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L’impact du COVID-19 sur la croissance économique en Afrique Selon la CEA : la croissance pourrait être en baisse de 3,2% à environ 2%


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Ph: DR-: Vera Songwe, la Secrétaire exécutive de la CEA (au milieu) : « La CEA estime des milliards de pertes en Afrique en raison de l’impact du COVID-19 »

Face à la propagation de la pandémie du Coronavirus, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a tiré la sonnette d’alarme, le vendredi 13 mars à Addis-Abeba (Ethiopie) lors d’une conférence de presse. Selon la Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwé, « la crise actuelle du coronavirus peut sérieusement compromettre la croissance déjà stagnante de l’Afrique avec les pays exportateurs de pétrole perdant jusqu’à 65 milliards de dollars de revenus alors que les prix du pétrole brut continuent de chuter ».

«Ayant déjà fortement touché le principal partenaire commercial de l’Afrique, la Chine, le COVID-19 affecte inévitablement le commerce africain. Bien que quelques cas de COVID-19 aient été signalés dans une quinzaine de pays, la crise portera un coup dur aux économies africaines » a déclaré la Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe.

«L’Afrique peut perdre la moitié de son PIB avec sa croissance passant de 3,2% à environ 2% pour un certain nombre de raisons, notamment la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales», affirme Mme Songwe, ajoutant que l’interconnexion du continent aux économies affectées de l’Union européenne, la Chine et les États-Unis pourrait bien entraîner des répercussions.

Selon Mme Songwe, le continent aura besoin jusqu’à 10,6 milliards de dollars américains en termes d’augmentations imprévues des dépenses de santé pour empêcher la propagation du virus, tandis que d’autre part, les pertes de revenus sont susceptibles de conduire à une dette insoutenable. De même que le COVID-19, peut réduire les exportations totales du Nigéria de pétrole brut en 2020 entre 14 et 19 milliards de dollars américains.

La CEA estime que le COVID-19 peut entraîner une baisse des recettes d’exportation de l’Afrique de 101 milliards de dollars américains en 2020. Les envois de fonds et le tourisme sont également touchés car le virus continue de se propager dans le monde entier, entraînant une baisse des flux d’IDE ; une fuite des capitaux ; un resserrement des marchés financiers nationaux et un ralentissement des investissements – d’où des pertes d’emplois.

Les produits pharmaceutiques, importés principalement d’Europe et d’autres partenaires touchés par le COVID-19 hors d’Europe, sont susceptibles de voir leurs prix augmenter et leur disponibilité réduite pour les Africains. Étant donné que près des deux tiers des pays africains sont des importateurs nets de produits alimentaires de base, on peut craindre que les pénuries affectent sérieusement la disponibilité et la sécurité alimentaires. De plus, les conséquences négatives s’aggraveront si COVID-19 se transforme en épidémie en Afrique.

En outre, il se peut qu’une baisse des prix des produits de base entraîne des pressions budgétaires pour les puissances économiques africaines telles que l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Algérie, l’Égypte et l’Angola.

La pandémie qui donne des sueurs froides en quelques chiffres (OMS) Bien que l’Afrique soit le continent le moins touché depuis le déclenchement de la pandémie de coronavirus, l’on assiste toutefois, ces derniers jours, à une progression inquiétante de la maladie touchant désormais près de la moitié des pays africains. L’expansion de la pandémie a fini par convaincre les gouvernements africains à adopter une série de mesures drastiques. Celles-ci vont de la fermeture de certains lieux publics au confinement en passant par la suspension des cours dans le système éducatif, le report systématique de certains grands rendez-vous, la fermeture de certaines frontières ou la limitation du trafic de voyageurs vers certaines destinations. A ce jour, ce sont 28 pays africains qui ont enregistré un total de 362 cas confirmés de contamination au coronavirus, dont 9 décès, selon les données de l’OMS. Il s’agit notamment de : l’Egypte (126), l’Afrique du Sud (61), l’Algérie (54), le Maroc (28), le Sénégal (24), la Tunisie (20), le Ghana (6), le Rwanda (5), le Cameroun (4), la Côte d’Ivoire (4), l’Ethiopie (4), le Burkina Faso (3), le Kenya (3), les Seychelles (3), le Nigeria (2), la RDC (2), la Namibie (2), le Soudan (1), la Centrafrique (1), le Congo (1), la Guinée équatoriale (1), le Gabon (1), la Guinée (1), le Liberia (1), la Mauritanie (1), le Togo (1), le Bénin (1) et la Tanzanie (1). Au plan mondial, on dénombre déjà plus de 174 000 cas de contamination au coronavirus enregistrés, pour plus de 6000 décès. Plus de 77 000 personnes sont guéries. selon worldometers.info/coronavirus. (A.A.)
«C’est une opportunité qui s’offre à l’Afrique d’en tirer partie, car les échanges au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) sont supposés commencer en juillet » déclare pour sa part,  Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA.

Ajoutant que la diversification des économies hormis celles articulées sur les combustibles est vitale au-delà du COVID -19. «Le marché intra-africain peut aider à atténuer certains des effets négatifs du COVID-19 en limitant la dépendance à l’égard de partenaires extérieurs, en particulier dans les produits pharmaceutiques et les aliments de base» affirme M. Karingi.

A cet effet, il souligne la nécessité pour le continent de mettre en œuvre d’urgence la ZLECA en exhortant les pays africains qui exportent des médicaments à donner la priorité à la vente sur le marché africain. La CEA, dans une présentation sur les effets économiques du COVID-19 sur l’Afrique, suggère que les gouvernements africains revoient et révisent leurs budgets pour redéfinir les priorités de dépenses afin d’atténuer les impacts négatifs attendus du COVID-19 sur leurs économies.

En tant que filet de sécurité, le groupe de réflexion exhorte les gouvernements à fournir des incitations aux importateurs de produits alimentaires pour qu’ils acheminent rapidement leurs achats afin de garantir des réserves alimentaires suffisantes pour les principaux produits alimentaires de base. « Les plans de relance budgétaire sont également cruciaux si le continent veut surmonter la tempête COVID-19 qui a coûté la vie à plus de 5 000 personnes dans le monde et infecté 139 637 personnes ».

Aline ASSANKPON


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