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Théâtres Fora dans les Communes de Ouidah, Tori-Bossitô, Zè et Toffo sur l’Accès des Femmes à la terre et aux Ressources naturelles en milieu rural : Les têtes couronnées, garants de la tradition et des lois


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Le présidium à l'ouverture du Théâtre fora à Ouidah

Le présidium à l’ouverture du Théâtre fora à Ouidah

Du 17 au 20 Juillet 2018,  Women in Law and Development in Africa (Wildaf-Bénin) en collaboration avec la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) est allée porter la bonne nouvelle aux populations de Ouidah, Tori-Bossito, Dodji-Bata (Zè) et Toffo.  C’était à travers des théâtres fora qui vulgarisent, sensibilisent et informent sur les principes juridiques qui favorisent l’accès des femmes au foncier. En effet, c’est la charpente de la mise en scène suivis par notables, chefs religieux, chefs de village, élus locaux,  hommes et femmes, très enthousiasmés.

(Aline ASSANKPON)

Principes juridiques permettant l’accès de la femme rurale au foncier : Droit de la famille (mariage légal) ; Droit de la succession de la femme (fille et conjoint survivant) ; Mode d’accès et garanties de sécurisation des droits de propriété de la femme, etc, sont les thématiques abordées et séquencées en deux rubriques de vulgarisation. Il s’agit notamment des questionnements auxquels des réponses appropriées sont apportées et qui se déclinent comme suit : Quelles sont les précautions à prendre pour sécuriser les titres de propriété  d’occupation en cas d’acquisition par voie d’achat, de location, emprunt, donation et succession ?  Et comment défendre son droit de propriété en cas de contestation, les actions en revendication et en confirmation de droit de propriété. Des thématiques qui  relancent le débat autour du foncier en milieu rural.

La mise en scène par la femmes de Ouidah

La mise en scène par la femmes de Ouidah

De beaux jours en perspective pour la femme rurale

Introduit par un sketch qui résume quelques principes juridiques qui permettent les droits d’accès des femmes à la terre, notamment le droit successoral des enfants filles et garçons et de la femme mariée ; le scénario mise en scène redonne espoir à la population rurale en occurrence les femmes du secteur agricole qui longtemps, en position de résignation, n’espèrent plus bénéficier d’un droit de propriété foncière.

Désormais, cette possibilité existe. Elles se réjouissent de l’avènement de ce nouveau paradigme qui délivre les femmes des pratiques discriminatoires ancestrales (menaces de mort, envoutement, peurs, etc) qui réduisent au silence la veuve et l’orphelin. Littéralement, elles étaient exclues des droits successoraux alors qu’elles sont toujours en ligne de mire, lors des cérémonies funéraires où elles contribuent et prennent une part active dans les organisations  dénoncent-elles.

Les participants de Tori ont beaucoup apprécié le skecth qui illustre leur vie quotidienne

Les participants de Tori ont beaucoup apprécié le skecth qui illustre leur vie quotidienne

Rassurées, elles disent que leur épanouissement n’est qu’une question de temps et qu’elles peuvent dès lors réclamer ce que le droit leur confère. En témoigne Tchiakpè Jeanne restauratrice à Ouidah : « …Avec cette mise en scène, j’ai compris que la femme est incontournable et peut aussi hériter les biens de son père défunt à part égale que ses frères. Je remercie Wildaf-Bénin et la KAS et les rassure de ce qu’ils sont soutenus par les femmes car désormais, nous allons revendiquer nos droits. »

Le hic, c’est l’inquiétude des hommes …

La jouissance des droits d’accès de la femme à la terre suscite des inquiétudes au niveau des hommes. Une inquiétude plane sur la mise en application  effective des textes et lois qui favorisent la femme. Les hommes n’entendent pas se laisser faire et promettent des représailles si elles réclamaient ou exigeaient d’hériter à part égale avec eux. Eu égard à cela, plusieurs questions trottent dans leur tête : Quel sort est réservé à celui qui vend l’héritage d’un défunt sans l’accord des ayants-droits ? Les terres déjà vendus alors que les héritiers étaient encore adolescents, doivent-elles être restitués ? Et si on concède juste une portion de terre à la terre, serions-nous en paix ?

«Difficile de donner des hectares de terres à la femme alors qu’elle hériterait encore chez son époux, elle disposerait  dans ce cas, plus de bien que moi homme, ce n’est même pas envisageable… De toute façon, n’allez pas réveiller le chat qui dort » exhorte ….

Les femmes de Dodji-Bata (Zè) veulent revendiquer leur droit mais les hommes s'inquiètent...

Les femmes de Dodji-Bata (Zè) veulent revendiquer leur droit mais les hommes s’inquiètent…

… vite maitrisée par des propos rassurants.

« En effet, la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) et Wildaf-Bénin ne sont ni initiateurs, ni exécuteurs de ces nouvelles lois qui régissent le foncier béninois ; l’Etat a pris des lois qui doivent être mises en application. Et  nul n’est censé ignorer la loi ; elle est dure mais elle demeure la loi et s’applique à tous sans exception » a justifié Mme  Françoise Sossou  Agbaholou , l’une des animatrices  de cette séance de vulgarisation.

« Nous ne sommes pas là pour diviser les familles mais plutôt pour les consolider. Sensibiliser et informer tous les acteurs sur les nouvelles dispositions qui consistent  à contribuer à l’épanouissement des ménages, à réduire la pauvreté sous toutes ses formes et à réduire également la discrimination basée sur le genre. La mise en application effective de ces principes juridiques vous épargnerait de tomber sous le coup de la loi » a renchérit Mme Marie-Claire Dégnon de Wildaf-Bénin pour  remettre les pendules à l’heure.

... pendant ce temps à Toffo, les têtes couronnées et notables se veulent garants de la tradition et de nouvelles lois qui protègent la femme

… pendant ce temps à Toffo, les têtes couronnées et notables se veulent garants de la tradition et de nouvelles lois qui protègent la femme

Les têtes couronnées, garants de la tradition et des lois

Et pour corroborer  ces allégations,  les élus locaux (Chefs d’arrondissements, chefs du village) et têtes couronnées (chefs traditionnels, notables) chefs religieux à travers des interventions  rassurantes s’engagent à veiller à la mise en application effective de ces nouvelles lois et promettent  d’œuvrer pour que les femmes puissent jouir de leur droit successoral.

Aussi pour éviter la résurgence de conflits fonciers qui entraîneraient  des effets néfastes pour les uns et les autres ;  il est vivement conseillé aux femmes d’éviter de réclamer les terres déjà vendues ou bradées depuis des années par les oncles, au risque de subir des représailles. Hommes et femmes, responsables à divers niveaux, se sentent désormais concernés directement par la mise en applications des textes et lois qui garantissent le droit d’accès de femme à la propriété foncière.


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