et donc elles contribuent au développement de la commune. Elle a un rôle économique important et un accès sécurisé à la terre, lui ouvrira des opportunités économiques qui sont bénéfiques non seulement pour elle-même mais aussi pour sa famille et pour la communauté » a souligné le Coordonnateur national de la KAS.

Sa majesté, Dègan Glèlè Gblangbé, chef canton, roi de Za-kpota à Tindji Likpin(à gauche) et sa majesté Yèdonou Glèlè d’Abomey (à droite)

Le plaidoyer de sa majesté : « la femme doit avoir accès à la terre… »  

«Je suis géniteur de plusieurs enfants dont quelques-uns sont déjà décédés. Mes petits-enfants orphelins auront-ils les mêmes droit d’héritage que mes enfants quand je ne serai plus de ce monde ? » A la suite des préoccupations enregistrées, sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé, roi de Za-kpota, s’interroge sur le sort réservé aux orphelins dans la succession de leurs grands-parents, sur la part d’héritage qui doit revenir aux héritiers et même sur la question sur le mariage à l’état civil.

«Aujourd’hui on prône le mariage civil (un homme et une femme), c’est bien. Mais devons-nous poser la question suivante : si on reconnait que les femmes sont plus nombreuses que les hommes et si l’homme doit se contenter d’une seule femme, que fera-t-on du reste ? Ce surnombre sera-t-il abandonné dans la rue ? N’est-ce pas une manière d’encourager la prostitution ? Car la loi doit se pencher sur la question : « que faire du reste des femmes » si seul le régime monogamique  doit être la règle » se préoccupe sa majesté.

Certes, reconnait-il que la femme est le pivot de la famille, elle est indispensable pour l’épanouissement de l’homme, de son foyer et pour le développement de sa localité. « Nous reconnaissons que la femme est indispensable à tout développement. Sans femme, pas de développement ! Un homme célibataire, quel que soit sa force de frappe, il lui manquera quelque chose, au moins le temps matériel pour faire la cuisine sera consacré à ses affaires».

« Dans cette condition, la femme doit avoir accès à la terre, la seule et principale richesse de notre pays. Il faut lutter absolument pour ce droit d’accès qui directement ou indirectement lutte contre la pauvreté » ajoute sa majesté.

A l’endroit des dignitaires, des chefs traditionnels et religieux, le roi les exhorte à retenir le message qui porte particulièrement et singulièrement sur les droits des femmes à la terre. «Je vous invite donc, à procéder au partage de vos biens de votre vivant, que vous soyez lettrés ou illettrés et le faire par un testament. Vous aurez ainsi la latitude d’attribuer vos biens à vos ayant-droits et la part qui devrait revenir à la collectivité pour perpétuer nos cultes ; puisque les textes sont silencieux dans ce domaine. Cela nous évitera des conflits fonciers auxquels nous assistons. Dans ce partage, la femme, celle qui s’occupe du bien-être du ménage doit aussi avoir sa part de succession » a insisté sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé.

Reconnaissant l’effort de sensibilisation fourni par la Fondation Konrad Adenauer et son partenaire, le Centre Afrika Obota, dans la mise en application des textes dans les coins, les plus reculés du pays, afin d’aider les femmes pour leur épanouissement, le roi Dègan, remercie l’équipe de sensibilisation lors de la remise des documents d’informations. « Ces documents vont nous renseigner quotidiennement sur les droits d’accès des femmes à la terre. C’est la continuité de l’information, car il s’agit-là des instruments des paix que vous mettez à notre disposition pour faire reculer la pauvreté. Cependant, il faut  répéter ces séances d’information pour permettre à tous d’être imprégnés de ces nouvelles réformes en matière foncière».

Les animateurs du Centre Africa Obota (CAO), Mme Ella Christine Alotchékpa, Messieurs Didier Zinsou (en arrière) et Ballé Célestin.

Retenons que les principaux animateurs des échanges du Centre Africa Obota (CAO) sont : Mme Ella Christine Alotchékpa, Messieurs Ballé Célestin et Didier Zinsou.

Le palais royal de Tindji Likpin marque en effet, le début d’une tournée de plaidoyer dans le département du Zou durant cinq jours (du 9 au 13 novembre). Ce mardi, l’équipe de sensibilisation sera accueillie dans le palais royal de Oungbèga à Djidja par le roi Aho-Glèlè ; mercredi à Zogbodomey par le roi Zodéhougan ;  jeudi à Zangnanado chez le roi Yéton et la tournée va s’achever vendredi à Covè chez le roi Zéhè. A chaque étape, rois, chefs coutumiers et traditionnels, chefs de familles et collectivités, leaders religieux, femmes veuves et femmes des groupements vont s’engager pour un accès équitable au profit des femmes rurales.

Aline ASSANKPON


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