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Conférences itinérantes sur les droits d’accès des femmes au foncier :  « Je suis de la génération égalité ; levez-vous pour les droits des femmes »


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Vue partielle des femmes d’Agbohounso

En prélude à la célébration de la journée mondiale des femmes prévue pour le 8 mars, Wildaf-Bénin -avec l’appui financier de la Konrad Adenauer Stiftung- a organisé une conférence itinérante sur les droits d’accès des femmes au foncier dans certaines localités du Bénin. Après l’étape du Zou, l’équipe de sensibilisation met le cap sur le département de l’Atlantique dans  le village d’Agbohounsou, dans l’Arrondissement de Sèdjè, commune de Zè. « Je suis de la génération égalité ; levez-vous pour les droits des femmes », c’est le thème retenu pour l’édition 2020.  « Un thème très évocateur qui a une valeur cent pour cent, qui dépasse de loin tous les cadeaux offerts aux femmes en milieu rural» dixit le Chef d’Arrondissement de Sèdjè, Michel Lokonon Zinsou.           

« Le 8 mars, c’est la journée mondiale des femmes célébrée un peu partout dans le monde. Une journée de réflexion où les questions relatives à la promotion et l’éveil des femmes sont abordés. Nous avons retenu ce mois pour sensibiliser les femmes sur les droits fonciers en occurrence les droits de la famille et des successions en milieu rural. C’est ainsi Wildaf Bénin entend célébrer cette fête avec vous, femmes et hommes du village Agbohounso » a déclaré Mme Scholastique Olowolagba Assogba, la chargée de programme du Wildaf-Bénin.

En effet, les femmes sont assujetties à de multiples discriminations dont celles liées au non-respect de leurs droits fonciers. Les sources de ces discriminations résident dans les pratiques patriarcales qui perdurent, la méconnaissance des textes juridiques et le taux d’analphabétisme très élevé chez les femmes en milieu rural.

Ce qui justifie le choix de WILDAF-Bénin, un réseau de défense des droits humains en général, des femmes et des enfants en particulier pour sensibiliser les populations sur le thème : Droits fonciers, droits de la famille et des successions en milieu rural.

Et pourquoi pas les femmes ?

« Et pourquoi pas les femmes ? » C’est le nom du téléfilm projeté pour sensibiliser tous les acteurs du foncier. La principale leçon à retenir, c’est l’égalité des droits prônée par les deux codes en matière de succession : le Code des personnes et de la famille et le Code foncier et domanial. A l’instar du thème retenu  par les Nations Unies pour l’édition 2020. « Je suis de la génération égalité ; levez-vous pour les droits des femmes », c’est le thème retenue pour l’édition 2020.

Appréciant l’opportunité de cette sensibilisation à l’égard des femmes, Michel Lokonon Zinsou, chef d’Arrondissement (C. A) de Sèdjè, estime que c’est une chance pour la population d’Agbohounso, l’un des sept villages de Sèdjè de bénéficier de cette séance d’information sur les droits fonciers des femmes.

«Selon nos traditions, la destination de la femme, c’est le mariage. Elle n’a aucun droit d’accès à l’héritage. Cette pratique a été longtemps perpétuée  et même lorsqu’un père donne la terre à sa fille avant sa mort, nous les hommes s’en accaparent. C’est une forme de discrimination à l’égard des femmes. Cela doit cesser car le monde évolue. A travers ces textes de loi, l’Etat a voulu que toute la population soit au même niveau d’information ».

Le Vieux Adamon « …. les femmes doivent hériter les terres de leur parent au même titre que les garçons »

« Je suis un vieux cultivateur et je partage la décision de l’Etat qui dit qu’on  doit  donner les terres aux femmes. Parce que dès lors que les hommes décèdent, la famille demande à nos filles mariées, d’apporter une contribution de 100.000 F pour les obsèques.  Pendant ce temps, les hommes (ses frères) ne contribuent même pas à hauteur de 20.000F.  L’enfant fille qui a énormément dépensé pour son père sera écartée de l’héritage tandis que l’enfant garçon qui n’a rien fait va s’accaparer de toutes les terres du père. Je trouve que l’Etat  a bien fait de corriger cette injustice, les femmes doivent hériter les terres de leur parent au même titre que les garçons » a renchérit pour sa part, le Vieux Adamon.

Retenir et garder l’essentiel du message sur les droits fonciers en matière de succession. C’est l’exhortation du C. A. « Ces informations ont plus de valeur que les petits gestes que vous recevez des Ong. Elles ont une valeur cent pour cent. Réjouissez-vous et dites-vous que c’est le temps de votre éveil et que vous devez réagir pour revendiquer vos droits fonciers. Ne vous laissez plus dépossédées par vos frères » a martelé M. Lokonon Zinsou.

A la suite du CA, plusieurs témoignages et préoccupations ont enrichi la seconde phase des échanges. Des plus âgés aux plus jeunes en passant par les femmes elles-mêmes et les jeunes filles.  C’est le cas de Suzanne Gbèmagba, transformatrice de produits agricoles, et victime avec ses sœurs d’un acte de discrimination en matière d’héritage des terres de son feu père.

«Nous sommes sept filles pour nos parents, notre père a eu un garçon hors mariage. Après son décès, celui-ci est venu s’installer à la maison pour gérer ses biens sous prétexte qu’il est le seul garçon. Il nous méprise toutes, notre maman et nous. De plusieurs hectares, il n’en reste quelques-uns. Il vend les terres comme il veut sans nous consulter. Il entretient  bien sa maman pendant ce temps, notre mère survive grâce à nos maigres moyens. Je sollicite l’aide de  Wildaf pour nous aider à récupérer le peu de terres qui reste ».

Mme Scholastique Olowolagba Assogba, la chargée de programme du Wildaf-Bénin.

En réponse aux diverses préoccupations, Mme Olowolagba rappellera à l’assistance que «La femme peut hériter de son époux et vice-versa, à une seule condition : se marier devant l’officier de l’état civil ; elle peut aussi hériter de ses père et mère ».  

Conformément aux nouvelles dispositions du Code foncier et domanial, les femmes doivent  formaliser et sécuriser les terres achetées. Elles sont invitées à se renseigner auprès des chefs de village (présidents des Sections villageoises de Gestion foncière) sur les terres avant de les acheter et s’assurer que la terre n’appartient pas à une collectivité ; si c’est le cas, exiger le procès-verbal du Conseil de famille.

Ces formalités sont valables également pour les terres mises en location ou en bail aux groupements de femmes. Car il y a différentes formes d’accès à la terre : l’achat, la donation, l’héritage, la succession, l’emprunt et le bail.

Aline ASSANKPON

 


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