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18ème Edition du Rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale : Une reprise de la croissance avec d’énormes difficultés à surmonter.


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Albert Zeufack, l'Economiste en Chef de la Banque mondiale pour la région Afrique

Albert Zeufack, l’Economiste en Chef de la Banque mondiale pour la région Afrique

Le deuxième rapport de l’année 2018 Africa’s Pulse, entendez (le pouls de la croissance économique de l’Afrique) de la Banque mondiale a été lancé ce Mercredi 03 Octobre par visioconférence au siège de l’institution à Cotonou. Selon Albert Zeufack, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, le présent rapport annone une amélioration de la croissance économique de 2,7 % en 2018 contre 2,3% en 2017. Une performance économique relativement plus solide dans l’espace Uemoa.

Aline ASSANKPON

En effet, ce deuxième rapport Africa’s Pulse de l’année 2018 est porteur de cinq messages. Le premier annonce une amélioration de la croissance économique par rapport à l’année 2017, soit une croissance de 2,7 % en 2018 contre 2,3% en 2017. Mais cette performance n’atteint pas les prévisions faites en Avril dernier qui tablait sur 3.1 % lors du premier rapport de l’année ; puisque Africa’s Pulse est publié deux fois par an (en Avril et en Octobre). Il ressort une reprise de la croissance avec d’énormes difficultés à surmonter.

Une reprise qui ploie sous la dette publique

Le rapport note ensuite, un environnement international de plus en plus défavorable aux pays africains qui ont du mal à lever des capitaux en raison d’une part, des guerres commerciales observées entre la Chine et les Etats-Unis et d’autre part, du dédoublement des coûts des matières premières.

Par ailleurs, le rapport attire l’attention sur la hausse drastique de la dette publique des pays africains avec un changement de sa composition qui entraînerait un risque beaucoup plus élevé. En réalité, il est remarqué dans la structure que la partie non concessionnaire de la dette publique devient moins importante. D’où un changement de structure au niveau des flux de capitaux où malgré la présence de l’Investissement direct étranger (IDE), il est noté un engouement des Etats africains vers les marchés financiers d’émissions monétaires. Par exemple, au premier trimestre de 2018, les pays africains ont émis plus d’eurobonds que pendant toute l’année 201.  Un risque plane sur la solvabilité des pays, face à des dettes dont le taux d’intérêt est très élevé avec un délai relativement court en comparaison des dettes concessionnelles accordées avec des conditions  plus ou moins souples.

Selon Albert Zeufack, l’Economiste en chef de la Banque mondiale région Afrique, le problème d’endettement des pays africains devient une préoccupation depuis  Avril 2018 où l’analyse de la question fait ressortir des vulnérabilités de la région Afrique. « En 2018, beaucoup de pays se sont endettés pour diverses raisons, soit en raison de l’augmentation des taux de changes ou de la reprise douloureuse de la croissance. La composition des flux de capitaux qui a des implications pour les vulnérabilités qu’on observe dans les pays de la région en termes des effets que le groupement des capitaux peut avoir sur les équilibres macro-économiques ».

 « L’intérêt de ce sujet se trouve au niveau de la composition de ces flux de capitaux avec une importance beaucoup plus forte des établissements de portefeuilles par le biais des émissions obligataires. Ces problèmes ont particulièrement concernés les pays émergents comme l’Afrique du Sud qui a subi beaucoup de pression sur son taux de change, cela s’observe également dans les pays comme le Nigeria et le Ghana où on a observé une entrée nettement massive des flux de portefeuilles. D’où des dépréciations massives de capitaux dans les économies de la région ».

« La performance économique  observée en début de 2018  laissait croire à un rétablissement qui devrait s’établir à un niveau relativement faible par rapport aux prévisions préparées en Avril. Cette performance d’une manière générale est due à la faible reprise observée dans les trois grandes économies africaines (Nigeria, Afrique du Sud, Angola) » a souligné Zeufack.

Le pouls des régions

En dehors de ces trois grandes économies, le reste de  la région a enregistré des performances relativement solides. La région de l’Uemoa a réalisé une performance économique  relativement plus solide avec des pays qui croient en des taux de 6 % par an, comme le Burkina Faso et le Bénin. Cette performance est tirée du secteur agricole, des services et de la reprise des investissements dans la consommation. Quant à la région du CEMAC en récession en 2017, elle rebondit  progressivement avec le Tchad et la République du Congo. Il ressort ainsi une croissance relativement faible mais positive.

L’Afrique de l’Est affiche une reprise solide dans certains pays comme le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda grâce à la reprise du secteur agricole après la sécheresse de 2017. La croissance lentement solide dans cette région prévoit un ralentissement dû à un affaiblissement de la production (agriculture et service). Par ailleurs, les pays dont l’économie est tirée par l’exportation des métaux et ressources minières, (Bostwana, RDCongo) semblent également rebondir avec le cours  des matières premières. Beaucoup d’autres pays (Zambie, Mauritanie, etc) ont affiché une performance en deçà de leur potentiel.

D’une manière générale, mis à part les trois grandes économies africaines qui continuent d’avoir une reprise relativement faible, on observe une croissance solide dans le reste de la région avec quelques différences qui montrent une forte croissance dans l’Uemoa avec la Côte-d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin.

Des perspectives de croissance en vue

En effet, le dernier message d’Africa’s Pulse est relatif à la faible productivité  qui s’explique par une mauvaise utilisation des ressources, notamment un faible taux du capital humain en lien avec l’Education, la santé, la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Le rapport souligne que le capital humain est voué à des activités peu productives.

Beaucoup plus important, en plus du diagnostic de la performance, le rapport met l’accent sur les perspectives de croissance du continent en tablant sur une prévision de  3,3 %  de croissance en 2019 et 3,6 % en 2020.  Pour confirmer ces prévisions, les Etats doivent accélérer les réformes pour une croissance inclusive ; se concentrer  sur les investissements qui encouragent le capital humain ; s’équiper de compétences et s’armer de nouveaux outils pour faire face à l’environnement international qui, de plus en plus, apparait très défavorable.

Encadré : Cas des trois grandes économies du continent, Nigeria, Angola et Afrique du Sud

D’une manière générale, la performance économique  est due à la faible reprise observée dans les trois grandes économies africaines, le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud. La croissance dans ces trois économies demeure relativement faible en ayant pour effet de tirer vers le bas la moyenne de l’Afrique souligne le rapport d’Africa’s Pulse 2018.

Le Nigeria, sorti de la récession en 2017 est attendu pour  une croissance forte, mais malheureusement la reprise a été faible en raison de la faible production du pétrole. D’où une reprise non progressive dans le secteur non pétrolier avec un taux de croissance plus bas par rapport aux anticipations.

L’Angola, 2ème pays producteur de pétrole en Afrique, était aussi en récession en 2017, mais la faiblesse du secteur pétrolier n’a permis la reprise espérée pour 2018. Au contraire, la production du pétrole est toujours en baisse en raison du sous-investissement dans le secteur.

L’Afrique du Sud en récession à la première partie de 2018 en raison des difficultés dans les secteurs agricole et minier et industriel (construction).  Fort heureusement, une amorce reprise dans les chiffres apparait dans le troisième semestre qui semble .redonner vie aux secteurs sus indiqués. Même si cette reprise est encore très faible pour renverser les tendances observées dans les deux premiers semestres de l’année. (A.A.)


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