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Femmes et Entreprenariat agricole au Bénin : Obstacles, Défis et Perspectives : L’entrepreneuriat féminin pour assurer la sécurité alimentaire


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Vue d’ensemble des participants à l’atelier de Bohicon les aptitudes pour une citoyenneté exigeante.

Vue d’ensemble des participants à l’atelier de Bohicon les aptitudes pour une citoyenneté exigeante.

Elles sont une vingtaine de femmes conviées à l’Hôtel VIGA de Bohicon,  les 23 et 24 Avril 2018 pour un atelier de renforcement de capacité sur la thématique : « Accès des femmes au foncier au Bénin : quelles aptitudes pour une citoyenneté exigeante ? ». L’objectif à terme : Amener ces femmes leaders  non seulement à disposer de la terre mais également et surtout à saisir les opportunités qui s’offrent à elles dans le domaine de l’Entreprenariat agricole.

(Aline ASSANKPON)

Eradiquer la pauvreté sous toutes ses formes à travers la sécurité alimentaire conformément au Projet allemand EWOH2 de la Fondation Konrad Adenauer, dont l’objectif est d’atteindre « un seul monde sans faim2 ». Longtemps, la femme en milieu rural s’est davantage consacrée à l’agriculture familiale, de consommation. L’agriculture entrepreneuriale, industrielle (à grande échelle), celle des cultures de rente (l’ananas, l’anacarde, le coton, le palmier à huile, etc) dite l’agriculture pérenne, est l’apanage des hommes.

Cependant, la donne peut changer. Avec le nouveau paradigme, la femme peut désormais s’adonner à l’agriculture entrepreneuriale, dès lors qu’elle peut avoir accès à de vaste étendue de terres, fertiles, non délavées. En tant que femme entrepreneure, elle peut également s’adonner aux activités de transformation de produits agricoles – comme elles savent si bien le faire à travers une industrie de transformation et de commercialisation. Il suffit de saisir les opportunités qui s’offrent à elles dans le domaine agricole.

Vue partielle desa participants de Bohicon

Vue partielle desa participants de Bohicon

Les obstacles à l’épanouissement des femmes

Comment la femme en milieu rural peut-elle réussir dans l’agriculture entrepreneuriale quand on sait que la pauvreté a un visage féminin ? Malgré les efforts déployés par l’Etat béninois à travers l’adoption des textes et lois visant à donner les mêmes droits fonciers aux hommes et aux femmes ; force est de constater que le faible accès des femmes aux ressources foncières n’est vraiment pas le seul obstacle qui se dresse sur le chemin de la femme. Pour la plupart, l’analphabétisme et le manque de confiance en soi  freinent l’élan des femmes dans la volonté d’entreprendre de grandes choses ; de même que l’accès aux crédits et intrants agricoles.

« La féminisation de la pauvreté semble être reliée en grande partie à la difficulté des femmes d’accéder aux ressources, notamment la terre ; parce que les modes patrilinéaires d’organisation sociale persistent malgré l’existence des dispositions légales protégeant les femmes » a renchérit le Coordonnateur national du Projet EWOH2, Mounirou Tchacondoh qui poursuit : « Elles sont aussi confrontées à des difficultés de mise en valeur ou d’exploitation. Ces difficultés ont pour noms : la cherté des intrants ; l’insuffisance de matériels agricoles, les problèmes de commercialisation, de transport, d’écoulement des produits agricoles, le manque de moyens financiers, les difficultés liées à la conservation et à la transformation ».

Pour sa part, Dr Bernadette Gléhouénou Dossou va lister au titre des obstacles, la faible accès des femmes à la terre ; la faible sécurisation foncière ; la non accès aux informations techniques (mécanisation, maitrise de l’eau ) ;  la faible capacité managériale et de négociation (emballage et conditionnement des produits transformés) ; la perturbation du calendrier agricole ; la non maitrise des techniques de conservation et stockage des produits ; la faible accès aux crédits agricoles par manque de garantie, etc ; autant d’obstacles qui empêchent la femme entrepreneure agricole d’émerger.

Dr Bernadette Gléhouénou Dossou, Enseignant chercheur à la FSA/UAC, Vice-présidente de RIFONGA-Bénin, Communicatrice à l'atelier de Bohicon et de Ouidah

Dr Bernadette Gléhouénou Dossou, Enseignant chercheur à la FSA/UAC, Vice-présidente de RIFONGA-Bénin, Communicatrice à l’atelier de Bohicon et de Ouidah

Des opportunités offertes par le PAG

Cependant, l’Etat offre d’énormes opportunités entrepreneuriales dans le secteur agricole à travers la mise en œuvre du Plan d’action du Gouvernement (PAG) que les femmes peuvent dès lors saisir. Selon Dr Gléhouénou Dossou, le secteur agricole offre à lui seul, 32 projets dont 27 sont prioritaires et 05 sont des projets phares.

Une enveloppe financière d’un montant global de 589 milliards de Fcfa est affectée aux cinq projets phares du PAG qui s’articulent autour des filières suivantes : les filières à haute valeur ajoutée (ananas, anacarde, produits maraichers), 170 milliards ;  les filières conventionnelles (riz, maïs, manioc), 159 milliards ; l’aquaculture continentale, 60 milliards ; la mise en valeur de la basse et moyenne vallée de l’Ouémé, 133 milliards et la filière viande, lait, œufs de table, 67 milliards.

Quelques défis à relever pour y arriver

Nonobstant ces opportunités offertes par l’actuel gouvernement, les femmes entrepreneures agricoles ont encore d’énormes défis à relever pour parvenir à mettre sur pied une agriculture entrepreneuriale. Il s’agit entre autres de la mécanisation de l’agriculture et la fourniture de bonnes semences pour renforcer les capacités de production ; l’accès aux crédits agricoles pour le financement de l’entrepreneuriat féminin ; la maximisation de la rentabilité des activités de l’entrepreneure agricole ; la prospérité des entreprises agricoles féminines ; l’amélioration de la qualité des produits et un bon écoulement des produits.

Le Bénin a besoin de femmes entrepreneures agricoles pour assurer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle et booster le développement équitable. Pour y parvenir, les Gouvernants ont le devoir d’encourager les femmes à émerger vers l’agriculture entrepreneuriale en leur accordant les facilités nécessaires. Ce qui pourrait contribuer à la reconversion des femmes dans le secteur d’agrobusiness en lieu et place des métiers peu valorisant comme la vente de l’essence frelatée et des produits prohibés de la contrebande.


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