Flash Infos:

Droits de la famille et des successions en milieu rural : Comment revendiquer ses terres lorsqu’on est en difficulté ?


1 845 Vues

Ph: DR: Auréline Aguiar victime d’un cas de dépossession de terre

Orpheline de mère, analphabète et victime d’un cas de dépossession de terre, Auréline Aguiar raconte sa mésaventure : «Très jeune, je faisais le job de domestique à Cotonou, quelques années après j’ai remis mes économies à mon père pour qu’il m’achète une parcelle. Mais contre toute attente,  mon père tomba malade quelques années après et mourut sans pouvoir me donner la convention de ma parcelle. A chaque fois que je réclame la convention, la femme de mon père et ses enfants me tournent en rond. Mais le 11 mai 2019, ma grande sœur et mes frères se sont entendus pour vendre le reste des parcelles de notre père à 1 million de Fcfa. J’ai demandé à compter l’argent et empoché  500.000 F pour me faire rembourser. Cela a suscité des mécontentements de la part de mes frères qui ont sollicité l’intervention de la police. Au poste de police, j’ai tout expliqué et la police m’a conseillé de prendre juste 300.000 F des frais de vente et que le problème de ma terre sera réglé ultérieurement. Mais jusque-là, rien n’y fit. Aidez-moi à retrouver ma parcelle que ma famille tente de me prendre».

Ph: Dr- Mme Jocelyne Sèvi, Responsable du CPS d’Allada,

Elles sont nombreuses ces femmes victimes de discrimination, bafouées et écartées de leurs droits d’accès à la terre. En témoigne la responsable du CPS d’Allada, Mme Jocelyne Sèvi. « Nous recevons très souvent plusieurs cas ici. Les femmes, surtout les veuves sont régulièrement dépossédées des biens de leurs époux défunts par la famille. Quand on parle de discrimination à l’égard des femmes c’est monnaie courante. Les hommes s’opposent également à l’autonomisation des femmes et les empêchent d’acheter des terres. Alors qu’elles ont économisé après de durs labeurs, les époux prennent l’argent pour acheter les terres en leurs propres noms. Lorsque la femme tente de réagir, elle est battue en plus ».

Ces  exemples parmi une dizaine de témoignages recueillis illustrent bien la réalité des femmes dans l’arrondissement d’Agbanou à Allada, quant à leurs droits d’accès à la terre. Malgré l’existence d’un arsenal juridique en la matière, notamment la constitution béninoise, le Code des personnes et de la famille en lien avec le Code foncier et domanial qui prônent  l’égalité des sexes. Cependant, des hommes en complicité avec certaines femmes, perpétuent encore ces pratiques d’une autre époque.

(de Gauche à droite): M. Mounirou Tchacondoh, Coordonnateur de la KAS, Mme Evelyne Ahouadi Mongbo, SG/Wildaf Bénin et Jean-Baptiste Houdjènou, Conseiller communal à l’ouverture des travaux

Informer, sensibiliser et renforcer les capacités des femmes rurales en matière de droit foncier, c’est l’objectif poursuivi par le réseau Wildaf Bénin pour marquer la célébration de la journée internationale des femmes. Vue  l’intérêt  de l’activité qui cadre bien avec la vision de la Konrad Adenauer Stiftung  (KAS), la demande de Wildaf Bénin a reçu un écho favorable.

Saluant  la mobilisation exceptionnelle des femmes surtout pour ce jeudi 5 mars, jour du marché, le Coordonnateur de la KAS, Mounirou Tchacondoh rappellera le contexte de cette conférence-débat. « Nous avons jugé donc pertinente, la demande de Wildaf-Bénin qui a souhaité organiser cette conférence-débat dans six (6) localités à raison de 3 localités dans le département du Zou et 3 dans l’Atlantique. Agbanou est donc la deuxième étape de l’Atlantique ».

En effet, cette conférence-débat s’inscrit dans le cadre de la journée du 8 mars, instituée au niveau international pour reconnaître la lutte des femmes pour l’égalité des sexes. « Le thème choisi cette année cadre parfaitement avec notre programme régional intitulé : « Un seul monde sans faim », le droit d’accès à la terre pour les femmes. C’est un sujet très récurrent dans nos milieux ruraux où les femmes sont discriminées lorsqu’elles ont la volonté d’accéder à la terre, l’exploiter afin de produire suffisamment de nourriture pour leur famille et la communauté toute entière» explique M. Tchacondoh.

Selon le Coordonnateur, il y a un lien intime entre le droit des femmes et le développement raison pour laquelle tout le monde est interpellé sur le sujet. Ainsi, le développement passe aussi par l’information. Il s’agit de savoir comment les gens arrivent à accéder à l’information ; comment la femme peut accéder à la terre ; quelles sont les dispositions prévues par les lois ; comment sécuriser cette terre-là et comment revendiquer ses terres lorsqu’on est en difficulté ?

La Secrétaire générale de Wildaf-Bénin, Mme Evelyne Ahouadi Mongbo apporté des réponses aux diverses préoccupations.  Appuyée par la Vice coordonnatrice nationale, Mme Marie-Claire Dégnon, elle estime que le thème retenu pour l’édition 2020  est très claire  : « Je suis de la génération égalité ; levez-vous pour les droits des femmes ».

Cela suppose que la femme doit connaitre ses droits fonciers, les lois qui régissent le foncier, comment exploiter la terre pour en tirer de la richesse. Et le respect des textes relatifs à l’égalité des  sexes. « Vous devez-vous estimer heureuses parce que Agbanou est retenu parmi les 6 localités qui bénéficient de cette conférence itinérante sur les droits fonciers en milieu rural  et vous serez désormais le relais de l’information que Wildaf Bénin et Konrad Adenauer vous apportent ce jour » a souligné la SG-Wildaf Bénin.

Pour renchérir, le Conseiller communal d’Agbanou, Jean-Baptiste Houdjènou, – représentant Mme le chef d’Arrondissement d’Agbanou  va inviter les femmes à retenir l’essentiel de l’information qui sera transmise à la base.

*Zogblatin Philomène, présidente du Groupement de femmes Minonsindji

Très apprécié, la projection du téléfilm a retenu toutes les attentions.  En témoigne Zogblatin Philomène, présidente du Groupement de femmes Minonsindji : « J’ai retenu plusieurs leçons de ce téléfilm : la première, nous devons envoyer nos enfants filles à l’école ; car instruite, la jeune fille a eu le courage de montrer à ses mamans, la voie à suivre pour revendiquer leurs parts d’héritage ; ensuite, avec la médiation à l’amiable,  frères et sœurs ont fini par parler le même langage et l’héritage est partagé équitablement. J’invite donc mes sœurs à apporter cette bonne nouvelle au sein des groupements de femmes et dans nos concessions familiales pour que règne véritablement la paix dans nos familles».

Aline ASSANKPON


Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*

Revenir en haut de la page