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UEMOA au Bénin / Entretien avec M. Sylvain AVOTRICA, Directeur de la Gestion, de Suivi et des Infrastructures à la Direction générale des Infrastructures au Ministère des Infrastructures et Transports: « Le Règlement 14 de l’Uemoa pour sauvegarder le patrimoine routier… »


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Ph: DR : M. Sylvain AVOTRICAN, Directeur de la Gestion, de Suivi et des Infrastructures à la Direction générale des Infrastructures au Ministère des Infrastructures et Transports.

Ph: DR : M. Sylvain AVOTRICAN, Directeur de la Gestion, de Suivi et des Infrastructures à la Direction générale des Infrastructures au Ministère des Infrastructures et Transports.

Invité aux Journées d’informations sur les réformes politiques, programmes et Projets de l’Uemoa au Bénin, M. Sylvain AVOTRICAN, Directeur de la Gestion, de Suivi et des Infrastructures à la Direction générale des Infrastructures au Ministère des Infrastructures et Transports a présenté en terme de communication, le Règlement 14, communautaire qui s’impose au réseau routier transafricain : Avantages et inconvénients du non-respect de ce règlement. A travers cet entretien, il revient également sur la majoration des coûts de péage et de pesage actuellement appliqués sur toute l’étendue du territoire.

(Propos recueillis par : Aline ASSANKPON)

L-Integration.com : M. Avotrican, que peut-on retenir concrètement de la mise en application du Règlement 14 de l’Uemoa qui concerne les huit Etats membres.

Sylvain AVOTRICAN : Le Règlement 14 de l’Uemoa qui concerne les huit pays, on ne saurait faire un état des lieux uniquement pour le Bénin ; étant donné que ça s’applique au réseau routier d’une communauté. Quand on parle du corridor, nous sommes en face d’un axe inter-Etat qui permet d’appliquer ce règlement. C’est pourquoi ça concerne les huit Etats de l’espace Uemoa.  Et c’est la Commission de l’Uemoa qui nous aide dans la mise en œuvre de ce règlement.

Mais pourquoi les Etats ont souhaité la mise en application de ce règlement ? Je dirai que c’est pour la sauvegarde du patrimoine routier. Car il faut l’avouer, les infrastructures routières sont dimensionnées suivant une charge à l’Essieu pour laquelle, à l’utilisation, après la mise en œuvre de ces infrastructures, n’est plus respecté.

Vous voulez parler de la tricherie observée par les conducteurs ?

Ce n’est pas une tricherie, mais une sorte de non-respect des charges qui doivent circuler sur ces infrastructures routières. Parce qu’on ne peut pas dimensionner quelque chose pour supporter une charge donnée et à son exploitation, lui attribuer une autre charge au-delà de ce qui est prescrit.

Mais c’est ce qui se fait dans la pratique.

C’est vrai ! Pour éviter cela, nous-mêmes, on s’est donné une majoration au dimensionnement de 13 tonnes à l’Essieu pour des raisons sécuritaires au lieu de 11,5 tonnes de charges à l’Essieu.  Mais à l’exploitation, les usagers ne respectent plus la charge à laquelle ces infrastructures sont dimensionnées. Quand on parle de charge à l’Essieu, c’est un peu technique. Il s’agit de comment à travers les pneumatiques, la charge est transmise  sur la chaussée. Quand on parle de dimensionnement, il faut voir la fondation qui doit à son tour transmette la charge au sol support qu’on appelle sol d’assise.

Donc, avec l’Uemoa, il a été constaté que les infrastructures pour lesquelles les Etats mobilisent des fonds des contribuables, des fonds d’aide des partenaires financiers pour les réaliser se détruisent facilement sans pouvoir atteindre le délai d’utilisation prévu.

Il se pose alors un problème de pérennisation des infrastructures routières.

C’est bien cela. C’est suite à cela que les Etats se sont entendus pour se donner un règlement. Le règlement 14 imposé par les Partenaires financiers et dont le non-respect a entrainé leur retrait. Puisqu’ils ont finalement.

Et qu’en est-il du Fonds routier mis en place pour l’entretien des infrastructures

Il y a certes un fonds routier qui s’occupe des attributions de collecte de fonds des usagers pour les injecter sur la route. Une infrastructure qui est réalisée doit pouvoir être entretenue, sinon, ça doit disparaître. Il ne s’agit pas seulement les fonds collectés au niveau des péages, il y a également les taxes prélevées au niveau des hydrocarbures et de la Douane. Dans tous les cas, nous avons des appuis financiers de la part de l’Uemoa pour pouvoir réglementer ces choses au niveau des huit pays. Et la mise en application du Règlement 14 illustre bien l’appui de l’Uemoa.

Le non-respect de ce règlement peut faire perdre des avantages dites-vous. Expliquez-nous clairement comment cela se passe ?

Vous savez, à l’évaluation des Etats par rapport à la mise en œuvre du Règlement, quand nous nous retrouvons à une position qui n’avantage l’Uemoa, nous sommes défavorisés. Je n’ai donné qu’un exemple pour lequel, on a évalué les huit Etats et le Bénin n’a pas occupé la bonne position ; alors qu’il était à une bonne position en 2016 où on a décidé la mise en application du Règlement 14. Le Bénin avait pris le taureau par les cornes quand nous avons commencé, les autres pays qui devraient amorcer le 16 Septembre 2016, sont tous revenus à la dérogation de 20 %. Cela n’a pas donné un avantage au Bénin qui a reculé un peu.

A l’évaluation à Niamey par la dernière assise, on s’est retrouvé dans une position qui n’avantage pas le Bénin. Mais les sanctions, c’est indirect. Par exemple, il a été constaté que le Bénin n’a pas été pris en compte pour certains appuis financiers où nous sommes positionnés en dernière position. Même à l’évaluation, on a été un peu sanctionné pour la répartition de l’Union européenne dans le cadre des structures de banque de données et des statistiques à collectées au niveau des Etats. Ça peut être considéré comme une sanction.

Actuellement, la feuille de route dont nous avons pris connaissance, concerne les Etats qui pris des engagements pour que de maintenant, jusqu’en décembre, qu’on applique ce qui est appliqué dans les pays qui est une tolérance de 20% avec pénalité. Mais de Janvier en Juin 2019, 15% et à partir de Juillet la mise en application du Règlement 14 commencera dans son entièreté.

Nous avons plusieurs actions en cours, nous nous préparons avec la planification. Nous allons accentuer la sensibilisation et mettre les dispositifs pour pouvoir vérifier les Essieux au-delà du bord sur nos corridors. Etant donné que toutes les installations ne sont pas en place pour les vérifications et les corridors vers la fin d’année pour pouvoir rentrer dans la deuxième phase de la planification que l’Uemoa a voulu faire respecter par les pays ; pour la mise en œuvre d’une façon concomitante du Règlement 14.

Et qu’en est-il de l’actualisation des coûts de péage et pesage ?

On a connu le premier péage en 1986 et depuis les coûts n’ont jamais été actualisés. Ces tarifs devraient être actualisés depuis des années. C’est vrai que les usagers constatent qu’il y a une augmentation ; cela a été juste multiplié par deux. Si on devait faire normalement les choses, ça devrait être multiplié par quatre. Et c’est parce qu’on n’a jamais actualisé cela que les usagers ressentent cela.

Tel que vous l’expliquiez, d’autres augmentations sont encore prévues ?

Bien sûr ! C’est pourquoi je disais que ça va se passer en anesthésie locale ; ça ira doucement pour que les fois à venir les usagers ne sentent pas cela. Si on avait fait normalement les choses depuis la fixation des tarifs, je pense qu’aujourd’hui, même si on est en train de payer au-delà de ce qu’on paye, ils ne sentiront pas. C’est parce que l’augmentation est venue et on compare avec ce qu’on payait depuis longtemps.  Si cinq ans après on augmente encore la moitié ou le tiers de ce qu’on paye maintenant, ça ne va pas se sentir. Parce que vu le fait qu’on a eu cette sensibilité de ne pas augmenter en tenant compte du coût de vie et des difficultés de la population. Mais aujourd’hui nous avons le dos au mur, il faut entretenir le réseau routier.

Un mot à l’endroit des usagers de la route

Nous demandons l’appui des usagers de la route pour que ces infrastructures se portent à merveille et que le patrimoine routier soit toujours en bon état de praticabilité.  Nous allons continuer à faire des actions à l’endroit des usagers parce qu’en matière des coûts de transport, on a essayé de faire quelque chose aux transporteurs maintenant. Nous allons voir dans quelle mesure, il faut toujours répondre à leur attente. Il faut qu’il nous aide à les aider.

Vos impressions par rapport à ces journées d’informations organisées par l’Uemoa ?

Je félicite l’Uemoa et souhaite que ça se fasse de façon répétitive ; parce qu’il a fallu cette rencontre pour savoir que l’Uemoa intervient également dans plusieurs domaines de développement. Dans le secteur du transport, l’Uemoa  a beaucoup fait surtout à travers la station de pesage.


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